La Presse Pontissalienne 206 - Décembre 2016

FRASNE - LEVIER - AMANCEY 30

La Presse Pontissalienne n° 206 - Décembre 2016

CULTURE

Recherche d’économies

Le musée Courbet et la ferme de Flagey visés par un audit

EN ÉCOUTE SUR

À la demande du Conseil départemental, le pôle Courbet fait l’objet d’un audit. L’objectif de l’étude est de trouver des solutions pour faire évoluer cet ensemble culturel qui coûte cher à la collectivité.

Le pôle Courbet, c’est un budget annuel de 2millions d’euros “dont près d’1mil- lion d’euros de masse salariale” sou- ligne l’élu Les Républicains. 23 agents travaillent pour le pôle, principalement pour le musée, auxquels s’ajoutent les vacataires. En proportion, les recettes du pôle sont loin d’être à la hauteur des dépenses malgré la qualité des expositions organisées aumusée. Elles approchent en 2015 les 350 000 euros. Des rentrées d’argent qui proviennent pour plus de la moitié de la billetterie dumusée (250 000 euros) et de la loca- tion des chambres d’hôtes à la Ferme de Flagey. L’accueil des hôtes dans lamaison nata- le du peintre fonctionne plutôt bien puisqu’en 2015, l’établissement a enre- gistré 201 nuitées sur les six mois d’ou- verture, soit 23 000 euros de recettes. L’activité du café et la vente d’objets “promotionnels” viennent gonfler d’en- viron 10 000 euros les recettes de Fla- gey, mais le résultat est, là encore, en deçà des dépenses engagées par la col- lectivité pour faire fonctionner ce lieu qui accueille entre 11 000 et 12 000 visiteurs. La particularité est qu’ici, il n’y a pas de billetterie. Toutes les ani- mations et les expositions (une qua- rantaine d’événements par an) sont gratuites ! Or, le budget de fonction- nement de Flagey est de 91 000 euros en 2015 (sans les ressources humaines). Dans le détail, près de 60 000 euros sont dédiés aux expositions et aux ani- mations de la ferme. Si les visiteurs se

L a Ferme de Flagey vit dans l’ombre du musée Courbet d’Or- nans. Lamaison natale du peintre a été acquise par le Département du Doubs qui y a investi 2,375 millions d’euros pour la rénover et en faire un lieu d’exposition assorti d’un café (le Café Juliette) et de trois chambres d’hôtes labellisées 4 épis. Cet endroit paisible et accueillant qui a ouvert ses portes en 2009 est une des quatre com- posantes du pôle Courbet qui englobe le musée, le chemin des découvertes et l’Atelier du peintre qui doit être res- tauré. Ce pôle fait actuellement l’objet d’un audit dont les conclusions seront ren-

dues à la fin du mois de janvier. L’étu- de a été demandée par le Conseil dépar- temental du Doubs qui a beaucoup investi pour faire de Courbet le fleu- ron de sa politique culturelle. “L’audit a pour but de réexaminer le projet cul- turel du pôle, de proposer des évolu- tions et d’envisager des pistes de mutua- lisation avec la Saline royale d’Arc-et-Senans” annonce Ludovic Fagaut, vice-président duConseil dépar- temental en charge de la citoyenneté, du sport et de la culture. Si la valeur culturelle de Courbet n’est pas discu- table, la politique menée par la collec- tivité pour capitaliser sur l’histoire du peintre lui coûte cher.

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déplacent, le programme ne génère aucune recette puisque le public ne paie pas. Le bilan 2016 de Flagey sera encore plus déséquilibré puisque les chambres d’hôtes n’ont fonctionné que 3 mois (de juin à début septembre), soit 48 nuitées. Les recettes n’excéderont pas 5 000 euros. Une saison tronquée donc, conséquence de l’arrêt-maladie du tenancier qui est aussi un agent de la collectivité. La réalité comptable du pôle Courbet conduit actuellement le Département à remettre en cause la politique qu’il a conduit jusqu’à présent. Est-ce le rôle d’une collectivité de soutenir une acti-

vité commerciale comme elle le fait à Flagey avec les chambres d’hôtes ? “Nous sommes en tout cas dans le para- doxe d’un espace commercial géré par des agents qui ont le statut de fonc- tionnaire” souligne Ludovic Fagaut. La collectivité n’exclut pas de changer les règles des modalités de gestion pour faire évoluer le fonctionnement com- mercial de la ferme de Flagey. Elle pour- rait la confier au privé “dans le cadre d’une délégation de service public ter- mine l’élu. C’est une possibilité.” Pour le savoir, il faut attendre les conclu- sions de l’audit. n T.C.

