La Presse Pontissalienne 200 - Juin 2016

LA PAGE DU FRONTALIER

La Presse Pontissalienne n°200 - Juin 2016

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EN BREF

OUVRAGE

Polémique

perçu par les anciens frontaliers.

“Le frontalier ou le Français

Arc-sous-Cicon Dimanche 12 juin se déroule “L’Arquillone”, randonnée V.T.T., pédestre et cyclotourisme, à Arc- sous-Cicon. Plusieurs parcours sont proposés. Ils sont nouveaux pour la plupart. Les départs se

doit fermer sa gueule !”

M arie Maurisse l’avoue. Si elle a cherché à faire réagir, elle ne s’attendait pas à soulever autant de réactions - parfois violentes - avec son ouvrage intitulé “Bienvenue au paradis” sorti aux édi- tions Stock. Le livre-enquête publié en avril dernier a fait le “buzz” en Suisse parce qu’il dénonce le racisme. Les Fran- çais seraient en Suisse ce que sont les Roms et les Maghrébins sont en Fran- ce. Nos voisins, d’ordinaires si neutres, ont tour à tour dénoncé cet ouvrage sur la vie des Français installés en Suisse et des frontaliers au motif qu’il ne s’ap- puyait que sur des clichés. “Qu’une Fran- publie un livre-enquête sur la vie des Français en Suisse. Elle évoque le racisme croissant, le faux eldorado, les discrimina- tions au travail, l’accès aux logements. Son ouvrage a fait bondir nos voisins. Correspondante pour le journal Le Monde à Lausanne, Marie Maurisse

font depuis la salle d’accueil du village. Renseignements : 06 95 77 10 75. Conférence

Jeudi 9 juin à 20 h 30, à l’Espace Ménétrier de Valdahon, une conférence sur le thème “Cet adolescent qui nous questionne” sera proposé et animé par Emmanuel Davoust, psychopraticien à Besançon. Cette manifestation se déroule dans le cadre de l’Université Ouverte. Entrée libre. Erratum Une petite erreur s’est glissée dans l’adresse d’un restaurant mentionné dans le numéro 198 de La Presse Pontissalienne. Le restaurant “Chez ma sœur” rue Sainte-Anne et non pas rue de la Gare. Concert Samedi 11 juin à Valdahon se déroule la seconde édition de “Jazz au kiosque” à partir de 16 heures, au centre-ville.

Marie Maurisse, journaliste pour Le Monde en Suisse, dénonce le racisme grandissant à l’égard des Français notamment à Vaud, Genève et dans le Valais.

çaise se permette de criti- quer la Suisse, cela n’a pas plu. Les réactions ont été virulentes mais j’ai eu aus- si des retours positifs. En Suisse, il y a aussi des gens agressifs. Ce n’est pas que le pays des Bisounours” dit l’auteur installée à Lau- sanne depuis 7 ans. Elle a choisi la Suisse pour des raisons familiales. Malgré son accent chan- tonnant du Sud de la Fran- ce, Marie Maurisse (33 ans) a appris durant ces années à mettre de la crème dans

Ils reprochent de ne venir que pour fai- re un coup financier et alimenter le dum- ping salarial” commente la Française qui a notamment collaboré pour un journal en Suisse alémanique. Si elle s’est décidée à jeter le pavé dans la mare, c’est aussi pour faire réagir : “L’in- tégration, la Suisse la voit uniquement par l’économie et met sous le couvercle tous les autres problèmes. Pourtant, dans des sociétés, les salariés français déjeunent d’un côté, les Suisses de l’autre. Le frontalier est devenu une menace. Les partis politiques ont cessé de com- battre l’U.D.C. Il faut une réflexion des politiques suisses, des patrons” com- mente Marie Maurisse. Les chapitres de son ouvrage traitent des exilés fiscaux, “qui font ce qu’ils veu- lent” , de la déprime des femmes d’ex- patriés s’ennuyant à mourir dans leurs maisons cossues, du salaire des rési- dents (voire des frontaliers) pas si miro- bolants, du racisme croissant avec l’exemple du meurtre de ce cadre fran- çais régulièrement traité de “parasite” par ses collègues ou encore de l’arro- gance française vue par les Suisses. Marie Maurisse s’explique : “Le rapport au travail est très différent en Suisse : il est plus collectif et moins compétitif qu’en France. Le conflit et le débat sont quasi-absents. Frontalier ou Français, on doit fermer sa gueule (sic). Il faut parler moins fort que les autres. Atten- tion à l’image” conseille-t-elle. Si l’herbe n’est pas si verte que cela chez le voisin, Marie Maurisse a tou- tefois décidé d’y demeurer. La Fran- çaise n’a pas encore décidé si elle deman- dera la nationalité helvète… n E.Ch. “Bienvenue au paradis” enquête sur la vie des Français en Suisse par Marie Maurisse, éditions Stock. 18 euros.

“À table, Français

d’un côté, Suisses de l’autre.”

son lait, dire “septante”, faire les trois bises… La jeune femme a surtout été confrontée “au bizutage suisse”. La spé- cialiste des questions fiscales décrit cela au fil des deux cents pages. Pas un cli- ché n’est épargné, du Rivella au S.M.I.C. suisse à 3 000 francs, en passant par le racisme exacerbé, les planqués fiscaux bien accueillis, les villes suisses mortes après 22 heures, la chasse aux “Frouzes”, la froideur des habitants, les freins à l’accès au logement, les réprimandes sur les routes lorsque vous êtes imma- triculé français. “Certains Suisses ont critiqué mon travail, ce qui est facile, mais ils n’ont pas fait de contre-enquê- te” poursuit la journaliste. Elle a interrogé des salariés, résidents, patrons, experts, s’est appuyée sur des faits. Elle convient que son analyse, valable pour les cantons deVaud,Valais et Genè- ve, l’est moins pour Neuchâtel : “J’ai interrogé des personnes à Neuchâtel. Là-bas, cela se passe un peu mieux car il y a une identité partagée du fait de l’horlogerie et parce que des frontaliers le sont de père en fils. Mais là-bas aus- si des tensions se font sentir car le fron- talier venu de loin est mal perçu. Il ne connaît pas les mœurs. Il est parfois mal

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