La Presse Pontissalienne 205 -Novembre 2016

FRASNE - LEVIER - AMANCEY

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La Presse Pontissalienne n° 205 - Novembre 2016

La Morteau au rayon bio Comme on pouvait s’y attendre, la belle de Morteau en version bio fait un carton. À l’origine de cette réussite, Jean-Pierre Bretillot, le patron de Haute-Loue Salaisons qui a monté de toutes pièces cette filière bio partie prenante de l’I.G.P. LONGEVILLE Un succès immédiat

cette carence et créer sa propre porcherie bio à 500 m de Hau- te-Loue Salaisons. C’est la nais- sance d’une micro-filière. L’éle- vage est mis en route en avril 2014. “Je récupère le petit- lait de la coopérative à comté bio de La Chaux-de-Gilley. Il est mélangé avec de la farine bio de la maison Dornier. Les saucisses sont fumées avec la sciure d’Évil- lers et les porcs sont abattus à Valdahon. On ne peut pas faire plus local.” Seule entorse, les porcelets ont l’accent alsacien. Jean-Pierre Bretillot se fournit chez Schweitzer, l’un des seuls naisseurs bio du Grand Est. Une trentaine de porcs bio sor- tent tous les mois de la porche- rie de Longeville. “Ils sont éle- vés sur paille et peuvent sortir à l’extérieur. Ils sont en pleine forme et j’ai moins d’1 % de per- te.” Aujourd’hui, le bio repré- sente 20 à 25 % des transfor- mations de Haute-Loue Salaisons dont le tonnage annuel avoisine 250 tonnes de charcu- terie. “On compte développer la gamme bio avec de la conserve- rie : pâtés, terrines…” Jean-Pierre Bretillot a com- mercialisé ses premières sau- cisses de Morteau et Montbé- liard en début d’année. Il est déjà rattrapé par le succès. Pour autant, il garde les pieds sur terre en restant fidèle aux fon- damentaux des circuits courts. “Je ne suis pas du tout motivé par la course aux volumes. À mon avis, cela n’a plus d’avenir. Les habitudes de consommation évoluent. Les gens mangent moins de viande qu’avant. Un peu comme le vin, cela devient

D ans son genre, c’est un peu l’enfant terrible des salaisonniers comtois. Toujours un coup d’avan- ce quand il s’agit de tirer le pro- duit vers le haut. Fils de pay- san et fier de l’être, il a sans doute gardé en mémoire le goût des salaisons qu’il dégustait enfant sur la ferme familiale. Après une expérience de 10 ans chez un gros salaisonnier régio- nal, il monte Haute-Loue Salai- sons en 2000. “Je n’avais guère d’autre choix que de partir sur du conventionnel pour générer

un volume d’activité en phase avec mes investissements” , explique celui qui fut le premier à se lancer dans la fabrication de salaisons à base de porc label rouge. Si l’entreprise de Longeville fait partie prenante des I.G.P. Mor- teau et Montbéliard, elle cherche toujours à travailler en filière courte. “Acheter des porcs à l’autre bout de la France, ce n’est pas mon truc. Avec le petit-lait des fruitières locales, on a une source de protéines à portée de main. C’est dommage de s’en

priver.” Toujours soucieux d’avancer dans cette démarche qualité, Jean-Pierre Bretillot se lance

dans le bio à par- tir de 2009 en pro- duisant des sau- cisses fumées à cuire. L’absence d’éleveurs locaux en porc bio l’em- pêche d’aller plus loin.Avec une cer- taine audace, il entreprend de pallier lui-même

Le montant des travaux

s’élève à 300 000 euros.

Toujours avec un coup d’avance sur les autres, Jean-Pierre Bretillot a sorti la première saucisse de Morteau bio en janvier dernier.

aujourd’hui une dizaine de per- sonnes. La production part sur tous les créneaux : grandes sur- faces, fruitière, petite épicerie. S’il a recours à un grossiste pour distribuer à l’échelle nationa- le, Jean-Pierre Bretillot maî- trise toujours la distribution locale et régionale. Il cogite déjà sur de nouveaux projets de valo- risation innovants. On naît pré- curseur ou pas. Affaire à suivre… n F.C.

un plaisir, d’où l’intérêt de pri- vilégier la qualité, d’aller dans le sens de manger bien et bon. Je veux tirer le produit vers le haut, glisser de plus en plus vers la qualité avec le souci de par- tager la valeur ajoutée avec les éleveurs porcins.” En 10 ans, le salaisonnier a bien évolué, surtout depuis qu’il engraisse des cochons bio. “On devrait fixer le prix à partir de la ferme et de ce que cela coûte à l’éleveur et non l’inverse.” Haute-Loue Salaisons emploie

La porcherie est dimen- sionnée pour qu’on puisse y élever 360 porcs bio par an.

