La Presse Pontissalienne 205 -Novembre 2016

L’INTERVIEW DU MOIS

La Presse Pontissalienne n° 205 - Novembre 2016

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POLITIQUE

Elle chapeaute l’organisation des primaires “Je ne suis pas une girouette

et je ne papillonne pas”

La députée du Haut-Doubs a une double actualité : c’est elle qui doit veiller au bon déroulement de la Primaire de la droite et du centre (20 et 27 novembre). Elle mène également les discussions autour de la nouvelle loi Montagne. Interview.

L a Presse Pontissalienne : Vous êtes présidente du comité départemental pour l’organisation des Primaires dans le Doubs, donc censée être impartia- le et neutre, et en même temps vous soute- nez François Fillon. Il n’y a pas un peu de schi- zophrénie dans la démarche ? Annie Genevard : Ce cas de figure-là est celui de l’immense majorité des élus et des cadres du mouvement en Fran- ce. Seuls les secrétaires départemen- taux, chargés de l’organisation pra- tique de ce scrutin, sont tenus à cette neutralité. Contrairement à eux, je n’y suis pas contrainte. Sur le plan natio- nal, le député Thierry Solère, soutien de Bruno Le Maire, est président du comité d’organisation des Primaires et il n’y a aucun souci. En revanche, je me suis engagée à accueillir tous les candidats à la Primaire dans le Doubs sur un même pied d’égalité. Au sujet de mon soutien à François Fillon, cela ne m’empêche pas d’être amie de N.K.M., de Bruno Le Maire, de Nico- las Sarkozy, avec lesquels j’ai travaillé dans différents domaines et dont je partage une grande partie des ana- lyses. L.P.P. : Alors pourquoi François Fillon ? A.G. : Simplement parce que j’estime que c’est lui a le plus travaillé son pro- gramme. J’adhère à la fois au pro- gramme et à la personne. Il a des valeurs et une certaine forme de réser- ve. Dans les temps actuels, avec un président de la République qui fait et dit n’importe quoi, ça fait du bien d’avoir quelqu’un qui est réservé et solide à la fois. Il a appris aussi à s’ouvrir aux gens. L.P.P. : Et Alain Juppé le chouchou des son- dages ? A.G. : C’est celui que je connais le moins. J’ai eu l’occasion de mieux le connaître car il a sollicité un entretien avec moi récemment, nous avons eu l’occasion de discuter pendant une heure. Je res-

côtés du vainqueur de ces Primaires, quel qu’il soit. J’ai toujours été loyale à mon mouvement. L.P.P. : Comment croire pleinement à la trans- parence de ce scrutin avec ce mail envoyé par Les Républicains du Doubs à ses adhé- rents, mail invitant clairement à voter Nico- las Sarkozy (voir notre article en page 7). Les dés sont pipés ? A.G. : Robert Sémonin, chargé chez Les Républicains de tout l’aspect infor- matique, a procédé à un malencon- treux copier-coller d’un message dans une invitation pour le meeting de Fran- çois Baroin le 20 octobre dernier. Deux heures plus tard, il rectifiait son erreur par un second mail. C’est le genre de mail que l’on reçoit souvent des ins- tances des Républicains sauf que celui- ci n’aurait pas dû être envoyé avec cet- te invitation. C’est une regrettable boulette, il faut être attentif à tous les détails. L.P.P. : Pensez-vous que le système des Pri- maires soit conforme à l’esprit de la V ème Répu- blique ? A.G. : Pas forcément, cela va un peu à l’encontre de nos pratiques. Mais la droite a compris, et c’est bien, que son salut et surtout le redressement de la France passaient par là et par une atti- tude d’unité. Le premier débat des Pri- maires a été digne, tout en étant par- fois musclé, mais cette procédure des Primaires montre que la droite n’a plus le droit de se déchirer. Il y a aujour- d’hui de la part des citoyens une deman- de de pouvoir choisir. Ce processus des Primaires était à mon sens inévitable. L.P.P. : Si Nicolas Sarkozy ne sort pas vain- queur, certains émettent déjà l’idée qu’il pour- rait quand même se présenter à la Présiden- tielle… A.G. : Il ne serait pas à ce point irres- ponsable pour aller jusqu’à contester le résultat du scrutin. L.P.P. : Mesurez-vous bien le ras-le-bol des citoyens vis-à-vis de la politique et surtout des confrontations entre partis politiques. Ne doit-on pas raisonner désormais au-delà des partis et en cela, la démarche d’Emmanuel Macron n’est-elle pas légitime ? A.G. : Bien sûr que j’en ai conscience et il faut combattre cela pour plusieurs raisons. D’abord il n’y a pas de démo- cratie sans partis politiques (la pre- mière chose que fait une dictature est de supprimer les partis politiques). C’est aussi au sein des partis politiques que se structurent les programmes, les projets. La faiblesse d’Emmanuel Macron est là, de ne pas avoir de par- ti derrière lui. Enfin, dans un pays où il n’y a plus de grands partis démo- cratiques, ce sont les extrêmes qui l’em- portent. Regardons ce qui s’est passé par exemple en Autriche où les partis classiques ne pèsent plus rien. L.P.P. : Voilà pour le constat. Ensuite, com- ment agir pour que les citoyens croient à nou- veau en vous ? A.G. : Ce qui est possible au niveau local, pourquoi ne le serait-il pas sur le plan national ? On doit désormais s’inter- roger autant sur les programmes que

