La Presse Pontissalienne 199 - Mai 2016

MOUTHE - RÉGION DES LACS 26

La Presse Pontissalienne n° 199 - Mai 2016

Zoom Visite commentée et navette inter-rives Le bateau à passagers naviguera cet été avec au program- me des visites découvertes du plan d’eau et des navettes entre les plages de Malbuisson et Saint-Point. Explications.

SAINT-POINT Un bateau électrique Le chantier naval franco-suisse fait mouche à Saint-Point L’entreprise de Villers-le-Lac

C e nouveau bateau à passagers puisqu’il faut l’appeler ainsi, pourra battre sans complexe pavillonHaut-Doubs. L’occasion d’abord de saluer l’audace et la téna- cité de David Jeannerod son futur pro- priétaire persuadé qu’il existe large- ment de quoi valoriser une telle activité touristique au lac Saint-Point. “J’y pen- se depuis 2010. Une telle affaire sup- pose de pouvoir naviguer toute l’année sur un lac de moyenne montagne. La solution passe par un bateau à passa- gers couvert et chauffé” , explique celui qui exploitait jusqu’à présent un parc de jeux aquatiques basé Saint-Point en se diversifiant ensuite dans la loca- tion de pédalos et de petits bateaux électriques. Autant dire qu’il connaît bien son affaire. Mais un tel projet n’est pas sans contrainte puisqu’il suppose de modi- fier le règlement de navigation du lac Saint-Point en y intégrant un chapitre lié au transport de passagers. Ce tra- vail de longue haleine est piloté par la sous-préfecture de Pontarlier qui agit en concertation avec le comité de sui- vi autour du lac. La démarche sert à déterminer le cadre à respecter en termes de dimensions, motorisation, nombre de passagers. “On est parti sur un bateau de 24 places, couvert et chauf- fé à énergie électro-solaire et équipé de panneaux photovoltaïques. Ce qui nous permettra d’avoir 10 % d’autonomie supplémentaire.” Après la technique, reste à réunir les fonds nécessaires. Conscient de l’inté- rêt touristique d’un tel équipement, la électro-solaire qui naviguera cet été sur les eaux du lac Saint-Point. travaille depuis quelques semaines à la fabrication d’un bateau à passagers

“La construction représente 50 % de notre chiffre d’affaires” note Ray- mond Michel.

La Presse Pontissalienne : Êtes-vous prêt pour cette nouvelle aventure ? David Jeannerod : Je viens d’obtenir mon permis de navigation. Le bateau sera basé à Malbuisson. C’est la seule pla- ge autour du lac qui puisse être faci- lement labellisée Tourisme et handi- cap. On arrête les activités aqua-ludiques pour se concentrer sur la navigation. Pour ce faire, on a créé la société les bateaux du lac Saint- Point. L.P.P. : A quoi servira ce bateau à passa- gers ? D.J. : On va développer deux formules. La première comprend des visites commentées du lac avec des départs matin, midi et soir. Soit une heure de navigation sans escale. On organise- ra aussi des navettes inter-rives entre Malbuisson et Saint-Point où l’on conserve le ponton. Ce produit devrait notamment permettre d’attirer à nou- veau les familles qui avaient délais- sé le sentier pédestre autour du lac. Elles pourront désormais effectuer des demi-boucles d’1 h 30 ou 2 h 30 sans être contraintes d’avaler 20 km avec les bambins. On fera l’aller-retour plusieurs fois par jour. L.P.P. : Vous fonctionnerez toute l’année ? D.J. : On a prévu de travailler mer- credi, samedi, dimanche et pendant les vacances scolaires. Tout dépendra bien sûr des conditions météo. L.P.P. : Vous arrêtez aussi les pédalos et les bateaux électriques ? D.J. : Non, on maintient cette activi- té et ils seront toujours basés sur le site de Saint-Point. Pour le bateau passager, la billetterie et l’accueil se feront à la nouvelle base nautique de Malbuisson.

L.P.P. : Vous avez embauché ? D.J. : On a recruté un capitaine en second, une personne à l’accueil et un guide touristique en apprentissage pour les visites commentées. L.P.P. : Ce bateau, il a déjà un nom ? D.J. : On hésite encore et on tient à garder la surprise jusqu’au jour de l’inauguration prévue en juin. n Propos recueillis par F.C.

Région et le Département ont donc lan- cé un appel à projet. La candidature de David Jeannerod a été retenue. “J’ai été très bien soutenu et j’en profite pour remercier tous ceux qui ont cru enmoi.” Restait à trouver le constructeur. Sans trop se poser de questions, David Jeannerod s’est tourné vers le chan- tier naval du Haut-Doubs. L’entrepri- se créée par Raymond Michel en 1983 a déjà plus de 80 bateaux à passagers à son actif. De toutes tailles et qui navi- guent aujourd’hui un peu partout en France sur voies navigables et plans d’eau. “La construction représente en moyenne 50 % de notre chiffre d’af- faires” , souligne Raymond Michel en prenant aussi en compte l’activité de la société des vedettes panoramiques du Haut-Doubs. Certains modèles sortis des ateliers de Villers-le-Lac ont été reproduits en une vingtaine d’exemplaires, d’autres seu- lement à l’unité. Le chantier naval fran- co-suisse construit uniquement des bateaux métalliques en acier ou en alu- minium. Raymond Michel a souvent été précurseur notamment au niveau des motorisations. Le premier bateau français à propul- sion électro-solaire est sorti des ate- liers de Villers-le-Lac. Il lorgne désor- mais sur la pile à combustible. “Sur le plan technique, c’est déjà au point mais il faut adapter les réglementations et cela risque de prendre encore deux ans.

