La Presse Pontissalienne 204 - Octobre 2016

L’INTERVIEW DU MOIS

La Presse Pontissalienne n° 204 - Octobre 2016

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MÉTABIEF

Les dossiers sensibles “Quand j’ai une idée, je l’emmène en écoutant les autres, et j’avance”

L a Presse Pontissalienne : Les débordements nau- séabonds autour du lac Saint-Point ont encore défrayé la chronique estivale. Pourquoi ? Gérard Dèque : À l’origine du problème, il y a tou- jours ces gestes d’incivilité avec ces dépôts de lingettes et de couches qui bouchent les réseaux et font déborder les effluents. C’est un phéno- mène assez récurrent qui se produit cinq à six fois par mois. Parmi les autres causes d’obs- truction, on peut mentionner les huiles qui figent dans le réseau. L.P.P. : Ce n’est pas un souci de dimensionnement du réseau d’assainissement ? G.D. : Pas du tout. Avec le réseau actuel, on a la capacité de gérer le double de population. Rap- pelons aussi si certains en doutaient encore que le collecteur autour du lac est parfaitement étanche. Non, ces débordements sont avant tout liés aux eaux parasites et aux mauvais raccor- dements. On sait maintenant que la solution des bassins d’orage n’est pas suffisante et qu’il faut y associer un dispositif de traitement supplé- mentaire. Quand les bassins seront pleins, le surplus partira dans des mini-stations où il subi- ra deux traitements en ultrafiltration et U.V. avant d’être rejeté au lac. La première mini-sta- tion a été testée cet été. On présente les résul- tats de cette expérience lors de la réunion publique organisée à Malbuisson le 11 octobre. On pré- voit également, par souci de transparence, de créer un comité de suivi des travaux, ouvert à tous ceux qui s’intéressent au sujet. L.P.P. : Le contrôle des branchements reste aussi d’ac- tualité ? G.D. : Bien sûr, on a même recruté à temps plein la personne en charge de vérifier que les gens soient bien connectés. 170 km de réseaux conver- gent au collecteur du lac. C’est un travail de longue haleine. On doit bien garder à l’esprit que communauté de communes Mont d’Or-Deux Lacs est sur tous les fronts en cette année 2016. Assainissement autour du lac, eau potable, fusion des communautés de communes, festival de la Paille, offre de santé, Gérard Dèque, maire de Métabief et président de la

“On s’oppose toujours à cette fusion”, explique le président de communauté de communes Mont d’Or-Deux Lacs qui ne voit pas l’intérêt de s’unir avec sa voisine des Hauts du Doubs à Mouthe.

Mijoux. On travaille toujours sur le projet de cabinet médical à construire entre le cinéma et le bowling. La commune collabore avec un inves- tisseur privé. On lui vend le terrain pour qu’il réalise son programme immobilier puis on rachè- te le cabinet qu’on loue ensuite aux médecins. Le chantier pourrait être lancé en 2017. L.P.P. : Vous arrivez toujours à concilier vie publique et travail ? G.D. : C’est vrai qu’on gère un mandat assez “spor- tif”. J’ai toujours le goût de la chose publique même si cela devient de plus en plus compliqué avec ces baisses de dotations, la loi N.O.T.R.E., etc. Pour autant, je conserve mon emploi car à mon sens, c’est important d’avoir des élus tou- jours dans la vie active. On peut peut-être déplo- rer la multiplication des réunions, ce qui laisse moins de temps pour s’occuper des dossiers. Je ne suis pas un homme de conflit. Quand j’ai une idée, je l’emmène en écoutant les autres mais j’avance. L.P.P. : Vous ne ressentez pas l’usure de la fonction ? G.D. : Non, même avec trois mandats d’expérience. Au contraire, pour moi, c’est un atout. On acquiert de la sagesse. On connaît mieux les dossiers. Le devoir d’un élu, c’est aussi de former les jeunes qui prendront la relève même si on a du mal à trouver des candidats. Tout n’est pas rose. Com- me partout, l’individualisme prend souvent le dessus. La vie d’un élu est faite de difficultés et de récompenses. C’est toujours agréable de voir avancer les dossiers, de faire plaisir aux gens ou de les accompagner dans l’épreuve. Pour être élu, il faut aimer les gens. n Propos recueillis par F.C.

