La Presse Pontissalienne 201 - Juillet 2016

SOCIÉTÉ

La Presse Pontissalienne n° 201- Juillet 2016

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Monseigneur Bouilleret se met en selle INÉDIT Un archevêque cycliste On est plus habitué à voir l’archevêque de Besançon dans ses vêtements liturgiques qu’en tenue de cycliste. Pourtant, Monseigneur Jean-Luc Bouilleret se passionne pour le vélo. Un sport qu’il pratique depuis plusieurs années sur de longues distances.

L es pauses sont rares dans une vie d’évêque. Alors, quand il le peut, Monseigneur Bouille- ret profite des quelquesmoments de répits que lui offre son emploi du temps pour faire du sport. “Pour moi, c’est une question de détente et de santé. C’est néces- saire pour mon équilibre de vie” confie l’ecclésiastique de 62 ans qui pratique le ski de fond, la course à pied et le cyclisme. L’homme n’est pas d’un naturel plan-plan. Son goût de l’effort l’a amené à participer au moins une dizaine de fois à la Trans- ju et à s’aligner au départ des courses longue distance de la Worldloppet. “J’ai commencé lorsque j’étais vicaire à Saint- Claude au début des années quatre-vingt” se souvient-il. Passé l’hiver, les skis sont au placard. En ce moment, c’est la pratique du vélo qui l’occupe. Jean-Luc Bouilleret roule en fonction de la météo qui n’est pas toujours clémente pour mettre le nez dehors. “J’ai dû faire 300 kilomètres depuis le début de la saison. Malheureu- sement, le temps n’est pas beau

sait à quoi s’attendre puisqu’il a souvent participé à de longs périples. “L’été, j’ai fait de longues ran- données à vélo avec des amis du Jura. La première grande virée a été de rallier Salins-les-Bains à Cannes par les Alpes. Nous avons franchi quelques grands cols comme laMadeleine, le Gali- bier, l’Iseran. Tous les ans pen- dant dix ans, nous avons sillon- né les Alpes de l’Autriche au Sud de la France. C’est la variété du relief qui fait l’intérêt du vélo” raconte Monseigneur Bouille- ret qui a eu sa première bicy- clette à 13 ans pour sa profes- sion de foi. Deux voyages ont marqué son parcours de baroudeur. Lors- qu’il était évêque d’Amiens, il a rallié dans le cadre d’un pèle- rinage la capitale de la Somme à Compostelle, soit une distan- ce de 1 900 kilomètres en 18 jours. “Ensuite, en 2013, avec des amis d’Amiens, nous sommes allés jusqu’à Rome. Remonter à vélo la rue qui mène à la place Saint-Pierre (la via della Conci- liazione N.D.L.R.), est unmoment fabuleux.”

Le cyclisme est une respiration pour notre sexagénaire qui aime- rait pouvoir rouler 2 000 à 3 000 kilomètres par an. “Je trouve que le vélo est un bon compro- mis entre la marche et la voitu- re. On a le temps de penser, de se détendre, d’être proche de la nature.” Jean-Luc Bouilleret reconnaît que l’âge venant, ses jambes ne sont plus aussi endu- rantes qu’avant. Mais il a tout de même une bonne forme phy- sique. “Je me considère comme un amateur moyen. Je trouve mon rythme en moulinant suf- fisamment et en changeant sou- vent de vitesse. J’avoue que lors- qu’on roule à 35-40 km/h sur le plat, je commence à tirer la langue. Le plus dur, c’est en début de saison. Il faut quelques sor- ties avant que l’adrénaline se mette en place” sourit-il. Il y a peu de temps, l’archevêque a remplacé son ancien vélo par une nouvelle machine plus per- formante avec “les vitesses au guidon et les pédales automa- tiques.” C’est peut-être avec cet- te bicyclette qu’il réalisera son rêve de gravir un jour l’Alpe- d’Huez et leVentoux, des pentes

et je suis très pris par ma fonc- tion, ce qui ne me permet pas de m’entraîner comme je le sou- haiterais. Néanmoins, je me suis fixé un objectif de 1 000 kilo- mètres à atteindre d’ici la mi- juillet” annonce l’archevêque de Besançon qui a une escapade à préparer. À cette date, il retrou- vera à Leipzig (Allemagne) les cyclistes de “Roulons pour l’es- poir” qui seront partis de Besan- çon quelques jours plus tôt. Il ira avec eux jusqu’à Lodz (Pologne), une étape avant Cra- covie la ville qui accueille l’édi- tion 2016 des Journées Mon-

diales de la Jeunesse (J.M.J.). L’évêque va donc parcourir plus de 500 kilomètres en quatre jours en compagnie du petit groupe. “En atten- dant, je vais essayer d’aller m’entraîner trois jours dans les Vosges pour les suivre. Car ils sont plus jeunes que moi” s’amuse-t-il. L’homme d’Église

