La Presse Pontissalienne 199 - Mai 2016

La Presse Pontissalienne n° 199 - Mai 2016

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l Emploi

Décryptage

Les chiffres de l’emploi frontalier en trompe-l’œil Le canton de Neuchâtel annonce une diminution du taux de chômage alors que les annonces de licenciement se multiplient. Astuce : les frontaliers ne sont pas comptabilisés par les statistiques suisses. Explication (graphiques source O.F.S.).

janvier 2011 et mars 2016, le taux de chômage dans le canton de Neuchâtel a affiché un taux de chômage minimum de 4,2 % en septembre 2011 et un maxi- mum de 6,4 % en janvier et février 2016. Le canton de Neuchâtel est le canton suisse souffrant du taux de chômage le plus élevé. n Propos recueillis par E.Ch. Autre explication qui tend à montrer que les chiffres du chômage ne représen- tent pas toujours la réalité à l’instant T : c’est la période dite de “dédite” (la caren- ce en France) que les frontaliers licen- ciés doivent respecter. Elle peut varier de 1 à 3 mois selon la durée passée dans l’entreprise. Durant cette période, le licencié est chez lui mais n’a pas enco- re pointé à Pôle emploi. “Cela décale donc les chiffres du chômage de 3 à 6 mois” poursuit U.N.I.A. n Zoom Le phénomène de la dédite

L a Presse Pontissalienne : Confir- mez-vous que les frontaliers ne sont pas comptabilisés dans vos statis- tiques suisses ? Valérie Gianoli (cheffe du service du départe- ment de l’économie et de l’action sociale - can- ton de Neuchâtel) : Le taux de chômage des cantons suisses met en effet en rela- tion le nombre de chômeurs inscrits résidant dans le canton et la popula- tion active du canton. Ainsi, l’engage- ment ou le licenciement d’employés frontaliers n’a aucune influence sur le taux de chômage suisse.

annuelle, alors qu’il a augmenté de 4,9 % dans le secteur tertiaire. Il convien- drait donc de mettre en perspective le profil des nouvelles inscriptions de fron- taliers à Pôle emploi avec les désins- criptions. Il est également possible que des postes aient été pourvus par de “nouveaux” frontaliers mais nous n’avons, de notre côté, pas de moyen de le vérifier. L.P.P. : Faut-il en conclure que les frontaliers sont les premiers touchés par les plans sociaux ? V.G. : Non. Si le taux de chômage a bais-

sé le mois dernier, c’est essentiellement lié à des effets saisonniers. L’activité dans certains domaines (notamment la construction) a diminué drastiquement durant les mois d’hiver et une reprise au mois de mars est habituelle. De plus, même si le taux de chômage a diminué le mois dernier, il a augmenté sur les douze derniers mois, notamment dans le secteur industriel. Ainsi, les tra- vailleurs résidents dans le canton de Neuchâtel sont aussi touchés par la mauvaise conjoncture dans l’industrie, comme les travailleurs frontaliers. Entre

L.P.P. : N’y a-t-il pas un décalage entre vos chiffres et les plans de licenciements annon- cés qui viendront grossir les statistiques fran- çaises ? V.G. : Effectivement, au quatrième tri- mestre 2015, l’effectif des travailleurs frontaliers a atteint près de 12 050 per- sonnes. Le nombre d’emplois occupés par des frontaliers suit donc encore une tendance à la hausse dans le canton de Neuchâtel. Toutefois, il convient de rele- ver que dans le secteur secondaire (industrie notamment), l’effectif de fron- taliers a diminué d’1,5 % en variation

l Risque Le marché horloger peut changer de mains La montre connectée

Frontaliers du Doubs dans le canton de Neuchâtel (2002-2014) l 2002 : ......................................10 715 l 2003 : ......................................10 937 l 2004 : ......................................11 412 l 2005 : ......................................12 087 l 2006 : ......................................13 614 l 2007 : ......................................15 875 l 2008 : ......................................17 208 l 2009 : ......................................16 811 l 2010 : ......................................17 050 l 2011 :........................................18 857 l 2012 : ......................................20 723 l 2013 : ......................................21 664 l 2014 : ....................................... 22 352 (soit 30 084 frontaliers en Franche-Comté dont 5 043 du Jura et 2 689 du Territoire-de-Belfort) Source : Office de la statistique du canton de Neuchâtel

redistribue les cartes

E t si l’horlogerie suis- se avait plus à craindre de l’événe- ment fulgurant de la montre connectée que de la crise économique qui désta- bilise ses marchés de prédi- lection ? La question a nour- ri des discussions dans les allées du dernier salon de Bâle. Car pour l’instant, à l’ex- ception de Tag Heuer et de son modèle Carrera connec- té, les marques passent à côté de cette innovation techno- logique qui fait entrer la montre dans une nouvelle ère. Le marché de l’horlogerie, au moins celui du moyen de gam- me, pourrait même changer de main à court terme avec les horlogers suisses tardent à réagir pour affronter ce nouveau défi technologique qui pourrait faire changer de mains le marché de la montre. Alors qu’Apple cartonne avec sa montre connectée,

Constantin au Brassus et à La Côte- aux-Fées.

Frontaliers dans le canton de Vaud (2010-2015)

l’entrée dans la ronde d’Apple. La firme américaine carton- ne depuis un an avec son Apple Watch connectée, ven- due à plus de 13 millions d’unités à travers le monde. “Ce qui aurait généré un chiffre d’affaires voisin des 6 milliards de dollars. Ce qui signifierait queApple est désor- mais le “premier horloger du monde” constate l’expert Gré- gory Pons, sur son site d’in- formation Business Montres dédiée à l’actualité de l’hor- logerie. Les réactions de l’horlogerie suisse se font attendre. Certes les très grandes marques de luxe qui sont des valeurs sûres

re” précise encore Grégory Pons. Ce qui est surprenant, c’est que l’histoire ne sert visible- ment pas de leçon. Elle se répète même. Dans les années soixante-dix, les horlogers suisses comme les Français n’ont accordé aucune consi- dération à des montres fabri- quées en Asie qui fonction- naient avec une technologie nouvelle : le quartz. On a vu le résultat. Des dizaines de milliers d’emplois ont été sup- primés en vingt ans de part et d’autre de la frontière. Attendons de voir comment réagiront les horlogers suisses face à ce nouveau défi. n

de la montre mécanique de prestige ne devraient pas être inquiétées. Une fois encore, c’est le segment du moyen de gamme, qui pourrait être déstabilisé par l’onde de choc. Lorsqu’un client a à arbitrer entre une montre connectée et une montre traditionnelle à budget égal, il est probable qu’il fasse le choix de la ten- dance. “Il est à peu près cer- tain que les ventes de l’Apple Watch ont également grigno- té les parts de marché des montres suisses un peu par- tout dans le monde : ce ne sont pas les 16,3 % de chute des exportations horlogères suisses en mars qui diront le contrai-

l 2010 : ......................................18 831 l 2011 : .......................................21 389 l 2012 : ......................................23 744 l 2013 : ......................................25 479 l 2014 : ......................................26 784 l 1 er trimestre 2015 : ..................26 788 dont 26 650 habitent en France l 2 ème trimestre : ........................27 230 dont 27 086 habitent en France l 3 ème trimestre : ........................27 841 dont 27 694 habitent en France l 4 ème trimestre : ........................28 312 dont 28 160 habitent en France

Source : statistique des frontaliers (S.T.A.F.)

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