La Presse Pontissalienne 206 - Décembre 2016

22 DOSSIER I

La Presse Pontissalienne n° 206 - Décembre 2016

“Je vis une fraternité exceptionnelle” l Témoignage Un franc-maçon pontissalien Pierre*, Pontissalien, a intégré une des trois loges pontissaliennes il y a six ans. Du statut d’apprenti, il est passé maître. Quel équilibre trouve-t-il dans la franc-maçonnerie ? Confidences d’un “frère”.

L a Presse Pontisssalienne : Pourquoi vous êtes-vous tourné vers la franc-maçon- nerie ? Pierre : La principale raison je pense, c’est ma grande déception vis-à-vis de la politique où tout le monde semble avoir des certitudes arrêtées, où les ego, même à l’échelle locale, sont par- fois surdimensionnés. Longtemps j’ai voulu croire en la chose publique, mais au bout du compte je n’y croyais plus du tout. Je n’y percevais plus que de l’individualisme, de l’égoïsme. Ce cumul de certitudes auquel les poli- tiques sont confrontés au quotidien, ça me perturbait de plus en plus. Je voulais retrouver un cercle au sein duquel on puisse retrouver de la confiance, où l’on montre plus d’hu- manité, où l’on a encore la culture du doute, où la tolérance devient une référence. J’ai pensé à des cercles de réflexion genre “think tank” mais il n’y en a aucun dans le Haut-Doubs. Je me suis donc dit : “Pourquoi pas la franc-maçonnerie ?” L.P.P. : Vous aviez une certaine appréhen- sion lorsque vous avez intégré cette loge maçonnique ? P. : Je reconnais qu’au début, j’ap- préhendais un peu ce que j’allais décou- vrir : le rituel, le symbolisme, les tenues d’apparat, tout cela impressionne et fait un peu peur. Et petit à petit on comprend les raisons de ce rituel et

de ce symbolisme. Je pensais aussi que c’était réservé à une sorte d’éli- te à laquelle je n’appartenais pas. Sur ce point, j’ai été rapidement rassuré car on y trouve des gens de tous les milieux, tous les courants de pensée. Je me suis vite rendu compte que la maçonnerie était une fraternité excep- tionnelle. L.P.P. : Vous y trouvez votre compte ? P. : Les échanges dans la vie maçon- nique sont d’une tout autre nature que dans la vie publique ou politique. Il y a d’abord un immense respect pour celui qui prend la parole. Entre

idéologie imposée, si ce n’est l’huma- nisme. L.P.P. : Vous avez été apprenti pendant cinq ans avant d’être élevé au rang de maître l’an dernier. Qu’est-ce que cela change ? P. : J’ai pris mon temps, ça m’inté- ressait de rester apprenti pour apprendre le plus de choses possible. En étant apprenti, on a des charges matérielles et on reste dans l’humi- lité la plus totale. En devenant maître, on mûrit, ce qui n’empêche pas de devoir continuer à travailler les sujets de société que l’on aborde entre nous. En étant maître, on apprend sans dou- te encore mieux à se connaître. L.P.P. : Après six ans de maçonnerie, vous croyez à nouveau en l’Homme ? P. : C’est un peu comme ce qui se pas- se en économie, avec l’économie socia- anciens membres de la loge qui décore l’actuel temple de Pontarlier. Sur cette photo, le tablier maçonnique d’un des

“frangins”, les discus- sions sont beaucoup plus riches. Si seule- ment on pouvait trans- poser ce mécanisme dans les débats poli- tiques, ça changerait certainement la face du pays… Au sein des francs-maçons, le “je”, on le perd naturelle- ment, l’ego, on n’en a plus besoin car c’est un système égalitaire. On est loin des mouve- ments sectaires que certains peuvent évo- quer car ici, on s’ex- prime avec sa sensibi- lité et il n’y a aucune

“ça a énormément influencé mon mode managérial.”

le et solidaire qui est une petite touche qu’apportent des gens prêts à tra- vailler les uns avec les autres et pour les autres. Je suis en effet un peu moins désespéré qu’avant. Le simple plaisir de se retrouver entre frères, simplement, permet de s’enrichir, notamment à travers les travaux des autres et cette culture de la différence. L.P.P. : La franc-maçonnerie est-elle un lieu de pouvoir ? P. : Non. Mais si seulement certains dirigeants s’inspiraient de nos réflexions et de notre façon d’échan- ger. Bien sûr on a connu dans le pas- sé des exemples de loges affairistes, ça peut arriver. Je sais que dans notre

loge à Pontarlier, ce genre de com- portement bloque immédiatement. Se rendre de petits services de la vie quo- tidienne, oui, mais ça ne va pas plus loin. L.P.P. : Vous êtes-vous amélioré dans votre milieu professionnel depuis que vous êtes maçon ? P. : Je pense en effet que ça a énor- mément influencé mon mode mana- gérial. Quelque part, ça a dû me boni- fier… n

Propos recueillis par J.-F.H.

