La Presse Pontissalienne 203 - Septembre 2016

MONTBENOÎT ET LE SAUGEAIS

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La Presse Pontissalienne n° 203 - Septembre 2016

Le porc des Ricornes à savourer en direct MAISONS-DU-BOIS-LIÈVREMONT Soucieux de se libérer des aléas du cours du porc sur lequel ils n’ont aucune prise, Yannick et Jean-Michel Pourchet du G.A.E.C. de la Ricorne choisissent de valoriser eux-mêmes une partie de leur production.

Diversification

“O n bouche les trous” , annon- ce l’éleveur de la Ricorne, hameau situé sur les hau- teurs de Lièvremont, en évoquant la hausse aussi importante qu’inattendue du prix du porc en 2016. Fin août au cadran breton, le cours s’affichait encore à 1,46 euro le kilo, contre 1,23 euro le kg en moyenne en 2015. À l’origine de cette remontée, la hausse de la consommation chinoise. S’il profite d’abord aux producteurs allemands et espagnols, ce regain d’ap- pétit efface largement les effets de l’em- bargo russe qui prive les Européens depuis deux ans d’un gros débouché. La belle aubaine donc. Pas forcément estime Yannick Pourchet qui ne trou- ve pas trop logique et pertinent qu’une petite région comme le Haut-Doubs dépende ainsi du bon vouloir des Chi- nois dans leurs habitudes alimentaires. “Aujourd’hui, on retombe sur nos coûts de production en dégageant même une petite marge si l’on ajoute les 15 cen- times supplémentaires de plus-value régionale liée aux signes de qualité. Pour autant, je reste très prudent et

même un peu inquiet car on n’a jamais vu les cours monter de façon aussi ful- gurante.” Personne n’a oublié la flam- bée des laits spots il y a quelques années quand certains producteurs de lait à comté s’interrogeaient sur l’opportu- nité de quitter le comté. L’embellie fut de courte durée et les prix du lait stan- dard ont vite retrouvé le plancher des vaches. Face à toutes ces incertitudes,Yannick et son oncle ont décidé de réactiver la bonne vieilleméthode de vente en direct comme cela se pratiquait autrefois

Déçus des retombées de l’I.G.P. saucisse de Morteau vis-à-vis des producteurs, Yannick Pourchet et son oncle Jean-Michel se diversifient dans la vente de viande de porc en direct.

appel à un artisan-boucher pour les opérations de découpe et de transfor- mation. “On passe en moyenne un porc par semaine. Il est abattu à Valdahon où le boucher va le récupérer. La vian- de est ensuite stockée dans une gran- de armoire frigorifique à la Ricorne.” Le porc des Ricornes se consomme uni- quement en caissettes dont le conte- nu est adapté à la saison.Version grilla- de en été, caissette à mijoter avec petit salé, rôti à l’os, saucisses à cuire, cais- sette porc chrono avec escalopes, échi- ne, sauté… “On fonctionne sur com- mande avec le souci de valoriser l’ensemble de la carcasse. Une caisset- te de 5 kg correspond aux besoins d’une

famille de quatre personnes.” Ce nou- vel atelier est en place depuis juin. Outre l’armoire frigorifique, Yannick et Jean-Michel ont investi dans l’amé- nagement d’un local d’accueil où les clients viennent chercher leurs cais- settes. La prise de commande s’effec- tue par mail ou au téléphone. “On a un site Internet en cours d’élaboration qui disposera d’un dispositif de com- mande enligne, opérationnel d’ici fin septembre.” Ils se lancent avec prudence dans la vente directe sachant que cela repré- sente à peine 2 % de la production annuelle, sur un élevage à 2 600 porcs charcutiers annuels. Pas question de

tout remettre en cause et de fragiliser la gestion d’une exploitation mixte en lait à comté et viande porcine. “On ne voudrait pas dégrader les autres postes de travail.” Pour Yannick Pourchet, dernier éle- veur du Doubs à s’être installé en filiè- re porcine, cette diversification sonne comme un nouvel espoir. “À l’installa- tion, je misais beaucoup sur l’arrivée des I.G.P. et j’ai été très déçu. On repart sur un nouveau challenge qualitatif. Si l’affaire se développe et les cours se maintiennent, on espère bien prendre un salarié ou un associé à plus oumoins long terme.” n F.C.

dans les fermes comtoises où les voisins et les proches venaient s’ap- provisionner au plus près. “C’est très valorisant sur le plan humain. Ce contact avec la clientèle, c’est quelque chose qui nous redonne le sourire.” Entre l’idée et la mise en place du projet, les choses furent plus compliquées à réaliser. Les deux éle- veurs ont préféré faire

Très valorisant sur le plan humain.

