La Presse Pontissalienne 201 - Juillet 2016

LA PAGE DU FRONTALIER

La Presse Pontissalienne n° 201- Juillet 2016

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Euro de foot : comment choisir son camp aux Verrières ? VERRIÈRES La Marseillaise jouée par les Suisses Village coupé par la frontière, Les Verrières (en Suisse) et Les Verrières-de-Joux (en France) restent chauvins en matière d’Euro 2016 de foot. Chacun pour son camp même si des drapeaux suisses ou français ont investi les deux camps. Une entente cordiale.

D ans une entreprise horlogère de Saint-Imier au pied du Chas- seral, les Suisses n’enmenaient pas large le lendemain du mat- ch France-Suisse (0-0). Non pas que les supporters étaient déçus du com- portement de leur équipe…mais bien de la qualité des maillots. Sur les réseaux sociaux, les images des cinq maillots déchirés des joueurs de la “Nati” ont fait le buzz. Le Swiss Made, la rigueur, la technique, la résistance dans le temps, en ont pris un coup. “Ils ne plaisantent pas avec cela” résume une frontalière qui a pu chambrer ses collègues helvètes. L’équipementier (Puma) a vu rouge et s’est excusé, argu- mentant un “défaut de fabrication.” Au-delà de cette anecdote amusante (surtout pour les Français), l’entente demeure cordiale. La preuve aux Ver- rières-de-Joux et aux Verrières (can- ton de Neuchâtel). Ici, les deux villages ne font quasiment qu’un. Une fron- tière les sépare. Aux Verrières (Suis- se), une maison arbore fièrement les deux drapeaux sur la barrière en bois de la maison : “C’est monmari qui aime le foot et il supporte les deux équipes : la France et la Suisse” explique cette mère de famille. Et cela ne choque per- sonne. Au restaurant-bar du village, des supporters des deux camps ont donné de la voix en même temps.

La preuve, s’il en fallait encore une, de cette entente cordiale : les festivi- tés liées au 14 juillet. “Depuis l’après- guerre, l’école de musique (suisse) vient jouer La Marseillaise. La fête aura lieu le 13 juillet” , explique le maire des Ver- rières-de-Joux Jean-François Jodon. “On va les chercher le soir à la doua- ne et on défile jusqu’au monument aux morts. Les hymnes des deux pays sont toujours joués. C’est une entente cor- diale” poursuit le maire français. Le 1 er août, aux Français d’être invités de l’autre côté. Les élus tricolores font alors un discours. Quelques jours plus tard, les deux Ver- rières feront encore une fois un seul et même bourg avec lundi 18 juillet le passage du Tour de France. Les Fran-

çais supporteront Romain Bardet, Thi- baut Pinot. Les Suisses donneront de la voix pour Fabian Cancellara, le local de l’étape (l’arrivée est jugée à Berne, sa vil- le natale). Les Vari- siens (habitants des Verrières-de-Joux) et lesVerrisans (ceux des Verrières) ont de vrais points communs. n E.Ch.

“Ils jouent la Marseillaise.”

Aux Verrières (Suisse), cette maison supporte à la fois la France et la Suisse. Le 13 juillet, l’école de musique suisse jouera La Marseillaise aux Verrières-de-Joux.

ART LYRIQUE

Une coopération entre les deux pays

Un opéra franco-suisse en hommage aux poilus

La propagande en 1914, l’interdiction de l’ab- sinthe en 1915, le travail des femmes en 1916, les soucis de ravitaillement, les mutineries en 1917, l’aide aux soldats, l’Ar- mistice en 1918 pour finir par l’après-guerre.” Cette grande saga com- prend quatre person- nages principaux : une institutrice, un soldat

pièce chorale intitulée “Perdu dans la guerre” qui avait été interprétée aux manifestations du 11 novembre” , pour- suit le compositeur qui s’est lancé dans le synopsis d’un opéra relatant com- ment les Pontissaliens de l’époque ont vécu ce conflit majeur. L’historien et le compositeur sont vite tombés d’accord.À la lecture du synop- sis, Michel Renaud s’est lancé dans la rédaction du livret. Avec le souci de s’inscrire assez fidèlement dans l’his- toire locale. “On va traiter l’histoire de 1914 jusqu’aux fêtes de la paix célé- brées un peu partout en 1919.À chaque année correspond un thème spécifique.

