La Presse Pontissalienne 203 - Septembre 2016

L’INTERVIEW DU MOIS

Concert de Marion Roch Vendredi 16 septembre 2016 Salle des fêtes de Frasne 20h

La Presse Pontissalienne n° 203 - Septembre 2016

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POLITIQUE Il n’est pas candidat à la députation “Je suis un touche-à-tout et j’aime ça” Philippe Alpy, le maire de Frasne, conseiller départemental de Mouthe et président de la fédération A.D.M.R. du Doubs (on s’arrêtera là) est un homme très occupé. Sans doute l’un des élus du Haut-Doubs les plus engagés sur son territoire. Entretien multi-facettes.

doit avoir un regard prospectif. Il est ancré sur son territoire et quit- te à être engagé, autant avoir ce regard croisé. J’ai commencé àm’in- vestir à l’A.D.M.R. quand j’étais jeune parent au début des années quatre-vingt-dix avec la volonté de faire bouger les lignes pour amé- liorer le cadre de vie. J’invite aus- si nos concitoyens à me suivre une semaine, même si bien sûr aucun de ces engagements n’est imposé. L.P.P. : Y a-t-il une méthode Alpy pour mener à bien ces engagements multiples ? P.A. : Quand on a une bonne équi- pe, ce n’est rien du tout. À partir de là, on établit un contact jour- nalier. C’est une affaire de confian- ce. Il ne s’agit pas non plus d’une délégation aveugle. Quand j’orga- nise une conférence de presse sur l’eau ou àMétabief, je ne suis jamais seul mais toujours accompagné des élus concernés et des responsables techniques. C’est important de conforter les relations. À partir de là, le projet se dessine tout seul. L.P.P. : Une question d’écoute ? P.A. : Oui, il faut faire preuve d’écou- te. On mène actuellement tout un travail sur les liaisons douces à Frasne. En interrogeant les anciens, on a compris l’intérêt d’être parti- culièrement attentif à réaliser des trottoirs plats pour les personnes qui ont du mal à se déplacer. Ma passion, c’est essayer d’emmener une équipe sur un projet comme on l’a fait pour les Maisonnées de l’Autisme. J’aime les défis impro- bables, quand il faut arracher le projet. L.P.P. : Tous ces investissements, c’est d’abord pour défendre le Haut-Doubs ? P.A. : On vit sur des territoires rela- tivement pauvres. Mon père était maire de Communailles-en-Mon- tagne. À la maison, quand j’étais gosse, j’ai vu passer des gens com-

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gran- de région et fai- re en sorte

L a Presse Pontissalienne : Suite à la dégradation assez brutale des cours d’eau fin août, vous avez tenu à sensibiliser la population sans pour autant apporter des solutions. Quel intérêt ? Philippe Alpy : On a effectivement constaté une prolifération d’algues très importante dont les causes sont multifactorielles. On nous interpelle et on est là pour répondre aux concitoyens. Dans ces cir- constances, on est tous respon- sables. Une prise de conscience col- lective est nécessaire. L.P.P. : Quid de la restauration du barra- ge du lac Saint-Point ? P.A. : Il n’est plus adapté pour mener une politique cohérente. C’est impé- ratif de conserver un volume d’eau important au lac et de pouvoir ain- si la restituer.Aujourd’hui, on pour- rait faire beaucoup mieux. On doit rénover cet ouvrage et convaincre les financeurs. Si on entreprend ce chantier, ce n’est pas pour nous mais d’abord pour améliorer la qua- lité des eaux en amont et en aval du lac. Il n’y a rien de politique là- dedans, juste la volonté comme beaucoup de monde de défendre l’environnement. On travaille de la même manière à l’A.D.M.R. où l’on utilise maintenant des logi- ciels pour optimiser l’empreinte carbone. L.P.P. : On vous reproche souvent de cumu- ler les responsabilités ? P.A. : Quand on parle de cumul aujourd’hui, c’est très péjoratif. Il est nécessaire de prendre en comp- te tout l’environnement. Un élu

Le bilan de l’été Métabief

de ne pas être oublié des finance- ments. Nous, les élus locaux, on doit se battre. Si le projet est bien monté, on peut aller loin comme en témoigne ce projet sur l’autis- me à Frasne. L.P.P. : On peut dire la même chose sur la station de Métabief ? P.A. : Le projet de développement est ficelé mais il faut le vendre. C’est toujours un combat. On peut dire la même chose pour la res- tauration du barrage du lac. Cela pourrait durer des décennies avant qu’on avance. Mais le développe- ment de la station ne s’arrête pas au domaine alpin, on peut aussi prendre en compte la dimension sociale en offrant la possibilité à des jeunes de se réinsérer. On tra- vaille aussi avec la commune pour trouver des solutions de logements aux saisonniers. L.P.P. : Les centres d’intérêt sont mul- tiples chez vous ? P.A. : Je suis un touche-à-tout et j’aime ça. L.P.P. : On a tout entendu sur la zone d’ac- tivité de Bulle qui tarde à se remplir, qu’en pense le vice-président de la Commu- nauté de communes Frasne-Drugeon ? P.A. : Il faut du temps. Ce chantier est sorti en 2008. On était alors en pleine crise économique. Mais aujourd’hui, c’est parti pour le rem- plissage. L.P.P. : On a beaucoup critiqué l’ampleur de cette zone ?

