La Presse Pontissalienne 203 - Septembre 2016

PONTARLIER

La Presse Pontissalienne n° 203 - Septembre 2016

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SÉCURITÉ

Terrorisme Deux fichés S dans le Haut-Doubs

Selon nos informations, deux individus fichés S sont surveillés actuellement dans le Haut-Doubs. Un territoire qui n’est pas épargné par la radicalisation.

Zoom Qu’est-ce

L’ effroyable attentat de Nice puis celui contre le prêtre égorgé à proximité de Rouen fin juillet le rappellent : la mena- ce terroriste peut frapper par- tout. Et plus seulement à Paris, la capitale. Dans la zone de défense du Grand Est regrou- pant les deux grandes régions Alsace-Lorraine-Champagne- Ardenne et Bourgogne-Franche- Comté, la Franche-Comté regroupe 1 fiché S sur 3. D’après l’unité de coordination de la lutte anti-terroriste (U.C.L.A.T.) duministère de l’In- térieur, 22 personnes sont fichées S dans le Doubs, 14 dans le Ter- ritoire de Belfort, 36 en Haute- Saône, 39 dans le Jura, 28 en Côte-d’Or. Être fiché S (pour sûreté de l’État) ne veut pas dire être terroriste. Pour autant, le passage à l’acte de Yassin Sal- hi (36 ans) qui décapita son employeur le 30 juin 2015 dans l’Isère en exposant sa tête dans une mise en scène guerrière rap- pelle que notre région n’est pas à l’abri.Yassin Salhi a vécu dans le Doubs où il a laissé des traces.

tenant. Le Français passé par l’U.F.R.-S.T.A.P.S. de Besançon était parvenu à échapper au coup de filet. Il résidait en juillet 2015 à Leicester (Angle- terre) avec sa femme et ses 5 enfants. Il a réfuté tout lien avec Yassin Salhi dans un entretien accordé au quotidien régional. L’histoire avec notre région ne s’arrête pas là. Dans son entre- prise macabre, Yassin Salhi a envoyé par S.M.S. la photo de la décapitation de son patron à Yunes-Sébastien V., homme jusque-là inconnu des services de police. Né à Lure (Haute- Saône) en 1985, ce technicien en logistique diplômé de l’I.U.T. de Besançon s’est converti à l’is- lam au milieu des années 2000. Il a reçu ladite photo alors qu’il était en Syrie. Son départ en novembre 2014 pour Raqqa - avec sa fille de deux ans et son épouse - était passé inaperçu… Son père a évoqué au journal Libération sa “lente et inéluc- table radicalisation.” Preuve que le danger peut sommeiller partout. n

ment, où il serait parfois ques- tion de “djihad”. Il disparaîtrait en outre régulièrement pour des périodes de plusieurs mois, sans qu’on sache où. Le jeune hom- me se serait par ailleurs rasé la barbe du jour au lendemain. Un changement soudain, en appa- rence anodin, qui rappelle la Taqiya, une technique de dissi- mulation encouragée par les islamistes. Salhi aurait également ren- contré plus tôt, en 2006, “le grand Ali”, de son nom Frédé- ric-Jean Salvi, surnommé “Ali”, un converti radicalisé lors d’un séjour à la prison de Besançon, connu des services pour ses prêches virulents et son prosé- lytisme agressif. Aujourd’hui âgé de 37 ans, Frédéric-Jean Salvi qui ne réside plus à Pon- tarlier est soupçonné par les autorités indonésiennes d’avoir préparé avec des militants d’Al- Qaida des attentats à Djakar- ta. En 2010, la police indoné- sienne avait interpellé cinq personnes sur l’île de Java et mis la main sur une voiture remplie d’explosifs lui appar-

En 2013, les services de ren- seignements territoriaux du Doubs le signalent comme fré- quentant assidûment un grou- pe de salafistes aux abords de la mosquée de Planoise. Le jeu- ne homme porte alors la djel- laba et la barbe. Cette infor- mation fait l’objet d’une simple note. Son profil paraît d’autant moins inquiétant que Yassin Salhi est inconnu des services de police. L’année suivante

qu’une fiche S ? L a fiche S, pour “atteinte à la sûreté de l’État”, n’est en réa- lité qu’une des nombreuses catégories d’un fichier vieux de plus de quarante ans : le fichier des personnes recher- chées (F.P.R.). Créé en 1969, il comporterait plus de 400 000 noms, qu’il s’agisse de mineurs en fugue, d’évadés de pri- son, de membres du grand banditisme, de personnes interdites par la justice de quitter le territoire, mais aussi de militants politiques ou écologistes (antinu- cléaires, anarchistes, etc.).

(2014), un voi- sin d’immeuble du jeune hom- me, qui a emmé- nagé avec fem- me et enfants dans le quartier de Planoise appelle les forces de l’ordre pour signaler un comportement suspect. Yassin Salhi organise- rait des “réunions de barbus hebdo- madaires” dans son apparte-

“Des réunions de barbus.”

Un outil de contrôle.

La fiche S est un outil de contrôle des rensei- gnements à disposition des services de police et de gendarmerie, qui sert surtout à contrôler les déplacements. Lors d’un contrôle routier, si l’agent de police constate que l’individu est fiché S, il devra le signaler aux services de rensei- gnement et essayer de recueillir le maximum d’informations, sur les personnes qui l’accom- pagnent. En aucun cas ce fichier ne sert à inter- peller des personnes. Certaines personnes fichées S peuvent être mises sous surveillance physique ou sur écoute. Mais cette surveillance n’est pas systématique, ni constante. n

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