La Presse Pontissalienne 200 - Juin 2016

LE DOSSIER

La Presse Pontissalienne n° 200 - Juin 2016

20

QUEL AVENIR POUR LE COMMERCE DU CENTRE-VILLE ?

L’image florissante d’une capitale du Haut-Doubs à forte attractivité commerciale masque une réalité plus nuancée avec un centre-ville qui semble en retrait des zones. Pourquoi ? Comment ? Éléments de réponse.

l Stratégie

La tendance du commerce

Le centre-ville réduit

à la portion congrue ?

T rop de commerces tue le commerce. C’est un peu le sentiment qui vient à l’esprit de Syl- vie Dabère, la présidente de Commerce Pontarlier Centre (C.P.C.) quand elle observe com- ment la situation évolue sur le bassin pontissalien. “La densi- té ne cesse d’augmenter sur une base de population qui progres- se certes mais pas aussi rapi- dement. Il suffit de faire un tour au centre-ville pour constater le nombre de pas-de-porte vides. Tous ne le sont pas pour des rai- sons économiques et jusqu’à pré- sent, il y a toujours du renou- vellement. Je reste persuadée que le centre-ville peut large- ment exister mais il faut qu’il soit étoffé et ne se réduise pas à la Grande rue, sinon c’est cuit.” La commerçante s’inscrit en faux et des grandes enseignes qui progressent au détriment des petits. Si Pontarlier reste une place forte commerciale, il semblerait que cette dynamique soit surtout le fait des zones périphériques

quand elle entend dire que la clientèle suisse représente jus- qu’à 20 % du chiffre d’affaires des commerçants pontissaliens. Le propos vaut probablement pour la grande distribution, les franchises porteuses et quelques niches de produits très favo- rables aux Suisses. La réalité est cependant beaucoup plus nuancée chez les petits com- merçants indépendants. Certains se plaignent des diffi- cultés d’accès, du plan de cir- culation. “Le centre-ville qui était en pole position est aujourd’hui en queue de peloton. Cela doit nous interpeller. Il y a plein de choses qui fonctionnent à l’ima- ge de l’association C.P.C. Mais cela devient de plus en plus com- plexe d’accéder au centre-ville en période de pointe.À cela s’ajou- te la problématique du station- nement. Je suis juste un peu inquiet pour ceux qui vont suivre. Je ne voudrais pas qu’on se retrouve avec un centre-ville fan- tôme” , craint Georges Bonnet de la boucherie-charcuterie épo- nyme. Quelques commerçants, pas tous, jouent la carte d’une double implantation. Sylvie Dabère en parle en connaissance de cause puisqu’elle a un second maga- sin sur la zone Hyper U axé sur le vêtement de travail. “Je peux difficilement comparer l’activi- té car les produits ne sont pas du tout les mêmes. Au niveau de

marcher quelques minutes plu- tôt que de toujours vouloir se garer le plus près possible. Les commerçants qui ont eu l’occa- sion de travailler dans des grandes villes ne voient à Pon- tarlier aucun souci de station- nement. Alors quel avenir pour le com- merce pontissalien ? La situa- tion n’est peut-être pas aussi reluisante qu’avant, sans pour autant être dramatique. Le centre peut encore s’appuyer sur une association de com- merçants particulièrement entre- prenante. Il n’y a sans doute jamais eu autant d’animations commerciales qu’aujourd’hui. Preuve de ce dynamisme, on vient de partout observer ce qui se passe au cœur de la cité pon- tissalienne notamment avec la nouvelle carte Altitude qui n’en finit pas de faire des envieux. Qu’on aime ou pas, le cadre urbain a été complètement réno- vé. Si la rocade a pour effet de dévier les flux venant de la man- ne helvétique vers les zones com- merciales, on imagine mal tou- te cette circulation transiter en ville. Si le politique n’est pas responsable de tout, il faut jus- te espérer que le parc d’activi- té des Gravilliers ne devienne pas la cinquième zone com- merciale du bassin de vie pon- tissalien. On nous l’a promis. Croisons les doigts. n F.C.

la fréquentation, je ne me fais aucun souci en zone alors que c’est plus difficile de se posi- tionner en ville.” À l’image des franchises, un com- merçant indépendant peut dif- ficilement se passer d’une marque phare, surtout dans le secteur des biens à la person- ne. Certains font le choix de l’af- filiation. Une manière comme une autre de travailler en par- tenariat sans perdre son âme. Car, et c’est là que réside tout le paradoxe, l’originalité d’un centre-ville repose d’abord sur le commerce indépendant. Au risque de tomber dans la bana- lisation. Inversement, le centre- ville ne peut plus trop se pas- ser de franchises très porteuses à l’image de Célio, Bonobo, Cache-Cache qui ont un fort pou- voir d’attraction.

Faux problème ou vraie galère : le sta- tionnement revient sans arrêt dans le débat. On a beau prendre le sujet dans tous les sens, on se retrouve toujours dans la même confi- guration avec un centre-ville vite rem- pli et l’aménagement de nouveaux par- kings qui couvri- raient largement les besoins pour peu qu’on s’habitue à

“Éviter de se retrouver avec un centre- ville fantôme.”

“Le nombre d’enseignes se multiplie mais le gâteau ne grossit pas aussi vite”, résume Sylvie Dabère qui préside l’association Commerce Pontarlier Centre.

Made with FlippingBook - professional solution for displaying marketing and sales documents online