P.A. : Comme tout repose sur le concept d’aménagement déblai- remblai, il fallait une zone de cet- te taille pour que cela soit perti- nent sur le plan environnemental. C’est un choix assumé. L.P.P. : Votre point de vue sur le désen- gorgement de la R.N. 57 ? P.A. : A l’heure de la raison, la rési- gnation doit prévaloir. Il ne faut plus rêver d’un grand contourne- ment de Pontarlier. Ce serait de la démagogie, un rêve. Il faut se résoudre à des mesures pragma- tiques qui améliorent le quotidien à l’exemple de ces feux intelligents aux Rosiers. Par contre, rien n’in- terdit d’aménager des tronçons à trois voies entre Etalans et Val- lorbe. Pourquoi ne pas réfléchir aussi à détourner le trafic entre Besançon et Métabief en privilé- giant la D9 qui passe par Cléron, Levier, Frasne. L.P.P. : Le conseiller départemental que vous êtes a-t-il pris toute la mesure de son canton ? P.A. : Le conseiller départemental d’aujourd’hui n’est plus le conseiller général d’hier qui était parfois consi- déré comme l’assistante sociale du canton. On fonctionne plus sur des thématiques. Oui, j’ai pris la plei- ne mesure de ce nouveau canton, à propos duquel je maîtrise bien les enjeux agricoles et forestiers. Sur ce territoire, le tourisme se décline sous une forme diffuse notamment sur la vallée du Dru- geon, et plus concentrée vers les Lacs et surtout la station de Méta- bief. L.P.P. : Seriez-vous prêt à briguer la pla- ce de député sur la 5 ème circonscrip- tion ? P.A. : Beaucoup d’élus dont je fais partie rêvent d’un destin national. La question pourrait se poser s’il n’y avait pas Annie Genevard qui s’investit pleinement sur les poli- tiques de territoires. Donc, inutile de faire de la surenchère. Mieux vaut travailler en bonne intelli- gence. J’ai déjà de belles satisfac- tions sur Frasne. Pareil au niveau du Conseil départemental. C’est du bonheur de pouvoir œuvrer dans ces domaines. Quel que soit le man- dat, l’objectif est de créer de la valeur ajoutée à tous les niveaux : social, économique, agricole, fores- tier, touristique, culturel. C’est ça le combat permanent de l’élu. n Propos recueillis par F.C.

se réconcilie avec le V.T.T. À force de trop vouloir s’appuyer sur son glorieux passé, la station s’était laissée dis- tancer par ses voisines alpines. Elle retrou- ve le sourire en misant sur une pratique plus conforme à son profil familial. “O n est parti à la reconquête du V.T.T. Jus- qu’à présent, on avait plutôt tendance à vivre sur un passé glorieux. Cette nouvel- le dynamique nous a forcés à redessiner des par- cours qui correspondent aux attentes des bikers avec l’ambition de permettre à des débutants de venir s’éclater, dans le bon sens du terme, à Métabief” , résume Philippe Alpy sous sa casquette de prési- dent du Syndicat Mixte du Mont d’Or. L’aménagement de la nouvelle piste verte, la “Bike all”, a porté ses fruits. Élus et personnels de la sta- tion constatent que cette dynamique fait le plein. “Cet été en chiffre d’affaires, on a battu le record. En fré- quentation globale, on progresse de plus de 80 %. Au niveau du V.T.T., on a vendu plus de 9 000 titres contre 7 000 en 2015 et 5 000 en 2014” , détaille Oli- vier Érard, le directeur de la station. Comme pour le ski alpin, cette augmentation est avant tout le fait des bikers locaux qui se réconci- lient avec la station du Haut-Doubs. La pratique tend également à se féminiser. Sans oublier la clientèle suisse plus nombreuse qu’avant sur les pistes. “La mise en place de la piste bleue va dans le bon sens” , apprécie Claude Jacquemin-Verguet, maire des Lon- gevilles-Mont d’Or. Ce projet est actuellement en phase d’intégration environnementale. Autre signe positif, le succès des compétitions V.T.T. organisées par le club local. Le vélo-club V.T.T. Mont d’Or compte aujourd’hui 120 adhérents. “ Au niveau de l’école de V.T.T., on passe de 121 à 131 cours donnés en juillet-août. C’est un peu mieux mais il reste encore à positionner le produit en s’appuyant sur les moniteurs et les acteurs locaux du tourisme” , estime Olivier Érard. L’attractivité de la station se mesure aujourd’hui par des demandes d’investisseurs sur de l’hébergement comme en témoigne Gérard Dèque, le maire de Méta- bief. Cette dynamique estivale mérite une meilleure promotion. “On va travailler au niveau de l’office de tourisme pour communiquer davantage sur les acti- vités et ne pas focaliser uniquement sur l’héberge- ment” , complète Lionel Chevassu, le maire de Roche- jean. n

me Edgar Faure, Jacques Duhamel. J’ai été en quelque sorte éduqué avec des gens qui s’in- terrogeaient et agissaient pour améliorer la vie au quotidien dans un village de 48 habi- tants et aujour- d’hui, je crois que je reproduis cela. On doit, et il faut défendre le terri- toire du Haut- Doubs dans la

“Inutile de faire de la surenchère.”

Philippe Alpy ne se lancera pas dans la course aux législatives, la place

étant déjà réservée.

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