La Presse Pontissalienne 205 -Novembre 2016

LE PORTRAIT

47 La Presse Pontissalienne n° 205 - Novembre 2016

PONTARLIER

Un troisième livre

Des mots sur les tourments de son âme Enfant du baby-boom, Roland Laurence a toujours eu la passion des mots. Il vient de signer son

troisième ouvrage “Sculpteur d’anges” dans lequel il raconte l’histoire d’une famille du Haut-Doubs, la sienne, avec ses joies, ses peines, ses lourds secrets. Confessions.

C e pavé auto-édité de 440 pages témoigne à sa manière de la volonté iné- branlable d’un homme qui n’a jamais fait les choses à moitié. Toute sa vie en témoigne. La rage au ventre, l’envie de s’en sortir, cette soif de vivre remonte probablement à l’enfance. Sans qu’on ne lui demande rien, le jeune “Steeve”, son pseudo, va s’im- prégner comme tous les enfants de son environnement. Élevé avec ses quatre frères et sœur par sa mère dans le secret d’un père interné, il va grandir rue des Sarrons dans un modeste appartement. Des conditions de vie assez spartiates d’un Pontarlier ouvrier et un peu oublié de l’après-guerre aux années soixante-dix. Pauvre peut-être, pas forcément malheureux, mais déjà tourmenté. “C’est une histoire fami- liale qui s’étale de 14-18 à la guerre d’Algérie. Cette saga est basée sur des faits réels” , explique Roland Laurence qui s’est engagé dans ce projet comme s’il faisait un voyage à la découverte de ses racines. Ce livre pétille d’anecdotes toutes plus savoureuses les unes que les autres. “On était dans une ambiance d’après- guerre où les gens avaient aussi besoin de rire, de passer des bons moments après avoir connu tant de drames et de priva- tions.” C’est ainsi que sa grand-mère Marie, figure du quartier, un peu pompette ce jour- là va se retrouver au caveau sans l’avoir désiré en tombant malencontreusement dans une tombe ouverte au cimetière. Roland Lau- “Au rugby, on m’appelait le bison.”

rence n’oublie pas non plus de rela- ter quelques péripéties vécues avec les autres garnements des Sarrons. Des trucs de gosses qu’on n’oublie pas. Les conditions de vie de la famille Laurence s’amélioreront au fil du temps. “On a déménagé aux C.R.L.” , se souvient celui qui était alors un enfant assez doué à l’école, que son instituteur poussera à faire des études. Direction l’Horlo à Besan- çon d’où il sortira technicien avec un diplôme de projeteur. Premiers pas dans la vie active chez Schra- der, le goût du risque, l’esprit d’en- treprise qu’il a toujours eu l’incite à voler très tôt de ses propres ailes. Il se met à son compte, dirigera plusieurs sociétés dont une spé- cialisée dans l’installation de chauf- fage géothermique dans le Haut- Doubs et en Suisse. Fonceur, il l’a toujours été. “Au C.A.P. rugby, on m’appelait le bison” , explique celui qui a joué à tous les postes, de l’aile au paquet d’avant dans l’équipe des Verguet, Fores- tier, Jeannot… Une autre idée du rugby. Aurait-il pu être écrivain, vivre de sa plume ? Lui-même s’in- terroge. Son rapport à l’écriture remonte à l’adolescence. “Je remplissais des cahiers car j’avais déjà un poids sur la conscience. Je ne cherchais pas à régler des comptes ou à me réconcilier avec le passé car je n’étais pas frustré, ni fâché, j’avais juste besoin de savoir ce que l’on nous cachait.” Un lourd secret pesait dans la famille et seuls les plus grands en étaient informés. Roland Laurence n’a jamais connu son père. Tailleur de pierre à Chaf- fois, ce dernier souffrait de pro- blèmes psychologiques qui ont conduit à son internement après la guerre. “J’ai découvert qu’il était

Avec “Sculpteur d’anges”, Roland Laurence signe son troisième ouvrage, disponible à la librairie Rousseau.

sa carrière de retraité-écrivain. Sorti au printemps dernier,“Sculp- teur d’anges” suscite de nombreux éloges de ceux qui l’ont lu. Pour certains, c’est l’occasion de se replon- ger dans l’ambiance d’une époque révolue. Pour d’autres, tout sim- plement une question de style, un phrasé, une façon bien à lui de sug- gérer l’envie d’en savoir plus. “On ne reste jamais indifférent aux cri- tiques. En ce moment, je fais de la poésie. Dernièrement, j’ai participé à un concours de nouvelles pour

en vie en ouvrant une lettre desti- née à mon maître d’école.Vous ima- ginez le choc !” Autre temps, autres mœurs. Ce père qu’il n’a pas eu la chance de connaître participe aussi de son ressenti à vouloir narrer l’histoire familiale tourmentée par ce drame.Aux silences, Roland Lau- rence quand il sera en âge d’élever ses trois enfants (deux garçons et une fille) privilégiera toujours le dialogue. Pas épargné par les épreuves, il s’en inspirera pour écrire les deux premiers livres de

une revue littéraire nationale. J’at- tends le résultat.” Adepte du camping-car, comédien amateur, Roland Laurence croque l’existence à pleins poumons. Il pro- jette déjà d’écrire la suite de “Sculp- teur d’anges” faute d’avoir tout pu raconter. “On est d’abord écrivain pour soi, pour se faire plaisir et en ce qui me concerne pour combler un vide. Avec l’écriture, j’arrive à extérioriser des choses.” Paix à ses mots. n F.C.

Bio express

Roland Laurence,

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71 ans

3 enfants

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Retraité

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Passions : écriture, voyages

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