ARÇON

Une rude concurrence

Des fenêtres 100 % françaises et le besoin de le faire savoir

O n a beau fabriquer les produits les plus performants et abou- tis, cela ne suffit plus à s’im- poser dans un marché hyper concurrentiel comme celui de la fenêtre. Matraquage commercial, phoning,mai- ling, difficile d’échapper à ces mul- tiples sollicitations d’enseignes qui ne laissent que des miettes aux petits fai- seurs. Même si la qualité du produit et de la prestation n’est pas toujours au rendez-vous. Dans le volume, on finit toujours par s’y retrouver. Ces méthodes agressives et conqué-

Menuiserie Girardet fabrique 2 500 à 3 000 fenêtres chaque année vendues localement ou expédiées aux quatre coins du pays. L’heure est désormais à la promotion de ce savoir-faire.

rantes, Denis Girardet l’avoue ne font guère partie de ses habitudes de tra- vail. “On a plutôt été élevés et formés dans la qualité du produit sans trop chercher à se mettre en avant. Mais il faut bien l’admettre, pour s’en sortir il faut aussi savoir occuper la place, être bon et surtout tenace. On est encore trop discret.” Question d’humilité sans doute et ce n’est certainement pas un hasard si l’entreprise vient de recru- ter un commercial pour promouvoir le savoir-faire maison. Chez les Girardet, on vit du travail du

L’entreprise a investi en 2013 dans un robot de peinture pour fenêtre pour soulager les opérateurs de cette tâche rébarbative et désagréable à respirer.

bois et de la charpente en particulier depuis quatre générations. “C’est mon père Bernard qui a créé l’entreprise dans les années cinquante.” Ses deux fils prendront le relais. Luc restera dans l’activité historique et Denis, diri- geant depuis 1983 s’orientera dans la fenêtre. “On s’est vraiment spécialisé dans ce produit à partir de 1992 en mettant en place toute la chaîne de pro- duction ici à Arçon.” L’activité a pris de l’ampleur. Elle s’articule autour des fenêtres bois et fenêtres bois-alu. “Le bois pour sa stabilité et ses pro- priétés thermiques et phoniques, l’alu car il ne nécessite aucun entretien. Toutes nos fenêtres répondent aux avis de conformité.” Une exigence qui ne s’applique pas toujours chez d’autres fabricants. Bien sûr, face à la concurrence, Menui- serie Girardet a des arguments à fai- re valoir : une âme d’artisan non gal- vaudée, un savoir-faire avéré, de l’expérience et une proximité qui plaît beaucoup. “On se situe vraiment dans

un registre de fabrication 100 % fran- çaise.” L’entreprise d’Arçon emploie 13 salariés dont une équipe de pose. Elle réalise 1,6 million d’euros de chiffre d’affaires. L’année 2016 ne figurera pas parmi les plus euphoriques. “Si on réussit à maintenir l’activité, ce sera bien. On subit l’effet conjugué du ralen- tissement économique et de la concur- rence.” La production annuelle varie généra- lement entre 2 500 et 3 000 fenêtres. Une partie est vendue et posée dans un rayon de 60 km à la ronde. “On en expédie aussi dans toute la France.” L’entreprise travaille avec des parti- culiers, des promoteurs, des collecti- vités, bailleurs sociaux. “On n’a jamais de stock. Tout ce qui est fabriqué est vendu” , poursuit Denis Girardet. Il dis- pose également d’un bel outil de tra- vail avec quelques postes automatisés sur les tâches les plus pénibles. “Il ne nous reste plus qu’à s’extérioriser davan- tage, être plus présent sur les salons tout en jouant à fond la carte locale.” n

“On fabrique des fenêtres bois et bois-alu”, explique Denis Girardet.

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