Annie Genevard est également candidate à sa propre succession en tant que députée de la V ème circonscription du Doubs.

loi (aides à la construction de bâtiments d’élevage, lutte contre les grands pré- dateurs, défense des prairies, autori- sation des retenues d’eau…). Sur le plan de l’urbanisme, cette loi va per- mettre de contrôler l’expansion, sans pour autant empêcher les projets tou- ristiques. Le travail sur cette loi Mon- tagne est l’illustration idéale d’un tra- vail constructif réalisé au-delà des considérations partisanes. C’est d’ailleurs dans la tradition des élus de montagne. L.P.P. : Ce travail vous a valu d’être nommée par Laurent Wauquiez, ex-président, comme secrétaire générale de l’association nationa- le des élus de montagne (A.N.E.M.). Une res- ponsabilité de plus ! A.G. : C’est une occupation (bénévole) qui se fait sur mon temps parlemen- taire. Pour autant, je ne néglige pas ma Ville, pas plus que ma circonscrip- tion. Je connais des élus - je pourrais citer le maire de Pontarlier Patrick Genre - qui s’en sortent très bien et qui ont encore plus de fonctions que j’en occupe. L.P.P. : Prochaine étape de votre “carrière” politique : un poste de ministre ? A.G. : À certaines personnes qui ont la gentillesse de me prédire ce genre de fonctions, je leur réponds que pour ce genre de poste, il y a beaucoup d’ap- pelés et peu d’élus. Je leur dis aussi que si un jour on me le propose, je ne dirai pas non. n Propos recueillis par J.-F.H.

villes de montagne. La loi Montagne date de 1985, elle avait besoin d’être remise au goût du jour. Notre travail a abouti à des conclusions comportant 99 propositions. Nous avons présenté le texte de loi en septembre dernier à l’Assemblée nationale.Après avoir exa- miné près d’un millier d’amendements de nos collègues députés, nous avons enrichi ce texte, qui a été adopté à la quasi-unanimité. C’est le deuxième tex- te le mieux voté après l’état d’urgence de toute cette législature. La loi doit maintenant aller devant le Sénat avant de revenir à l’Assemblée pour être votée. J’espère avant la fin de l’année. L.P.P. : En quoi ce texte est-il novateur ? A.G. : Il comprend plusieurs avancées significatives. Les zones de montagne (qui représentent un quart du terri- toire national pour 10 millions d’habi- tants) seront désormais prises en comp- te dans les schémas d’aménagement du territoire et de développement éco- nomique. Ce qui peut concerner de nom- breux domaines de la vie quotidienne, y compris les questions d’éducation. L’établissement d’une carte scolaire devra désormais se faire selon les spé- cificités de la montagne. On a eu l’exemple récent de l’école de Chapel- le-des-Bois. Dorénavant, les modes de calcul seront différents. Sur le plan de la santé, même chose : les conditions montagneuses seront prises en comp- te dans l’organisation des secours et de la santé. L’aspect agricole est un autre volet important de cette future

la façon de les mettre en œuvre. Certains candidats proposent non seulement un pro- gramme, mais aussi une méthode. En même temps, les citoyens doivent être également respon- sables : on ne peut pas par exemple enmême temps vouloir toujours plus de l’État et ne pas vouloir payer d’impôts. Vouloir toujours plus de sécurité et s’indi- gner par exemple quand on subit un contrôle de police, etc. C’est la raison pour laquelle le prochain

te pour autant fidèle à mes engagements auprès de François Fillon que je soutiens depuis quatre ans, au moment de l’épisode malheureux de la pré- sidence de l’U.M.P. Je ne suis pas une girouet- te, je ne papillonne pas d’un endroit à un autre en fonction des cir- constances. Je reste dans mon couloir. L.P.P. : Si François Fillon n’est pas qualifié pour le second tour des Primaires, qui soutiendrez-vous ? A.G. : Je verrai au soir du premier tour le 20 novembre les forces en présence et j’écou- terai les discours des uns et des autres. Ensuite, au soir du 27 novembre, à la minute même où les résultats seront pro- clamés, je serai aux

“La dernière étape avant le désert des extrêmes…”

“Je ne dirais pas non à un poste de ministre.”

candidat devra conclure un pacte avec la Nation. Cette prochaine élection confère aux hommes politiques une énorme responsabilité. Je pense que cette élection présidentielle est la der- nière étape, la dernière chance avant le désert des extrêmes… L.P.P. : Changeons de sujet : vous venez de présenter en tant que rapporteuse du texte, le projet de loi Montagne, acte II. Pourquoi en avez-vous été une des deux rapporteuses ? A.G. : Ce travail a fait suite à la mission que j’avais conduite sur ce sujet à la demande du Premier ministre, avec ma collègue P.S. Bernadette Laclais, députée de Savoie. Sachant que Mor- teau fait partie de l’association des

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