Ce projet associe Michel Renaud pour les textes et Sylvain Muster le compositeur neuchâtelois, chef de chœur de la Campanelle. Sortie en novembre 2018 à Pontarlier.

C’est au tour du compositeur d’agir. “À raison de 10 minutes de composition pour une seconde de musique, cela repré- sentera près de 1 200 heures de travail pour aboutir à la partition complète.” Choristes, musiciens et solistes répé- teront ensuite chacun de leurs côtés pendant plusieurs mois avant de se retrouver tous ensemble à quelques semaines des représentations. Cette œuvre de coopération se décli- nera aussi avec une probable partici- pation de chœurs neuchâtelois. “Les Suisses sont prêts à collaborer d’une manière ou d’une autre” , confirme Syl- vain Muster sans oublier de signaler qu’il y aura aussi un chœur d’enfants, sans doute une classe primaire de Pon- tarlier. n La Campanelle recrute Le chœur mixte la Campanelle et son chef de chœur seraient heureux d’ac- cueillir de nouveaux choristes, en par- ticulier des hommes à l’occasion de ses nouveaux projets pour l’année 2016- 2017 : concert d’automne le 21 octobre à Pontarlier et concert avec le Requiem de Mozart au printemps 2017 qui sera chanté en France et en Suisse. Renseignements : lacampanelle25@gmail.com ou Michel Renaud au 03 81 49 86 41 07 86 54 01 49

P our avoir plusieurs fois dirigé la chorale pontissalienne lors des commémorations du 8 mai et du 11 novembre, SylvainMus- ter n’est pas insensible à la Grande guerre. “En tant que Suisse, c’est une cérémonie qui me touche. Il y a quelque chose de très poignant. Ce conflit ne concerne pas les gens de ma généra- tion mais cela fait partie de l’histoire” ,

explique Sylvain Muster aux com- mandes artistiques de la Campanelle depuis 2009. De quoi inspirer ce chef du chœur qui enseigne également le chant au conservatoire de Neuchâtel et compte déjà plusieurs opéras à son actif. “J’avais envie de faire quelque chose mais je n’arrive pas à travailler dans le vide. On avait déjà sollicité Michel Renaud pour l’écriture d’une

1 200 heures de travail.

pontissalien du 60 ème régiment d’in- fanterie à Besançon, une cafetière et Ernest Deniset, maire de Pontarlier de 1912 à 1920. L’opéra baptisé “Pon- tarlier 14-18, si loin des tranchées” mettra donc en scène quatre solistes. “Une soprano, une mezzo, un ténor et un basse. C’est le quatuor de base accom- pagné par le chœur et l’orchestre sym- phonique. On reste très classique et réaliste. Cela ne servirait à rien de fai- re une œuvre irréalisable sur le plan musical et budgétaire” , poursuit Syl- vain Muster plutôt satisfait de s’être adressé à un historien sans formation musicale. Ce travail de partage autour d’une œuvre collective fera forcément l’ob- jet d’ajustements au fur et à mesure de sa mise en musique. Là où Michel Renaud est soucieux de véracité his- torique, SylvainMuster recherche une évolution psychologique contrastée avec des drames, des moments de lies- se et d’amour. Aujourd’hui, l’écriture du livret est pratiquement achevée.

Élisabeth Dion présidente de la Campanelle, Michel Renaud l’historien et Sylvain Muster le compositeur,

unis autour d’un même opéra.

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