La Presse Pontissalienne 199 - Mai 2016

PONTARLIER 12

La Presse Pontissalienne n° 199 - Mai 2016

686 450 L e C h i f F r e

HISTOIRE

100 ans de commerce

Ramis, du soleil des Baléares aux neiges du Haut-Doubs Le primeur pontissalien a

visée commerciale dont la majorité se trouve dans les hôtels et campings de la région. Les autres lits se situent dans des résidences secondaires. À titre de comparaison, la région Bretagne, qui pourtant est désor- mais plus petite en superficie, possède 1 450 700 lits touris- tiques. Les Pays-de-Loire, plus petits également en taille, pos- sèdent 1 260 300 lits touris- tiques. Les efforts sont à pour- suivre avant que la B.F.C. puisse se revendiquer comme étant une région vraiment touristique. Les emplois touristiques représen- tent ici seulement 3 % de l’em- ploi régional. l

C’ est le nombre total de lits touristiques recen- sés sur le territoire de la nouvelle région Bourgogne- Franche-Comté par l’I.N.S.E.E. Ce qui fait de notre région un secteur “faible” sur le plan tou- ristique. Rapporté à la superfi- cie de la région, ce chiffre en fait l’une des régions les moins denses de France métro- politaine en matière

L’ histoire de la maison Ramis, c’est aussi une belle histoire de prénoms. Chez les Ramis, on s’appelle Laurent et Antoi- ne de père en fils. C’est ainsi qu’au- jourd’hui, à la tête du commerce de fruits et légumes de la rue Denis-Papin à Pontarlier, c’est Laurent Ramis,même prénom que le fondateur de l’entre- prise il y a près de cent ans. L’histoire commence en 1909. Laurent Ramis a à peine 9 ans quand son père Antoine décède. “Laurent doit alors gérer seul la ferme du petit village de traversé tous les aléas d’un siècle de commerce. Les descendants de l’immigré espagnol sont toujours un des références du Haut- Doubs en matière de com- merce de gros. Rétrospective.

Laurent Ramis, le gérant (à

gauche) et Jean- Pierre Déroze, son cousin :

les deux derniers

d’offre d’héberge- ments touristiques. 22 % des lits tou- ristiques sont à

représen- tants de la dynastie Ramis.

de Pontarlier tout une série de photos de familles qui raconte l’épopée des Ramis et leur rapide intégration aux rudes hivers pontissaliens. “En 1914, à 14 ans, il décide de rejoindre un oncle et sa femme, tous deux deMajorque, ins- tallés dans une toute petite boutique de fruits et légumes à Pontarlier, du côté de Saint-Roch” poursuit Isabelle Ramis. “La vie est difficile pour Laurent, il tra- vaille comme palefrenier chez Mesde- moiselles Vieille, derrière l’hôtel Saint- Pierre, et dort avec les chevaux dont il s’occupe. Puis, il aide son oncle à vendre ses fruits et ses légumes. Très vite, il achète un âne, un traîneau et il va vendre

ses fruits et légumes dans les villages environnants de Pontarlier : Oye-et-Pal- let, Les Hôpitaux, Sombacour, Chaffois, les communes du tour du lac Saint- Point et selon le temps jusqu’àMouthe” ajoute Isabelle, sixième enfant né de l’union de Laurent Ramis avec Antoi- nette Colom, la nièce de la famille qui a recueilli le jeune Majorquin. Au milieu des années vingt, l’entre- prenant Laurent Ramis ne crée pas moins de trois magasins de vente au détail, 10, rue de Besançon, dans la Grande rue et au 34, rue de la Répu- blique. Dans les années 1930, Laurent fait venir des membres de sa famille

des îles Baléares pour tenir ses trois magasins, en gérance. “C’est à cette date qu’il abandonne son mulet pour ache- ter son premier camion Citroën.” C’est alors qu’il a l’idée de céder son com- merce de détail pour créer une activi- té de vente en gros. Il disait lui-même : “Ce que je fais au détail, je suis capable de le faire en gros” et il devient ainsi le premier grossiste de vente en fruits et légumes de la région.Avec un de ses cousins, Vincent Campanert, il s’asso- cie et crée un commerce de vente en gros rue des Remparts, en allant se ravitailler à Lyon. Au début de la guerre de 1940, l’armée allemande réquisitionne leurs trois véhicules. Cette réquisition provoque la séparation du commerce Ramis-Cam- panert. Ils essaient alors chacun de créer leur propre entreprise. Laurent Ramis doit alors faire face à des diffi- cultés pour approvisionner les gens de la ville de Pontarlier. Il doit travailler sous le contrôle de la Kommandantur dont le siège était à la sous-préfectu- re de Pontarlier. “Sur dénonciation aux Allemands, Laurent Ramis et son chauf- feur Gaston Cordier sont conduits à la prison de Besançon, car ils transpor- taient des résistants en zone libre, lors- qu’ils descendaient dans le sud pour acheter de la marchandise” rappelle Isabelle Ramis. À la fin de la guerre, Laurent retrou- ve sa liberté et sa soif d’entreprendre. Il achète une camionnette et une char- rette à bras, aidé par son fils Antoine, pour livrer dans la ville et les alen- tours. À l’époque, pour le négociant Ramis, l’activité est florissante et il n’y a pas de concurrence. ‘ Laurent Ramis est à gauche sur cette photo, en compa- gnie de ses cousins des Baléares.

Costitx, au centre de l’île deMajorque aux Baléares, avec ses moutons, ses oli- viers et les amandiers…À l’époque sur l’île de Majorque, il avait plus d’oranges sur un oranger que de touristes” raconte Isabelle Ramis, la tante de (l’actuel) Laurent qui a déposé récemment aux archives intercommunales

Un retour aux sources

pour la famille Ramis.

À la mort de Laurent Ramis, père, en 1984, son filsAntoine qui a pris le relais dans l’affaire décide de quitter la rue des Remparts qui n’est plus appropriée pour aller s’installer en zone indus- trielle de Pontarlier, en 1987. En jan- vier 2011, Antoine, dit Tonio, décède, et c’est Laurent, le petit-fils qui per- pétue la tradition. Et c’est un retour aux sources pour la famille Ramis qui se tourne à nouveau vers la première activité du grand-père Laurent en ajou- tant un commerce de détail de fruits et légumes à celui de grossiste.Aujour- d’hui, si la concurrence s’est accentuée avec la multiplication des grandes sur- faces, la spécificité de la Maison Ramis est toujours là : le service à la carte et la complémentarité entre la vente en gros (80 % du chiffre d’affaires), et la vente au détail. Deux descendants du fondateur tra- vaillent à la bonne marche de cette entreprise qui emploie 7 personnes : Laurent Ramis, 49 ans, petit-fils du fondateur et actuel gérant, et Jean- Pierre Déroze, son cousin, 47 ans de “boutique”. L’aventure familiale s’ar- rêtera hélas avec ces deux derniers représentants. Le gérant a bien deux fils,Antoine 23 ans et Adrien 21. “Mais aucun des deux ne prendra la suite” confie Laurent Ramis. n J.-F.H. Le même Laurent Ramis, quelques décennies plus tard, quand l’acti- vité est devenue florissante.

Laurent Ramis (à gauche également), avec sa famille devant le premier magasin. Nous sommes au milieu des années vingt.

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