*prénom d’emprunt

La voile à la portée de tous les publics l Rotary Un à trois projets par an Après les jardins de l’E.H.P.A.D. de Doubs, le Rotary club de Pontarlier a choisi de soutenir entre autres projets celui d’Apach’Évasion en quête d’un voilier école adapté aux personnes à mobilité réduite.

A près le ski, la randon- née, Apach’Évasion élargit son champ d’ac- tion aux sports nau- tiques. Pourquoi pas, mais on ne s’improvise pas constructeur de bateau surtout quand il s’agit d’une embarcation à voile des- tinée à accueillir des personnes handicapées. L’association est allée frapper à la porte du Rota-

ry. “Ils nous ont présenté le pro- jet et on a décidé de les accom- pagner. Ce bateau est fabriqué aux États-Unis et sa mise à l’eau est programmée au printemps 2017. Il mouillera à la nouvel- le base nautique de Malbuisson où des travaux ont été entrepris pour faciliter l’embarquement des personnes à mobilité rédui- te” , indique Marc Tissot qui pré-

side le Rotary club de Pontar- lier. Coût du projet : environ 15 000 euros. Autre projet, le club service pré- voit de diffuser une revue tri- mestrielle ou semestrielle fai- sant le point sur les actions en cours ou à venir, agrémentée de chapitres liés à l’histoire, aux traditions, aux spécialités locales. “Ce projet d’édition va nous per- mettre de recueillir des fonds” , indique Marc Tissot. L’année 2016 marque d’ailleurs le cen- tenaire de ce club service dont la devise résume toute l’action : “Servir d’abord”. La section pontissalienne n’est pas aussi ancienne puisqu’elle a été fondée en 1950 sous l’égi- de de Louis Lambelet. “On fait partie du district 1680 qui regroupe l’Alsace et la Franche- Comté avec comme gouverneur Michèle Schlutz.” N’entre pas qui veut au Rotary. Tout se fait encore par parrainage.Une façon comme une autre de se prému- nir de candidats aux profils inco- hérents. Cette année, le Rota- ry club de Pontarlier s’appuie sur un effectif de 28 membres. Plutôt des professions libérales : banquiers, architectes, méde- cins, commerces. “On peine par- fois à recruter” , déplore Marc

Tissot. Les rotariens du haut-Doubs se retrouvent pour des réunions hebdomadaires et partagent également un repas mensuel. “C’est l’occasion de discuter des actions en cours et à venir. Notre mission est assez simple : recueillir des fonds pour finan- cer localement un à trois projets par an.” Les actions sont variées. En 2014, il s’agissait d’accom- pagner, en partenariat avec le collège Malraux, l’installation d’une éolienne dans un village

“On a toujours des projets en cours. On devrait rééditer ce printemps l’opération de vente de mimosa pour recueillir des fonds”, annonce Marc Tissot qui préside le Rotary pontissalien.

du Sénégal. En 2015-2016, chan- gement d’échelle pour mener à bien le très ambi- tieux programme d’aménagement des jardins de l’E.H.P.A.D. Branle-bas de combat pour réveiller les troupes et faire jouer à fond les réseaux. Mission accomplie avec le soutien de nom- breuses entre- prises et sponsors locaux. La cause était louable et

Un bateau fabriqué aux États-Unis.

chacun s’est senti concerné par le confort de nos anciens. “On n’aurait pas la place pour tous les citer mais on peut quand même parler de la générosité de la pizzeria Romagnola à Doubs qui nous a versé en intégralité la recette de toute une soirée.” Les résidents peuvent désor- mais déambuler sans souci dans cet espace verdoyant, bien ombragé et joliment agencé. Une belle réalisation. Le Rotary se mobilise aussi dans la vente de noix et de noisettes franc-comtoises vendues dans la Grande rue à Pontarlier. “On tenait aussi un stand de ravi- taillement lors de l’animation

Octobre rose. L’essentiel de nos recettes provient cependant de l’organisation du salon des mets et des saveurs qui se déroule chaque printemps à l’espace Pourny.” Comme toutes les autres sec- tions, Pontarlier verse son obo- le pour des causes internatio- nales. “On participe à des projets spécifiques au Rotary comme les échanges d’étudiants, l’organi- sation de séminaires intensifs ou l’acquisition de tentes de sur- vie utilisées lors des grandes catastrophes comme les trem- blements de terre, inondations…” Servir sans frontières… n F.C.

Grosse action du Rotary : l’aménagement des jardins de l’E.H.P.A.D. de Doubs inaugurés l’automne dernier.

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