La Presse Pontissalienne 198 - Avril 2016

LA PAGE DU FRONTALIER

La Presse Pontissalienne n° 198 - Avril 2016

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Polar, un succès mondial co-développé à Fleurier ÉCONOMIE Technologie La firme fabrique des montres mesurant la fréquence cardiaque des sportifs, des comp- teurs pour vélo, des bracelets pour le fitness. Leader mondial, le groupe possède à Fleu- rier une unité de recherche et développement. Deux frontaliers participent à l’aventure.

Q uel sportif du dimanche n’a jamais regardé son compteur vélo pour savoir à quelle vites- se il grimpait le Larmont ? Lequel n’a jamais enfilé une ceinture mesurant ses pulsations cardiaques lors d’un jogging sur les bords du lac

tatifs. Jacques Haldi et Jean-Pierre Baumann, en vrais visionnaires, conçoi- vent une montre - sous la marque B.H.L., puis Fitius - en 1985. Jacques Haldi s’en souvient. Plus tard, en 1995, il a revendu avec son ami Jean-Pier- re Baumann les parts de cette société basée à Fleurier (et tous les brevets) à la firme finlandaise “Polar”. Cette vente a permis à Polar de devenir lea- der mondial des montres cardiofré- quencemètres. Elle aurait aussi pu sceller l’aventure neuchâteloise : “Lors de la vente en 1995, nous avons conclu un accord avec Polar pour une pour- suite d’activités sur 3 ans. 21 ans plus tard, nous sommes toujours là” témoigne Jacques Haldi qui a fêté en juin 2015 les 20 ans de l’aventure. Son ami Jean- Pierre Baumann s’est retiré des affaires en 2001. “Avec Jean-Pierre, nous étions de la même année (1957) et habitions le même village. Nous nous étions per- dus de vue après l’école. En 1985, nous nous retrouvons sur une terrasse d’un café. Il me parle de son premier puls-

Saint-Point ? À l’heure où ces montres mesurant l’activité physique inondent le marché des sportifs d’élite ou des simples amateurs, peu de personnes savent que ce sont deux habitants de Fleurier qui ont lancé l’un des tout premiers cardiofréquencemètres por-

Jacques Haldi et la montre Polar : une belle aventure.

rant la force développée, le capteur de foulées et bien sûr la montre connec- tée. “Un de nos créneaux est le sport santé. Nous avons par exemple un bra- celet (tracker fitness) qui enregistre les dépenses énergétiques dans la journée.” Le bracelet indique lorsqu’il faut se dépenser davantage. “Il touche des gens comme vous et moi” témoigne Jacques Haldi qui est également le responsable du segment des cardiofréquencemètres destinés… aux chevaux. D’autres nouveautés viennent d’être développées comme la mesure de fré- quence cardiaque de manière optique. Plus besoin de ceinture abdominale. Les ingénieurs de la firme ont créé des applications pour “coacher” ceux qui veulent perdre du poids ou viser la per- formance. Les Neuchâtelois participent également avec Google et Apple, entre autres, à l’unification du Bluetooth… “Polar Monde” pèse plus de 150 mil- lions de chiffre d’affaires et emploie 1 300 personnes. Elle est en concur- rence avec des firmes comme Garmin, Nike, Apple (avec l’Iwatch). Pour gar- der une longueur d’avance, la société du Val-de-Travers mise sur son ingé- niosité… Elle s’en donne à cœur joie pour rester au top. n E.Ch. Dans une ancienne usine de montre L’unité de recherche et développe- ment Polar basée à Fleurier est ins- tallée dans le bâtiment jadis nommé “La Fleurier watch” en face de la gare et non loin de la manufacture de montres Chopard. C’est ici que des centaines de personnes ont travaillé à l’assemblage des montres avant la crise horlogère des années soixante- dix. Jean-Pierre Baumann a loué une partie du bâtiment, rejoint par Jacques Haldi. n

mètre développé au départ pour la course à pied. C’était un boîtier que l’on accrochait à son short ou que l’on mettait dans sa veste. Il donnait le rythme cardiaque sur un affichage et il était possible d’imprimer son entraînement sur du papier. J’ai rejoint Jean- Pierre en 1985 pour com- mercialiser le produit.” Très vite, les deux com- pères flairent un filon : le sport de haut niveau. L’équipe suisse de foot- ball l’utilisera dès 1986. Le cycliste suisse Tony Rominger est un des pre- miers à utiliser le pro-

“Toucher des gens comme vous et moi.”

L’équipe d’ingénieurs et de physiciens basée à Fleurier.

duit de la firme Baumann-Haldi. Pour en arriver là, les deux garçons alors âgés de 28 ans à l’époque ont provoqué la chance. De famille modeste, ils ont gagné la confiance d’un industriel du secteur : “Nous n’avions pas d’argent à investir. Un industriel privé du Val-de- Travers a eu confiance en nous…Si bien que nous n’avons pas eu besoin de pas- ser par les banques pour financer nos produits” se souvient Jacques Haldi. La firme du Val-de-Travers se déve- loppe. Elle doit se rendre à l’évidence au début des années quatre-vingt-dix : soit elle investit fortement en levant de nouveaux fonds, soit elle disparaît. “L’idée a été de trouver un actionnaire. Nous avons approché Swatch,Timex et Polar” rappelle Jacques Haldi. Polar fera la meilleure offre. Aujourd’hui, 13 personnes travaillent à la recherche et au développement, dont deux frontaliers. Les 3 femmes et 10 hommes sont principalement des ingénieurs ou des physiciens. Les futurs produits sont pensés en collaboration avec la maison-mère basée à Kempele, en Finlande. Les dernières nouveau- tés : un compteur vélo G.P.S. qui fait également altimètre, des pédales mesu-

Les compteurs vélo enregis- trent vitesse,

vitesse de pédalage, altitude,

rythme car- diaque… Un concentré de technologie.

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