C’est toute une affaire que d’installer un réservoir d’hydrogène sur un bateau.” L’entreprise familiale a eu bon vent de se diversifier dans la construction car la fréquentation du Saut du Doubs a fortement chuté. “De six compagnies de navigation, il n’en reste plus que deux. Aujourd’hui, on fonctionne avec quatre bateaux contre 14 dans les années quatre-vingt.” RaymondMichel explique cette désaffection par la multiplication des loisirs et des autres sites de navi- gation. Il pointe aussi du doigt le désin- térêt des décideurs vis-à-vis du déve- loppement touristique. “Ici, ce n’est pas une priorité même si des travaux ont quand même été entrepris au niveau du Saut du Doubs” , poursuit celui qui a transmis il y a une dizaine d’années les rênes de l’entreprise à ses enfants Antoine et Murielle. Issu d’une formation technique, le pre- mier gère le chantier naval et sa sœur s’occupe de l’accueil et de la partie admi- nistrative. Tous les deux sont aussi détenteurs du certificat de capitaine mécanicien, le diplôme requis pour pilo- ter des bateaux à passagers. Dans l’atelier, le bateau de Saint-Point commence peu à peu à prendre forme. Il a été dessiné par Antoine Michel. Comme pour une construction, le dos- sier technique a été obligatoirement validé par un architecte naval. Si tout va bien, le navire sera achevé en juin. n F.C.

“Ce bateau à passagers est un maillon essentiel dans la chaîne touristique du Haut-Doubs”, estime David Jeannerod.

La réfection du barrage pour mieux gérer crues et sécheresse Le barrage du lac Saint-Point est dégradé : près de 400 litres par seconde s’échappent. Une étude est lancée pour le réparer. SAINT-POINT Le niveau du lac en question

L a carte postale du lac Saint-Point est belle. Per- sonne n’a envie de l’écor- ner. Sauf qu’il faudrait selon certains hydrobiologistes permettre au lac de “déborder” au printemps pour permettre la reproduction des brochets en mai et le voir diminuer l’été pour alimenter le Doubs en aval. Seul problème : il faut penser aux activités nautiques ou à la vue sur Port-Titi. C’est un vaste débat. Le barrage est aujourd’hui vieillissant : “On perd 400 litres par seconde. Il ne joue plus son rôle. Ce qui nous anime, c’est d’avoir un barrage dans l’inté- rêt des utilisateurs, de l’envi- ronnement, des riverains” explique Philippe Alpy, prési- dent du syndicat mixte des milieux aquatiques du Haut- Doubs.

L’État (propriétaire du site) veut se dessaisir du lac. Le Dépar- tement accepte de le prendre à sa charge mais pas à n’impor- te quelle condition. “Quid du financement du barrage ? ” inter- roge Philippe Alpy. Le 28 janvier dernier, à l’una- nimité, la Commission locale de

usages humains sur le lac (com- me le prélèvement d’eau potable, les loisirs, la prévention des inondations) et les besoins du milieu naturel (comme le déve- loppement de la faune et de la flore du lac et de ses abords, et le soutien du débit du Doubs en aval). Pour la plupart des profession- nels, le bénéfice de la réfection du barrage de Saint-Point pour mieux gérer crues et sécheresses n’est plus à démontrer, même si quelques craintes sont expri- mées, notamment concernant la protection des infrastructures bordant le lac. “L’hiver 2014- 2015, j’ai été appelé car des pois- sons étaient piégés sous la gla- ce au niveau de Ville-du-Pont faute d’eau. On voit de plus en plus de périodes d’étiage en hiver comme en été. Maintenir un niveau sur le lac permettrait de

La Commission locale de l’eau Haut-Doubs Haute-Loue a validé le projet de réfection du barrage du lac Saint-Point. Il doit notam- ment garantir un débit d’eau en aval.

l’eau (C.L.E.) a pour- tant validé l’étude- projet de réfection de l’ouvrage qui ne répond plus à plu- sieurs besoins, dont la constitution d’une réserve permettant d’aborder la séche- resse estivale avec plus de sérénité. Objectif : respecter un niveau théorique variable en fonction des saisons, afin d’as- surer à la fois les

L’État se dessaisit.

mieux réguler” témoigne Alexandre Rousselet, de la fédé- ration de pêche du Doubs. Plus qu’une hauteur, c’est un niveau constant que le lac doit respecter. Son stock est utilisé

comme pompage de l’eau potable. Elle est distribuée à 50 000 clients mais passé une certai- ne profondeur, l’eau ne peut pas être renvoyée car elle manque d’oxygène. La preuve que Saint-

Point n’est pas en si bonne for- me. Le futur barrage - dont la date des travaux n’a pas enco- re été arrêtée - sera un outil et non un remède aux problèmes des rivières. n

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