Pourquoi ? En l’état actuel des choses, on ne pourrait pas sup- porter, par exemple, le coût de la prise de compétence école. Bien sûr, on travaille sur ces questions d’harmonisation des compétences. On peut rappe- ler que 94 % des communes, soit 97 % de la population, ont voté contre la fusion.

désormais à couvrir les besoins. En 2020, l’eau potable deviendra une compétence intercom- munale, ce qui offrira la possibilité de mutuali- ser tous les captages. L.P.P. : Il n’y a pas d’interférence avec le projet O’Barth d’embouteillage de l’eau du Mont d’Or mené par Robert Droz-Bartholet ? G.D. : Non, car on ne puisera pas dans les mêmes nappes. Les volumes ne sont pas du tout les mêmes. On n’a pas l’intention de bloquer ce pro- jet même s’il nous appartient et c’est logique de prioriser les besoins de la collectivité. L.P.P. : Comment évolue le passage à la redevance inci- tative pour la collecte des ordures ménagères ? G.D. : Le dispositif a été mis en place en janvier. On enregistre des gains d’efficacité. Exemple : on a déjà collecté 72 tonnes de déchets triés contre 36 tonnes avec le dispositif précédent sur la même période d’observation. On est parti sur un système de facturation à 12 levées par an et on espère à plus long terme effectuer seulement une collecte tous les 15 jours pour réduire les frais de transport. On sait pertinemment que les coûts de traitement évolueront toujours à la hausse, d’où l’intérêt d’agir sur les volumes à traiter. L.P.P. : Vous n’avez pas changé d’avis sur la fusion qu’on voudrait vous imposer avec Mouthe ? G.D. : Non, on s’oppose toujours à cette fusion. Comme la Commission Départementale de Coopé- ration Intercommunale a également rejeté ce projet par 27 voix contre et 7 voix pour, le pré- fet sera contraint d’utiliser le “passé outre”. À partir de là, on ira au tribunal administratif.

“On ira au tribunal administratif.”

la station d’épuration de Doubs n’est pas conçue pour traiter les eaux pluviales qui viennent para- siter le réseau. L.P.P. : Tout cela va coûter combien à la communauté de communes ? G.D. : Depuis 2001, on a déjà mis 24 millions d’euros dans l’assai- nissement. D’ici 2020, on va enco- re investir 12,5 millions d’euros dont 9 millions dans la nouvelle station d’épuration de Métabief- Les Longevilles-Mont d’Or. L.P.P. : Qu’en est-il de l’eau potable ? G.D. : On est toujours sur le pro- jet d’un captage sous le tunnel ferroviaire du Mont d’Or où il y a un gisement de 300 000 m 3 d’eau, soit trois fois le volume de la réserve collinaire du Morond. Le captage se fera au bas de ce réservoir. On doit déposer un dos- sier en béton auprès de R.F.F. Sur Métabief, on a retrouvé des puits. Avec l’arrivée du lac, on arrive

L.P.P. : La question des “communes nouvelles” alimente-t-elle les dis- cussions sur le secteur ? G.D. : Des réflexions sont en cours ici où là sans que rien ne soit validé. L.P.P. : Le prochain festival de la Paille aura bien lieu à Métabief ? G.D. : On va faire un bilan. Aujourd’hui, on se heurte au blocage de l’agriculteur du village mais j’espère qu’on va le ramener à la raison. Les orga- nisateurs ont prévu de faire une réunion publique. On sait pertinemment qu’il faudra améliorer plusieurs points comme le camping, la circula- tion, la sécurisation. Je souhaite des débats constructifs et que tout le monde revienne à la raison. L.P.P. : Avez-vous réglé la question de l’offre de santé sur le territoire intercommunal ? G.D. : La Maison de santé aux Hôpitaux-Neufs est pour l’instant en suspens car le Plan Local d’Urbanisme est bloqué. Sur Métabief, il ne res- te plus qu’un médecin généraliste proche de la retraite. Les deux jeunes praticiens qui devaient le remplacer sont partis exercer à La Cluse-et-

“Il faut aimer les gens.”

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