La Presse Pontissalienne 203 - Septembre 2016

MOUTHE - RÉGION DES LACS

28

La Presse Pontissalienne n° 203 - Septembre 2016

EN BREF

“Cette étude est une première en Europe de l’Ouest” ÉTUDE Le lynx dans le Haut-Doubs À l’initiative des fédérations de chasse du Doubs, Jura et Ain, des lynx seront capturés et suivis par G.P.S. ainsi que leurs proies jusqu’aux chiens de chasse durant 10 ans. But : mieux connaître l’animal, sa présence, son impact.

Travaux L’extension du réseau de chaleur entraîne des perturbations de circulation boulevard Pasteur à Pontarlier. Interdiction de circulation jusqu’à la fin des travaux. Boulevard Pasteur- voie sortante : entre la rue Anatole France et la rue Jules Ferry. La rue du Magasin reste fermée à la circulation. Les véhicules circulant boulevard Pasteur en direction de la rue des Écoussons sont déviés par la rue du D r Grenier, rue de Besançon, rue des Capucins et rue de Salins. Foire et Coulée Foire de rentrée et Coulée du mont d’or du 9 au 11 septembre, organisée par l’association Commerce Pontarlier Centre et le Syndicat Interprofessionnel de défense du mont d’or. Au programme, place d’Arçon, tous les jours de 14h à 17h : mini-ferme, vente de produits du terroir, restauration sur place. Samedi 10 et dimanche 11 septembre de 10h à 18h : lancement officiel de la saison du mont d’or avec démonstration de fabrication du mont d’or, atelier “les bambins de bois”, animation sur bois pour enfants. Samedi 10 à partir de 17h : groupe musical. www.commerce-pontarlier.com

C’ est un prédateur discret. Der- rière son pelage jaune tache- té de noir, le lynx est revenu dans le Haut-Doubs depuis une trentaine d’années. Il est établi sur les pentes du Larmont, mais aus- si Mouthe, la vallée du Dessoubre, les gorges du Doubs… et même jusqu’à Besançon. Il se plaît dans les zones rocheuses. Problème, personne n’a jamais véritablement établi une car- tographie de son implantation ou enco- re mesuré son impact sur les popula- tions de chevreuils ou chamois même si des spécialistes à l’image de Sté- phane Regazzoni, agent O.N.C.F.S. (Office nationale de la chasse et de la faune sauvage), le suivent depuis des années. Il y aurait un lynx tout les 100 km 2 dans le Doubs. Partant de ce constat, et parce que la présence du prédateur pose questions aux ges- tionnaires de la faune sauvage,

l’O.N.C.F.S., les fédérations de chasse du Doubs, Jura et de l’Ain, ont décidé d’engager une étude d’envergure sur trois départements. Si les financements ne sont pas enco- re tous trouvés, les fédérations espè- rent arriver à boucler ce dossier d’en- vergure d’ici la fin d’année. Une réunion

Le lynx est au centre de toutes les attentions (photo O.N.C.F.S.).

avec le préfet est pré- vue à l’automne : “Cet- te étude sera la première du genre en Europe de l’Ouest. Elle durera 10 ans” présente Pierre Feuvrier, directeur de la fédération de chas- se du Doubs. Les chasseurs assurent ne pas commander cet- te recherche pour obte- nir une régulation de lynx. C’est même l’in- verse. Et si les asso-

ciations de protection de l’environne- ment n’ont pas - encore - rejoint la cohorte, elles sont les bienvenues… à condition de financer. L’État et l’Uni- versité participeront. “Plutôt dire que le lynx mange les chevreuils, nous vou- lons vérifier s’il y en a trop ou pas assez. Notre problème est d’avoir des outils pour gérer au mieux afin de faire les plans de chasse. Aujourd’hui, nous sommes “au doigt mouillé” pour mesu- rer l’impact sur les proies et sur la répartition des populations de chamois

et chevreuils. On pense par exemple qu’un lynx peut faire déménager des populations” poursuit Pierre Feuvrier. Des lynx seront capturés puis suivis par G.P.S. ainsi que leurs proies. L’im- pact de la chasse sur le comportement de l’animal sera également étudié. La chasse le fait-elle aller ailleurs ? A-t- il assez de nourriture ? Toutes ces ques- tions trouveront réponse… à long ter- me. Le projet coûtera 200 000 euros par an et par fédération. n E.Ch.

Font-ils déménager les popula- tions ?

CHAUX-NEUVE

Inquiétudes

Les comptages effectués depuis six ans montrent une augmentation des effectifs sans générer des dégâts importants dans les peuplements. Cet- te dynamique de population ne rassure pas les propriétaires forestiers. La population de cerfs en croissance dans le Risoux

Le cerf conquiert peu à peu toute la haute chaîne jurassienne (photo C. Besset).