“Je me considère comme un

Monseigneur Bouilleret roule seul le plus souvent. Sa distance habituelle est une soixantaine ade kilomètres autour de Besançon.

amateur moyen.”

mythiques sur lesquelles s’est écrite l’histoire duTour de Fran- ce, un événement que suit chaque année avec intérêt l’hom- me d’Église. Lorsqu’on lui

demande qui est son favori dans le peloton, il répond du tac au tac : “Thibaut Pinot, évidem- ment.” n T.C.

DÉFI

Quatre cordées Ils veulent arriver “tous ensemble là-haut”

L’association pontissalienne Apach’Évasion accompagne quatre personnes atteintes d’un handicap, à partir du 18 juillet, à la conquête du toit de l’Europe, le Mont Blanc.

N elly Julliard est la maman de Baptiste, 23 ans. Né avec un seul œil, le jeune homme manque de force et d’équilibre. C’est justement pour conjurer le sort que lui et trois autres personnes han- dicapées, vont s’attaquer à un défi de taille : atteindre le sommet du Mont Blanc,le toit de l’Europe perché à 4 810m d’altitude.Avec le soutien logistique de l’association pontissalienne Apa- ch’Évasion, spécialisée dans l’accom- pagnement sportif des personnes han- dicapées, le petit groupe part le 18 juillet à l’assaut du géant. Avant le grand jour, il a fallu réunir les

fonds nécessaires, plus de 20 000 euros. “C’est une somme très importante par- ce que le groupe part sur une semaine complète, avec l’hébergement, les guides de haute montagne, etc. Nous sommes particulièrement satisfaits car nous avons réussi à réunir la somme néces- saire grâce à la générosité de tous, l’or- ganisation de loteries, d’un vide-gre- niers, d’une fondue géante et de plein de petites initiatives qui ont rassemblé dumonde” se réjouit Nelly Julliard qui fera partie de la cordée de son fils. Avec Baptiste Julliard, trois autres spor- tifs sont de l’aventure : la Pontissa- lienne Anouck André, accidentée de la

Le petit groupe s’entraîne, prêt à gravir le toit de l’Europe.

route, a 26 ans. En juillet 2011, un gra- ve accident lui fait perdre l’usage du bras gauche. Ablation de la rate, frac- tures du fémur et de plusieurs cervi- cales, pour cette sportive de haut niveau, c’est le drame absolu. “Depuis deux ans, j’ai repris le sport petit à petit. J’ai réus- si à trouver la motivation pour faire du ski de fond et de randonnée. Cet acci- dent a changé un peu ma vision de la vie.Maintenant et encore plus qu’avant, je veux profiter de la vie à 200 % et ne rien regretter. Je me dis qu’avec de la motivation et de la persévérance, cette ascension sera une réussite” observe la jeune Pontissalienne. Avec eux parti- ront également Antoine Raclot, ostéo- pathe pontissalien non voyant et Gabriel Mairot de Montfaucon, unijambiste !

Ils seront chacun dans une cordée avec un accompagnateur et un guide de hau- te montagne, soit douze personnes au total. “Tous veulent montrer que mal- gré leur handicap, ils peuvent arriver à relever ce défi. L’objectif est que tous ensemble, on arrive là-haut” ajoute Nel- ly Julliard. L’Association Pour l’Ac- compagnement des

L’association œuvre pour que chaque personne, quelles que soient ses capa- cités, puisse jouir des plaisirs de la plei- ne nature, été comme hier, en mêlant plaisir et autonomie. Après le marathon de Paris et la des- cente de la Vallée blanche en fauteuil- ski, Apach’Évasion continue dans la réalisation de projets exceptionnels afin de promouvoir une image dynamique et positive du handicap. “C’est aussi l’occasionmontrer que la solidarité qui existe entre le monde du handicap et celui des valides permet à chacun d’at- teindre des sommets. Et quel sommet cette fois-ci !” commente Cédric Siron, le président de l’association pontissa- lienne. n J.-F.H.

“Je veux profiter de la vie à 200 %.”

CitoyensHandicapés pour l’Évasion, plus commu- nément appelée Apa- ch’Évasion, est née en 2007, de la volonté de per- mettre aux personnes en situation de handicap de découvrir les activités de plein air liées au sport.

Chaque année, Apach’Évasion encadre plus de 400 personnes en situation de handicap.

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