La Presse Pontissalienne 204 - Octobre 2016

ÉCONOMIE

La Presse Pontissalienne n° 204 - Octobre 2016

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pour les aider à l’avenir. Les résultats se mesurent sur la durée” déclare le représentant communal. Les commer- çants rappellent que ce n’est pas Décath- lon (ou un autre) qui sponsorisera le hockey-club ou le foot local… Nommée Val’Action, l’association qui regroupe déjà 80 boutiques organise- ra une manifestation Saint-Nicolas avec les écoles et lance un marché de Noël. “Il faut redonner de l’élan. Si les Suisses vont à Pontarlier, c’est aussi parce que c’est beau. À nous de propo- ser des choses” poursuit un autre com- merçant. Heureusement pour eux,tous les Suisses ne sont pas attirés par Pontarlier : “Pas- ser 45 minutes dans le bouchon, je l’ai fait une fois, pas deux. Et quand j’ar- rive devant toutes ces étals, j’achète sou- vent trop…” dit Monique, de Fleurier. Le phénomène ne se résume pas au Val-de-Travers.Vallorbe est aussi tou- ché. La Brévine également : “Oui, je suis peut-être concurrencé par Décath- lon Pontarlier pour le textile, admet Pascal Schneider du magasin Siberia Sports au centre de La Brévine. Mais pour le reste des produits, j’ai même des frontaliers qui viennent acheter des paires de ski. Je n’ai pas senti de bais- se de chiffre d’affaires. À nous de pro- poser du conseil, se démarquer” indique le spécialiste du ski de fond. Le commerce suisse de proximité est en mutation. Touché par le franc fort, par Internet, il doit se (ré)inventer à l’heure où les Suisses eux-mêmes ont l’impression de voir leur niveau de vie baisser. Les entendre demander des rabais sur des prix affichés est en soi une révolution sociétale. Dans le Val, le commerce va un peu de travers. n E.Ch. La chambre tient une étude statistique (datée de 2013). À cette époque, enco- re jugée bonne, le secteur tertiaire était en croissance avec 60 625 emplois comptabilisés dans le canton en 2005 et 65 102 en 2012. Mais le commerce de détail peinait déjà : de 7 811 emplois en 2005, le chiffre est tombé à 6 551. “On regrette que les contrôles à la fron- tière ne soient pas plus fréquents. C’est inquiétant car la douane aura moins de moyens alors que les passages sont de plus en nombreux” indique M. Aubert. n “Plus de contrôles à la frontière” L a Chambre de commerce et d’in- dustrie de Neuchâtel confirme les craintes : “Nous sommes face à un tournant, concède Matthieu Aubert. Les commerces vides peinent à trou- ver preneur. C’est encore plus marqué dans le haut du canton. La tendance est à la fermeture des petits commerces, les grands, eux, continuent. Aldi a ouvert au Locle, Jumbo a rénové aux Épla- tures, Zara est installé à Neuchâtel et bientôt une F.N.A.C. ouvre à Neuchâ- tel.”

Les “petits” commerçants suisses en crise COMMERCE Dans le Val-de-Travers À Fleurier, ils enregistrent une baisse de 35 % de leur

chiffre d’affaires. La concurrence pontissalienne a raison du patriotisme suisse mais le Val-de-Travers se mobilise…

Fabien Aimonetti,

“A près 16 mois sans me ver- ser de salaire, je me demande si je dois conti- nuer ou arrêter. Je pren- drai la décision dans quelques mois.” Pas de colère chez Sylvie Pomorski, gérante dumagasin de vêtements “L’ap- parenteAise” à Fleurier,mais un constat lucide : les affaires ne sont pas bonnes dans cette ville directement concur-

rencée par l’offre commerciale pontis- salienne meilleur marché. La faute à l’abandon du taux plancher du franc suisse “mais aussi à la concurrence d’Internet” poursuit la commerçante située au 29, Grand-rue qui a eu le mal- heur de reprendre cette échoppe début 2015, un mois avant que la Confédé- ration n’abandonne le taux plancher. “C’était le plus mauvais moment” avoue-

commerçant à Fleurier, veut

profiter de cette crise pour

mobiliser les commerçants et acheteurs autour du “J’achète ici”.

merciales de Fleurier, Couvet, Buttes… Il y a eu des défections d’entreprises l’an dernier, pas cette année. “Le can- ton de Neuchâtel recense 191 locaux commerciaux, industriels ou artisa- naux vacants. Par rapport à l’année précédente, la surface vacante a aug- menté de 13%” indiqueMatthieuAubert à la Chambre de commerce de Neu- châtel. Devant la Migros à Fleurier, un hom- me sort avec un caddie à peine rem- pli : “C’est vrai que j’ai changé mes habi- tudes de consommation, confie-t-il. Pour quelqu’un qui gagne 4 000 francs en Suisse, ça devient dur à la fin du mois. Ce le sera encore plus parce qu’un tiers de mon salaire passe dans l’assuran- ce-maladie qui augmente encore cette année. Pour les grosses courses, je vais à Hyper U à Pontarlier” dit cet habi- tant de Couvet venu se dépanner en produits laitiers. “Effectivement, les habitudes changent, concède le gérant du magasin Pro Neige de Fleurier. Les clients discutent davantage les prix… À nous d’être bons, de se démarquer. Je dis : avant d’aller ailleurs, venez regar- der dans ma boutique, comparez les prix, je n’ai rien à cacher” lâche Fabien Aimonetti. Lui est concurrencé par Décathlon mais comme une partie des commerçants, il se retrousse les manches. Avec l’aide de la commune du Val-de-Travers qui a provisionné 1 million de francs pour aider le com- merce de proximité, des opérations inci- tant à consommer local sont lancées depuis décembre dernier. “Ce n’est pas du protectionnisme se défend Frédéric Mairy, conseiller communal en charge de l’économie. Le premier effet de l’opé- ration était de redonner de l’impulsion au commerce local et montrer aussi que la commune est là en soutien. Nous avons lancé des autocollants, des sacs plastiques “J’achète ici” pour montrer le rôle social d’un achat local. Ces actions n’ont pas permis d’enrayer la problé- matique du tourisme d’achat mais ont fédéré les commerçants. On reste pré- sents et on a une enveloppe financière

t-elle. À l’image de Sylvie, ce n’est pas la joie dans les “petits” commerces de détail proches de la frontière. Ils peinent à capter leur clientèle qui ne se cache plus pour passer la frontière. Une piè- ce de bœuf est trois fois moins chère, une paire de baskets 20 % meilleur marché. Les Suisses regardent, eux aussi, leur porte-monnaie. Les produits alimentaires sont les plus touchés, sui- vent de près les produits frais, les vête- ments, la hi-fi. D’après les commerçants du Val-de- Travers réunis en association depuis peu, la baisse du chiffre d’affaires pour l’année 2015-2016 est estimée à 35 %. Un coup dur pour les 160 sociétés com-

Sylvie Pomorski (à gauche) tient une boutique de vêtements à Fleurier. Face à la baisse du chiffre d’affaires, elle réfléchit à stopper son activité.

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“J’ai aussi des frontaliers qui achètent” indique Pascal Schneider du magasin Siberia Sports à La Brévine.

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