EN BREF

SÉCURITÉ Lutte contre les vols “Alerte agriculteurs” : parce que cela n’arrive pas qu’aux autres Les agriculteurs du Doubs et du Territoire de Belfort peuvent désormais adhérer gratuitement à ce dispositif permettant de se tenir informé d’un vol commis sur une exploitation.

Alstom Le groupe Alstom a reçu le 26 octobre une commande de 30 rames de métro pour le réseau de Lyon annonce la direction du groupe. 60moteurs, donc une partie de la produc- tion se fera sur le site d’Ornans. Une nouvelle qui rassure les salariés inquiets quant à leur avenir. En tout, 140 millions d’euros ont été investis pour renouveler une partie du réseau lyonnais. La fabrication sera répartie sur plusieurs sites : Valenciennes, Saint-Ouen, Le Creusot, Tarbes, Villeurbanne et Ornans. Les premières rames devraient être mises en servi- Une exposition sur le “cente- naire 14-18” avec reconstitu- tion d’une tranchée se dérou- le à Valdahon (espace Ménétrier) du 8 au 12 novembre. Exposition phi- latélique par Jean-Mary Fer- nette, “Faits de guerre” - Revue le Miroir par Roland Marguet. Jeudi 10 novembre, conféren- ce “La musique pendant la pre- mière guerremondiale” deNico- le Desgranges, maître de conférences en musicologie à l’Université de Strasbourg (à partir de 20 heures). ce début 2019. 11-Novembre

L e Doubs reste encore relativement épargné par la délinquance agri- cole, ce qui n’est pas toujours le cas dans d’autres départements. “Si l’on s’en tient uniquement aux vols portés à notre connaissance, on enregistre chaque année entre 120 et 140 faits et ceci en intégrant tout, y compris les vols de batteries de clôture” , explique le com- mandant Oudot du groupement de gen- darmerie du Doubs. Pas toujours signalés mais fréquents, les vols de carburant sont un peu la hanti- se de l’agriculteur. Ces actes sont la plu- part du temps favorisés par ces mau- vaises habitudes de tout laisser à lamerci des voleurs. Insouciance ou négligence, c’est selon. “On sait aussi qu’il s’avère vite compliqué de sécuriser les exploita- tions agricoles. Ce n’est pas une raison non plus pour tenter le diable et d’expo- ser des équipements de valeur à la vue du premier cambrioleur.” Sans nier aus- si l’existence de réseaux de banditisme qui même s’ils ne sévissent pas réguliè- rement dans le Doubs, sont capables de voler des tracteurs et d’autres engins de taille importante. D’où l’idée d’étendre le dispositif d’aler-

te S.M.S. au monde agricole. “C’est conçu sur le même principe que “S.M.S. com- merces”, ou “S.M.S. cambriolages” , com- plète le capitaine Gosset, chef du bureau de sécurité publique au sein du groupe- ment de gendarmerie du Doubs. Cet outil de prévention qui vise à créer un lien de solidarité entre profession- nels mobilise plusieurs partenaires. La chambre interdépartementale d’agri-

culture Doubs-Territoi- re de Belfort a travaillé en collaboration avec les préfectures, la gendar- merie et la police natio- nale. Tous les adhérents victimes d’un vol com- mis en bande prévient les autorités en compo- sant le “17” qui diffuse ensuite l’alerte par un S.M.S. à destination des autres agriculteurs. Le message indique suc- cinctement les faits constatés, le lieu et les renseignements connus sur le ou les auteurs. Cet outil complète le tra-

“Une attente forte d’information.”

L’alerte S.M.S. est un outil pensé pour limiter les vols sur les exploitations.

vail de prévention mené sur les exploi- tations par les forces de l’ordre qui vien- nent volontiers prodiguer des conseils élémentaires de sécurité. Du bon sens avant tout. Ne pas laisser les clefs sur les tracteurs, positionner le matériel pour qu’il soit complexe à charger ou à démar- rer pour un voleur. “C’est aussi une ques- tion de vigilance et de solidarité. Il ne faut pas hésiter à nous signaler quelque

chose ou quelqu’un de suspect” ajoutent les forces de l’ordre. L’intérêt du S.M.S. alerte agriculteur réside dans la réactivité et la vitesse d’in- formation. La synchronisation est par- fois tellement efficace qu’elle a déjà per- mis d’interpeller les voleurs en flagrant délit. Le dispositif sur le Doubs devrait être mis en service tout prochainement. Un clic qui pourrait s’avérer fort utile. n

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