D’ où viennent les cerfs qui ont trouvé au début des années 2000 le gîte et le cou- vert du côté de Chaux-Neuve ? “On ne le sait pas vraiment. Ils pourraient provenir du Mont Tendre mais rien n’est prouvé” , estime David Clerc, technicien à la fédération de chasse du Doubs. L’espèce fait l’objet d’un suivi de population depuis 2010 où 9 individus avaient été dénombrés à la lumière des pro- jecteurs. “Ces comptages s’ef- fectuent à la sortie de l’hiver. Ce qui nous intéresse, ce n’est pas forcément le nombre exact mais

15 en 2014 et 31 pour le pro- chain plan. “On arrive à un niveau de réalisation autour de 70 %. C’est plutôt correct sachant que c’est une espèce compliquée à chasser car très méfiante.” Ces taux de réalisation en pro- gression indiquent aussi que les chasseurs locaux s’améliorent et s’adaptent à ce nouveau gibier. L’attribution des bracelets se fait de façon qualitative en trois groupes de façon équitable : mâle-daguet, femmes et faon. Les chasseurs locaux sont plu- tôt ravis de l’arrivée des cerfs. “Toutes les sociétés sont inté- ressées. C’est un bel animal, une

la manière dont évolue la popu- lation.” La courbe n’a ensuite cessé de progresser passant, par exemple, de 35 à 76 individus entre 2014 et 2016. Ces données permet- tent aussi de fixer le nombre d’attributions au plan de chas- se officialisé sous forme d’arrê- té préfectoral. “C’est le résultat d’une concertation entre les chas- seurs, les forestiers et l’admi- nistration. Chacun donne son avis pour aboutir à une propo- sition en commission départe- mentale de la faune sauvage” , complète le technicien. Un bra- celet avait été attribué en 2010,

vés ne sont pas ravis de voir la population en si bonne santé. “Depuis trois ans, on constate des traces de cerfs. Pour l’ins- tant, ce n’est pas significatif mais je suis inquiet. Il faudrait que le nombre de bracelets suive les comptages. Ce n’est pas forcé- ment le cas surtout en 2016. Je trouve aussi que le prélèvement des chasseurs n’est pas suffi- sant” , observe Gérald Monin, propriétaire de quelques hec- tares de résineux du côté de Châtelblanc.

motivation supplémentaire pour venir chasser” , indique Jean- Claude Guy, le président de l’A.C.C.A. de Chaux-Neuve. Conscient de l’impact que peut avoir l’espèce sur la forêt, il encourage les sociétés à se regrouper. “On a beaucoup gagné en efficacité quand on a mutua- lisé le plan de chasse cerf en s’as- sociant avec des sociétés privées.” L’évolution du cheptel sur le Risoux traduit également une expansion du territoire “conquis” par le cerf. “Il devrait arriver d’ici peu sur le Mont d’Or. On a fait des attributions de Chapel- le-des-Bois jusqu’à Rochejean. Des indices de présence ont aus- si été signalés sur le Laveron.” De quoi inquiéter les proprié- taires forestiers. “C’est ce qui fait peur, d’où l’intérêt d’être en capacité de garantir un équi- libre entre les enjeux forestiers et les enjeux cynégétiques. C’est toujours compliqué de faire bais- ser les populations de cerfs et le plan de chasse sera l’outil de régulation” , noteMarc Nouveau, le directeur départemental de l’O.N.F. Le sujet fait beaucoup causer et les propriétaires pri-

rable aux cervidés qu’on peut difficilement protéger et où il s’avère toujours complexe d’iden- tifier s’il y a assez de régéné- ration ou pas” , explique San- dra Perroux qui s’occupe du dossier chasse au Centre Régio- nal de la Propriété Forestière. Un cerf affamé peut donc tout à fait écorcer des tiges de 25 cm de diamètre. Le préjudice est donc plus important en altitu- de où la croissance des arbres est naturellement plus lente qu’en plaine. À la Fédération de chasse, la sérénité reste de mise. “Pour l’instant, cela se passe plutôt bien. Quelques cas d’écorçage nous ont été signalés vers Chaux- Neuve. Il n’est surtout pas ques- tion de reproduire ce qui s’est passé sur le massif du Donon dans les Vosges où les cerfs trop nombreux ont occasionné de sérieux dégâts. On ne sait pas comment évoluera la popula- tion sur le Haut-Doubs mais on agira dans le souci de mainte- nir l’équilibre” , souligne David Clerc. n

Même si le cerf mange plus d’her- be que d’espèces ligneuses, il sau- ra diversifier son menu en y inté- grant des jeunes pousses d’arbres et quelques écorces au plus froid de l’hiver. Le Risoux fait la part belle à la forêt jar- dinée avec un mélange des espèces. “C’est un mode de sylvicul- ture plus véné-

Compliqué de faire baisser les populations de cerfs.

Un cerf peut écorcer des tiges faisant jusqu’à

25 cm de diamètre.

F.C.

Made with FlippingBook Learn more on our blog