La Presse Pontissalienne 199 - Mai 2016

LE PORTRAIT

43 La Presse Pontissalienne n° 199 - Mai 2016

VILLE-DU-PONT

Secrétaire général des J.A.

Florent Dornier, un agriculteur à fond la musette Ce jeune producteur de lait à comté ne fait jamais les choses à moitié que ce soit pour assouvir sa passion musicale ou pour défendre les intérêts de sa profession. Un homme pressé.

À 33 ans, il affiche la maturité d’un vieux briscard rompu aux joutes syndicales et agricoles. Sans doute le fait d’avoir déjà pas mal circulé et côtoyé des leaders politiques et économiques de tous bords. Entré au conseil d’administration des Jeunes Agriculteurs en 2014, Flo- rent Dornier avait ensuite été promu secrétaire général deux ans plus tard. “Je quitte la fonction en juin prochain, annonce celui qui ne regrette absolument pas cet enga- gement au plus haut niveau natio- nal. Cette expérience m’a permis de visiter toute la France. Cela rend moins nombriliste que de tourner en vase clos sur sa ferme. J’ai vécu des moments très forts et d’autres beaucoup plus durs surtout dans le contexte actuel. La semaine der- nière, on a rencontré le ministre américain de l’Agriculture. Dans un autre domaine, on a été amené à discuter avec Michel-Édouard Leclerc. C’est là qu’on comprend

Bio express

33 ans

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Marié, 2 enfants Agriculteur à Ville-du-Pont Secrétaire général des J.A.

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Passions : accordéon, guitare

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Accordéon en main ou dans la défense de sa profession agricole, Florent Dornier va toujours au fond des choses.

que les J.A. ont un rôle à jouer alors qu’au niveau local, on nous assimile plutôt à des anima- teurs de territoire.” Dans quelques mois donc, il redeviendra producteur laitier à temps plein sur la ferme de la Tille à Ville-du-Pont. Envie de se recentrer sur son métier et sa vie familiale pour celui qui attend bientôt un troisième enfant. “Je ne souhaite pas reprendre des res- ponsabilités syndi- cales car je n’ai pas envie de jouer les vieux sages. Je reste simple adhérent.”

Même si on comprend cette volonté de se poser, difficile de l’imaginer loin des cercles militants. Élevé sur la ferme familiale de la Pria à Hauterive-la-Fresse, Flo- rent Dornier a toujours voulu être paysan.À 21 ans, il arrêtera même ses études en première année de B.T.S. agricole pour saisir l’oppor- tunité de reprendre la ferme de la Tille. Son installation correspond aussi à son engagement au sein des J.A. où il milite du cantonal au national en présidant notamment le comité de pilotage du Congrès national qui s’était tenu à Pontar- lier en 2012. “Les J.A. m’ont apporté tout autant que si j’avais continué mes études. Comme dans d’autres syndicats, on bénéficie de forma- tions spécifiques sur l’engagement, la prise de parole, les dossiers tech- niques…Enmilitant, on évite aussi

demande soin avis sur la dyna- mique comté, il insiste sur le rôle de l’interprofession gardienne du temple. “Ceux qui ne veulent pas respecter le cahier des charges doi- vent sortir de la filière. Il faut faire preuve de fermeté si l’on veut conser- ver ce modèle que tout le monde nous envie aujourd’hui.” Au der- nier congrès des J.A., le secrétaire général a fait le buzz en accueil- lant le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll de façon origi- nale. Accordéon en main, il lui a interprété un alléluia mémorable. Car en même temps qu’il gamba- dait derrière les vaches, le jeune Dornier s’initiait aussi au piano à bretelles. Une tradition dans cette famille musicienne. À 17 ans, il anime tout seul sa première soi- rée dansante. Puis c’est la nais- sance du groupe Frénésie avec Jean-

Philippe au clavier, Lionel à la bat- terie et au chant Stéphanie sa future épouse. Pendant 10 ans, l’or- chestre va écumer les bals et soi- rées. Les nuits sont courtes à la Tille. “On a arrêté en 2012 car cela devenait impossible de tout conci- lier. On joue encore une ou deux fois par an pour le fun.” L’accordéoniste qui grattouille aussi de la guitare collabore actuelle- ment avec Gilles Petitjean à la com- position d’une sorte d’hymne ras- sembleur, en l’honneur des J.A. “Il nous manque un chant dans lequel on puisse s’identifier, véhiculer nos combats et nos valeurs.” Ce mor- ceau devrait être joué au prochain congrès national qui se tiendra à Mâcon du 31 mai au 2 juin. Pour Florent Dornier, l’occasion de repar- tir en chanson. n F.C.

de tomber dans le cloisonnement. Aux J.A., on défend tous les modèles du moment qu’ils soient viables.” Florent Dornier souligne égale- ment les grandes évolutions en lien avec les travaux des J.A. : les plans d’entreprise avec différents scé- narios dans le parcours à l’instal- lation, l’aide directe à l’investisse- ment en remplacement des prêts bonifiés, la traçabilité instaurée sur les produits transformés ven- dus en France… Personnellement, il s’est beaucoup investi en faveur de la coopération. Logique pour un producteur de lait à comté sociétaire de la fruitière des Jarrons. “Il faut absolument reprendre la main sur les outils coopératifs. On a aussi travaillé sur la contractualisation avec trois piliers de base : un volume, un prix et une durée” dit-il. Quand on lui

“Je n’ai pas envie de jouer les vieux sages.”

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