La Presse Pontissalienne 200 - Juin 2016

38 UN VILLAGE À L’HONNEUR

La Presse Pontissalienne n° 200 - Juin 2016

l Personnage

Le bois et la pierre

Jérôme Boutteçon en quête d’excellence artisanale Ce marqueteur d’art qui exerce aujourd’hui son savoir-faire dans les plus hautes sphères horlogères réalise aussi une tour en pierres de taille à l’entrée de sa maison. Patrimoine.

I l s’est inspiré de l’entrée du château deCléron et s’est donné dix ans pour achever sonœuvre. “C’est d’abordun loisir” , souligne Jérôme Boutteçon soucieuxde faire les chosesdans les règles de l’art. La tourelle et son mur de rem- part prennent forme.Le jardin est recou-

vert de tas de pierres et de linteaux récu- pérés à droite à gauche en vue du chan- tier. Dans un coin, le châtelain dévoile l’encadrement en pierre d’une ancienne porte de grange qui lui serviraà construi- re l’arche d’entrée s’appuyant sur la tou- relle. Tout est prévu. Jérôme Boutteçon

a déjà baptisé son chef-d’œuvre au nom deRenéeTosi,samère trop tôt disparue. Originaire d’Amancey depuis plusieurs générations,il a grandi dans l’amour des belles choses et le respect de ceux qui nous ont précédés ici-bas. Par exemple, sagrand-mère qui tenait l’hôtel desVoya- geurs à Amancey. Une table alors très réputéepour ses bécasses,civets de lièvre, grenouilles,escargots,truitesde laLoue… “De par cette éducation, je suis toujours resté très attaché à l’idée des anciens sur- tout ceux qui ont laissé des traces authen- tiques.” On comprend mieux cette pas- sion de la pierre dont il rêvait d’ailleurs de faire son métier avant que son père l’oriente dans les métiers du bois. Il se formera à Moirans-en-Montagne puis à Luxeuil en compilant des C.A.P. en ébénisterie, marqueterie, tournerie, le tout agrémenté d’une certification en sculpture sur bois. Il met en application ses acquis dans un atelier alsacien où il travaille plusieurs années. “C’est là que j’ai compris que l’on pourrait repousser les limites de la marqueterie. J’ai aussi eu la chance de bénéficier de l’expérien- ce d’artisans confirmés.D’où l’importance de transmettre.” C’est l’heure du retour aupays pour Jérô- me Boutteçon qui bâtit à Amancey sur un terrain ayant appartenu à son aïeu- le. Les racines. Il travaille alors à Sain- te-Croix dans un atelier fabricant des écrins et coffrets en marqueterie : boîte

Jérôme Boutteçon s’est inspiré de l’entrée du château de Cléron pour tailler une tourelle par où il rentrera chez lui.

à cigares, boîtes à musique exportées dans le monde entier… Les pièces du puzzle s’imbriquent peu à peu. “Une manufacture horlogère suisse nous a sol- licités pour des pendulettesmarquetées.”

d’œuvre d’art. Tenu à la confidentialité, lemarqueteur d’Amancey a l’insigne pri- vilège de pouvoir exercer àdomicile. “J’ai tous les avantages du travailleur fron- talier sans les inconvénients.” Dans son contrat, il doit aussi former ceux qui pérenniseront lemétier.Sans regret,sans remords,il s’épanouit dans sonparcours. “Je sais aujourd’hui que c’étaient les bons choix. Je vis dans la plénitude d’avoir réussi mon chemin professionnel.” D’au- tant plus qu’avec sa tour médiévale ou dans sonmétier,il a le sentiment de per- pétuer un peu ce que d’autres ont trans- mis depuis des générations.Il faitœuvre de conservation. n

L’opportunité d’entrer dans lahaute horlogerie où il exerce depuis une dizained’annéesenfabri- quant des fonds de cadran comprenant par- fois plusieurs centaines de pièces. “ On travaille au 1/100 ème .” Le temps n’a plus d’im- portance quand il s’agit

Il fait œuvre de conservation.

Le marqueteur réalise des fonds de cadran d’une précision inégalée pour la haute horlogerie suisse.

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