La Presse Pontissalienne 200 - Juin 2016

FRASNE - LEVIER

La Presse Pontissalienne n° 200 - Juin 2016 33

BIANS-LES-USIERS La Z.E.L.A.C. de Pissenavache Campagnols : aux sources de la lutte raisonnée Une dizaine d’agriculteurs de l’Aubrac sont venus s’inspirer des méthodes de lutte alternatives mises en œuvre depuis 20 ans dans le Haut-Doubs. Échanges.

Producteur laitier à

L e Haut-Doubs n’est pas le seul terroir où sévit le cam- pagnol qui se distingue aussi sur le plateau de l’Aubrac. “Ce phénomène n’est pas nouveaumais il tend à s’am- plifier. Il y a eu une forte pullu- lation en 2015 et on recherche des solutions” , explique Étien- ne Herault, technicien au pro- jet du Parc naturel Régional de l’Aubrac. Face au fléau, le syn-

Pissenavache, Fabrice Berne le président de la Z.E.L.A.C. a expliqué l’intérêt et les contraintes de la lutte à basse densité.

dicat mixte de préfiguration du P.N.R. Aubrac a développé un programme d’actions associant agriculteurs, chercheurs des uni- versités de Clermont-Ferrand et de Franche-Comté, les F.R.E.D.O.N. et chambres d’agri- culture des régions et départe- ments couvrant l’Aubrac. “On a formé des petites zones pilotes associant des groupes de 5 à 10 agriculteurs volontaires.” Sur

ces zones seront appliqués et adaptés des systèmes de lutte combinée dans l’objectif de les généraliser ensuite sur tous les secteurs infestés. D’où l’idée d’or- ganiser deux journées de tra- vail en Franche-Comté. L’échange a eu lieu début mai et comportait notamment des déplacements sur les zones expé- rimentales à savoir la Z.E.L.A.C. à Pissenavache et la C.L.A.C. à

Charquemont. La mise en pla- ce de la Z.E.L.A.C. remonte aux années quatre-vingt-dix à l’époque où l’abus de broma- diolone faisait tant de dégâts sur la faune non-cible sans pour autant régler le problème des pullulations. “C’est la première zone où l’on a expérimenté les méthodes alternatives. La zone s’étendait au départ sur 300 hec- tares d’un seul tenant et fédé-

reconnaît celui qui est prati- quement le dernier à pratiquer la lutte raisonnée. Avec le temps, beaucoup d’agri- culteurs ont fini par baisser les bras. “Sans une démarche col- lective, ce sera dur pour lui de contenir seul l’appétit du cam- pagnol” , admet Geoffroy Cou- val. Il n’en reste pas moins de précieux acquis. “On sait désor- mais que l’idée de la réussite, c’est d’avoir différentes méthodes. On sait aussi l’importance de maintenir la lutte sans jamais s’arrêter. L’éradication du cam- pagnol est techniquement impos- sible. Elle causerait trop de dégâts sur le plan agricole. Il fait aujourd’hui prendre en comp- te le fait que le campagnol, on va vivre avec” , complète le cher- cheur Patrick Giraudoux. Les agriculteurs de l’Aubrac écoutent attentivement. “Chez nous, les conditions d’exploita- tion sont différentes. On travaille des parcelles plus petites avec une agriculture basée sur l’éle- vage de vaches allaitantes de race Aubrac. On est venu ici pour prendre des idées en sachant bien qu’on ne pourra pas tout transposer. On constate qu’il n’y a pas de solution miracle. C’est un travail de longue haleine qui impose d’intervenir tôt et régu- lièrement” , commente Serge, l’un des éleveurs venus écouter ses homologues comtois. Sans savoir si sa ténacité sera récompen- sée, Fabrice Berne dresse néan- moins des constats encoura- geants. “L’avantage de faire ce que je fais, j’ai le sentiment d’avoir une flore meilleure que les autres et du foin très propre. D’autre part, je suis très bas en frais vété- rinaires.” n

rait une dizaine d’agriculteurs. Elle a servi de support au plan d’actions qui s’est déroulé de 2000 à 2006. Ce plan qui était soutenu à hauteur de 6 millions d’euros mobilisait 12 techniciens et des chercheurs de l’universi- té de Besançon. La démarche a abouti à la mise en application de la boîte à outils : lutte contre la taupe, plantation de haie, rou- leau à plots, perchoirs, labours…” , résume Goeffroy Couval, ingé- nieur d’étude à la F.R.E.D.O.N. Franche-Comté en ajoutant que “l’erreur a été de vouloir étendre la zone à 1 000 hectares, ce qui a découragé les autres agricul- teurs.” Car aujourd’hui, la référence Z.E.L.A.C. n’est plus que l’ombre d’elle-même. Fabrice Berne son président actuel ne peut que le déplorer en accueillant les agri- culteurs de l’Aubrac sur son exploitation. “J’ai la chance d’avoir tout mon parcellaire, soit 90 hectares regroupés autour de la ferme. La lutte contre le cam- pagnol, j’y passe pratiquement

deux demi-jour- nées par semai- ne. C’est la contrainte de la basse densité même si j’ai quand même été obligé de traiter l’automne dernier car j’étais dépas- sé par la pullu- lation. J’ai alors traité 70 hectares en octobre et décembre sur une base de 4 kg de blé à l’hectare. Par contre, des taupes, je n’en ai plus” ,

“Il n’y a pas de solution miracle.”

Les éleveurs de l’Aubrac étaient venus écouter le témoignage de Fabrice Berne l’un des derniers à prati- quer la lutte raisonnée au niveau de la Z.E.L.A.C.

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