Cet été, les chambres de Flagey n’ont été ouvertes que trois mois. L’établissement a enregistré 48 nuitées contre 201 en 2015.

Des services de plus en plus diversifiés

LEVIER

Des tournées avec un camion

La “Croix Rouge sur roues” sillonne le Haut-Doubs La Croix Rouge du Haut-Doubs lance un nouveau service

bénévoles de la Croix Rouge assu- rer la sécurité des manifestations publiques et les premiers secours en cas de problème. On connaît moins les autres volets de leurs activités au quotidien. “C’est vrai que les gens sont étonnés par la diversité de nos missions. C’est en matière de formation aux pre- miers secours que nousmanquons le plus de bénévoles, surtout depuis que cette mesure a été générali- sée dans tous les collèges en clas- se de troisième, mais nos besoins sont nombreux” observe Chris- tian Jacquet, le président de la délégation du Doubs. D’où la cam- pagne d’adhésions à la Croix Rou- ge qui s’étale jusqu’à la fin de l’an- née. Les autres activités de la Croix Rouge sont sans doute plus dis- crètes. Outre ces cours d’alpha- bétisation, il y a la distribution ali- mentaire. La visite de détenus fait également partie des activités de la Croix Rouge. Le “vestiaire” (dis- tribution de vêtements), les cours de cuisine (une autre nouveauté) complètent la panoplie et contri- buent eux aussi à leur manière à remettre du lien social. En urgen- ce, agir dans la durée, c’est bien le credo de la Croix Rouge, ici aussi. n

Si les formations aux premiers secours restent le cœur de métier de la Croix Rouge, d’autres interventions sont réalisées par les bénévoles : aide alimentaire, visite de prison, cours d’alphabétisation et de cuisine… La Croix Rouge recrute . D ans une petite pièce, un bénévole, veste de la Croix Rouge sur le dos, écrit les réponses sur un petit tableau blanc. Aujourd’hui, la leçon paraît simple : elle décline le verbe être au pré- sent de l’indicatif. Face à lui, trois “élèves” d’un jour. Tous trois sont des migrants et suivent attentive- ment les cours d’alphabétisation dispensés par ce bénévole car ils savent que lamaîtrise de la langue française sera un des sésames indispensables à leur éventuel accueil durable en tant que deman- deurs d’asile en France. Cette activité, assez peu connue, est une des multiples missions de la Croix Rouge Française dont la délégation du Doubs regroupe quelque 130 bénévoles répartis dans les six unités locales du département. On voit souvent les

L a première tournée a été organisée le 17 novembre. Pour l’instant, les bénévoles préfèrent démarrer dou- cement. Ils n’ont pas encore de camion frigorifique, ce qui les empêche pour l’ins- tant de transporter des produits frais. En partenariat avec la Banque alimentaire et le Conseil départemental du Doubs, la Croix Rouge vient de lancer son concept de “Croix Rouge sur roues”, une activité itinérante qui lui permet d’aller à la ren- contre des personnes isolées en zones rurales et de Frasne. Le dispositif devrait être étendu à tout le Haut-Doubs forestier. de portage d’aide alimentaire à destination des habitants démunis du secteur de Levier

notamment.Ainsi, un jeu- di sur deux, le camion blanc de l’association sillonnera les routes des ex-cantons de Frasne et de Levier avec de l’aide alimentaire dans ses bagages. “Nous avions déjà un camion avec lequel nous allions chercher les gens pour les emmener à l’épicerie sociale le P’tit Panier à Pontarlier. Mais ça ne suffisait pas à tou-

cher tout le monde. Dans les campagnes, il faut pouvoir aller où sont les besoins. Ce nouveau service le permet” observe Robert Edme, le responsable de la Croix Rouge sur le Haut-Doubs pontissalien. Ce système qui a permis de toucher ses premiers bénéficiaires à l’occasion des deux premières tournées sur Levier devrait s’étoffer prochainement sur les autres sec- teurs du Haut-Doubs forestier : Mouthe, Malbuisson et également le Saugeais. Ce nouveau service permet de toucher une pauvreté “sans doute encore plus discrète avec des gens sans doute encore plus pauvres” note Robert Edme : des jeunes, des femmes avec enfants, des retraités confrontés à la réalité d’un Haut-Doubs dont la prospéri- té économique a fait grimper les prix, notam- ment ceux du logement. n J.-F.H. Robert Edme, responsable de la Croix Rouge pour le Haut-Doubs pontissalien.

“Une pauvreté sans doute encore plus discrète.”

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