La Presse Pontissalienne 203 - Septembre 2016

LE PORTRAIT

47 La Presse Pontissalienne n° 203 - Septembre 2016

MONTPERREUX

L’esprit associatif

Un pilote de ligne aux commandes de l’aéro-club Pilote long courrier à Air France, Philippe Collette vit dans le Haut-Doubs où il a passé à 18 ans

son brevet de pilote privé à l’aéro-club de Pontarlier qu’il préside aujourd’hui.

Q u’il soit aux commandes d’un Boeing 777 quelque part entre Paris et Tokyo ou qu’il survole le Haut- Doubs à bord de l’un des cinq monomoteurs de l’aéro-club, le plaisir est le même. L’exigence de sécurité aussi. “C’est l’A.D.N. du pilote quel que soit l’appareil qu’il a entre les mains” , rappelle Phi- lippe Collette. Ses grands-parents étaient originaires du Haut-Doubs et sa famille a toujours gardé un pied à terre dans le secteur, aux Longevilles-Mont d’Or en l’occur- rence. Les sapins, quand on y a goûté, difficile de s’en passer. L’envie de voler, il la tient proba- blement de son père qui fut en son temps mécanicien naviguant sur Concorde, l’un des derniers avions à être piloté à trois. “J’ai toujours baigné dans cette ambiance” , pour- suit celui qui va d’abord s’initier au secret du vol à voile à l’aéro- drome de Thise où il décroche son brevet de planeur à tout juste 17 ans. En 1992, profitant de ses séjours dans le Haut-Doubs, il prend sa licence à l’aéro-club et complète son bagage en passant le brevet de pilote privé. N’est pas pilote de ligne qui veut, surtout à Air France. Ayant échoué au concours d’entrée à l’École Nationale de l’Aviation Civile, Philippe Collette ne bais- sera pas le manche pour autant. Il suivra d’abord un parcours uni- versitaire avant de postuler et d’être admis dans la filière pilote cadet d’Air France à l’âge de 25 ans.“ C’est une formation interne de la com- pagnie qui s’étale sur deux ans et demi” , explique celui qui entame alors sa carrière de pilote de ligne au début des années 2000. Il aurait pu en rester là. Mais comme il n’oublie pas ce qu’il doit à ceux qui l’ont formé bénévole- ment, le pilote long courrier reprend

Bio express

Né en 1974

l

l Vit à Montperreux, papa de deux filles Pilote long courrier Adhère à l’aéroclub de Pontarlier depuis 1992 l à Air France l

Instructeur depuis

l

2003

Philippe Collette a débuté dans l’aviation à 17 ans en passant son brevet de pilote de planeur.

des cours pour devenir instructeur à Pontarlier en 2003. “J’avais envie de renvoyer l’ascenseur en quelque sorte et de consacrer du temps à ceux qui veulent apprendre à pilo- ter.” L’avantage du service long courrier permet de libérer plusieurs jours de récupération d’affilée. Idéal pour s’établir à Montperreux, fon- der une petite famille avec deux enfants et profiter de la proximité de l’aéroport de Genève pour aller au travail. Vous ne le ferez pas changer de cap. “C’est un vrai bon- heur de vivre dans le Haut-Doubs et de pouvoir profiter de ce cadre environnemental assez exception- nel. On ne se lasse pas des paysages, même en les survolant.” Trop content de pouvoir compter sur un si bon élément, l’aéro-club ne manque pas de le solliciter. Il entre au comité en 2006 et finira par relayer Gilles Jeannin au poste

de président l’hiver dernier. “Il règne un très bon état d’esprit dans cette association qui fonctionne uni- quement sur la base du bénévolat. La formule n’est pas sans contrainte mais elle présente l’avantage de pouvoir proposer des tarifs très abordables aux can- didats pilotes.”

Loin du brouillard qui pèse en hiver dans les vallées, l’aérodrome de Pontarlier bénéficie d’une saison de vol qui peut s’étaler jusqu’à 300 jours par an. “On totalise environ 1 500 heures de vol chaque année.” Philippe Collette n’être pas près d’oublier la réussite du fameux meeting de l’été 2014 où 10 000 visiteurs s’étaient déplacés pour assister gratuitement à un spec- tacle digne des grands rendez-vous de l’aviation populaire qui ont mar- qué l’histoire de Pontarlier au début du XX ème siècle. “C’est un événe- ment très fédérateur. On a ensuite investi dans l’installation d’un éclai- rage pour le vol de nuit. Cette année, on termine la rénovation du club- house. On prévoit désormais d’ac- quérir un nouvel avion pour com- pléter la flotte” conclut un président bien occupé. n F.C.

ter un ou deux ans pour passer son brevet. On est assez tributaire des conditions climatiques dans un aérodrome où l’on ne vole qu’à vue. Chaque élève se voit attribuer un instructeur avec qui il va suivre toute sa formation théorique et pra- tique.” Si la partie théorique peut s’acquérir à domicile à partir d’ap- plications numériques, la pratique s’effectue dans les airs avec ou sans l’instructeur à bord. Plutôt avec au début. L’élève et son instructeur forment un vrai binôme. “La for- mation n’est pas hyper scientifique mais très diversifiée.” L’aéro-club met ses avions-école à disposition. Certains nécessitent des complé- ments de formation. Après le bre- vet, le pilote s’aguerrit sur des vols locaux avant d’envisager des par- cours plus lointains. “Aujourd’hui, un jeune breveté vient de partir pour Valence en Espagne.”

L’aéro-club de Pon- tarlier est en soi un véritable vivier aux métiers de l’air. Il en sort des pilotes de ligne comme Phi- lippe Collette mais aussi des pilotes dans l’aéronavale, des contrôleurs aériens, des ingé- nieurs aéronau- tiques. On recense environ 130 adhé- rents. “Il faut comp-

La filière pilote cadet d’Air France.

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