La Presse Pontissalienne 198 - Avril 2016

ÉCONOMIE

La Presse Pontissalienne n° 198 - Avril 2016

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1 099 entreprises artisanales au Pays du Haut-Doubs La première entreprise de France se porte relativement bien dans le Haut-Doubs. Les immatriculations progressent et les entreprises résistent mieux à la crise qu’ailleurs. l Économie 4 340 actifs

chuté de 30 % suite à la sup- pression des aides accordées aux formateurs.Depuis 2014, la cour- be s’est inversée. On a endigué la baisse en 2015.” La Franche- Comté reste la région qui forme le plus d’apprentis par rapport au nombre d’habitants, explique Paul Grosjean, le président de la C.M.A. franc-comtoise. L’artisanat peine toujours à atti- rer des candidats. “Ce n’est pas forcément la faute aux jeunes. Les parents ont aussi une part de responsabilité en dénigrant ces métiers. Il faut changer cela. L’apprentissage n’est pas une voie par défaut. C’est aussi une formation bien rémunérée. On voit de plus en plus de jeunes diplômés changer d’orientation pour embrasser ces carrières” , conclut Bernard Barthod, le pré- sident de la C.M.A. du Doubs. n F.C.

poraine qui corresponde aumode de vie actuel. J’essaie de garder le sacro-saint qui fait l’origi- nalité de la ferme comtoise en me lâchant dans les autres pièces.” La crise économique de 2009 se traduit par un sérieux coup de frein dans son carnet de com- mandes. Il fait une pause avant d’aller tenter sa chance en Suis- se et proposer ses services dans le design d’intérieur. Plus exac- tement le home-staging (valo- risation des intérieurs), cet art très actuel qui consiste à reloo- ker des maisons avant de les vendre. Pour se différencier, il se positionne sur l’immobilier haut de gamme et apporte ses conseils sur des propriétés luxueuses. Ses remarques sont prises en compte mais James Mackay n’en retouche pas tou- jours les subsides en pièces son- nantes et trébuchantes. L’arti- sann’est pas toujours un brillant homme d’affaires. “Ce sont quand même des expériences très instructives. Cela permet aussi de côtoyer des clients et je cherche toujours à me dévelop- per dans ce créneau.” Histoire de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier, il a entrepris les démarches pour obtenir la qualification R.G.E. Laquelle s’inscrit dans le souci d’un habitat durable. “Il s’agit de réaliser des dia- gnostics de performance éner- gétique dans l’ancien pour pro- mouvoir des améliorations et tendre vers les normes B.B.C. À partir de là, on propose des solu- tions techniques et financières, on oriente le client vers des pres- tataires sachant que je peux aus- si faire le travail si cela rentre dans les compétences. L’idée de cette démarche, ce serait de tis- ser un réseau d’artisans enga- gés dans la R.G.E.” n Une antenne de la C.M.A. à Houtaud Ouverte en juillet 2015 dans le bâtiment de la Belle Vie, cette antenne est tenue par Martine Lamy et Julie Chapeau. “Un manque est comblé sur ce sec- teur. Il faut juste qu’on améliore la signalétique”, estime Bernard Barthod, lors de l’inauguration du local le 14 mars. En six mois, les deux permanentes ont déjà reçu une trentaine de personnes venues se renseigner sur les for- malités à accomplir pour une immatriculation. Cette antenne leur évitera de descendre à Besançon. Elle servira aussi à l’organisation de formations et de stages. Tél. : 03 81 21 35 39.

E n quatre ans, le nombre d’entreprises artisanales dans le Pays du Haut-Doubs a progressé de 20 % pour atteindre 1 099 au 1 er jan- vier 2016. Soit 13 % de l’arti- sanat dans le Doubs et 5 % en Franche-Comté. Dans le détail, le bâtiment se taille toujours la part du lion avec 419 entreprises

(38%).Suivent les services (29%), la fabrication (19 %) et l’ali- mentation (14 %). On retrouve une répartition sensiblement similaire à l’échelle départe- mentale et régionale. Le nombre d’immatriculation progresse aussi dans le Haut- Doubs passant de 105 en 2014 à 130 en 2015. À noter que sur les 130, plus de la moitié relève

de l’auto-entreprise. “On note une diminution des radiations entre 2014 et 2015.Dans le Haut- Doubs, on constate une certaine durabilité des entreprises au- delà de trois ans avec des taux supérieurs aux moyennes dépar- tementale et franc-comtoise” , indique Jean-Paul Mussot, le secrétaire général de laChambre de Métiers et de l’Artisanat du

Doubs (C.M.A.). Les patronnes sont encore largement minori- taires dans le Haut-Doubs où elles représentent seulement 25 % des dirigeants. L’artisanat constitue également un gisement d’emplois salariés non négligeable. Les 1 099 entre- prises artisanales duHaut-Doubs emploient 2 258 salariés. Bonne nouvelle à tous les échelons ter- ritoriaux, les contrats d’appren- tissage repartent à la hausse. On en dénombre 212 dans le Haut-Doubs essentiellement par- tagés entre les métiers du bâti- ment et l’alimentaire. Il s’agit des contrats mis en place pour les apprentis en première année. “En 2012 et 2014, le nombre des contrats d’apprentissage avait

l Chaffois

Atelier Mackay design

Designer d’intérieur en quête d’excellence durable

Onze artisans du Haut-Doubs ont reçu leur diplôme qualité artisan le 14 mars dernier à Houtaud.

Compagnon ébéniste, James Mackay s’est diversifié dans l’agencement intérieur avant de tenter sa chance dans le home-staging de luxe avec plus ou moins de réussite.

Musy de père en fils dans la machine agricole l Les Longevilles-Mont-d’Or La dynamique A.O.C.

U n coup d’œil sur ses plus belles réalisa- tions visibles sur son site Internet montre de quoi est capable cet artisan. Sublime.À 17 ans, James Mac- kay a quitté sa terre natale écos- saise pour effectuer un compa- gnonnage en menuiserie-ébénisterie. Il pas- se 13 ans de sa vie à apprendre, se former chez d’autres com- pagnons. S’il connaît sans dou- te la France beaucoup mieux que la plupart des Français, il a surtout acquis un savoir-fai- re d’excellence. Dans le Haut-Doubs où il vient s’installer en 1993,c’est lemusée de Pontarlier qui a profité de son talent. Suite à l’incendie de 1995 qui ravage l’établissement, on le sollicite pour la restaura-

tion des boiseries d’art et des escaliers. Rien de mieux pour se faire remarquer.Pluie d’éloges et de commandes. “Je n’arrivais plus à suivre” , explique l’arti- san déjà conscient des menaces qui pèse sur l’ébénisterie for- tement concurrencée par les importations asiatiques. Il choisit de s’orienter dans l’agencement intérieur et la rénovation de fermes comtoises. Les écrits de l’abbé Garneret n’ont plus de secrets pour lui. Conscient qu’il ne maîtrise pas aussi bien le travail de la pier- re que du bois, il prend conseil auprès de Serge Faivre, une référence dans le Haut-Doubs. “Quand on entreprend de tels chantiers, il faut savoir respec- ter l’agencement d’origine tout en apportant une touche contem-

L ors de son installation, le jeune Pierre Musy se rapproche des services susceptibles de l’ac- compagner dans son projet. “À l’époque, on m’avait déconseillé de travailler avec le monde agri- cole et aujourd’hui je suis tou- jours là” , en sourit encore l’in- téressé. Comme quoi, mieux vaut parfois se fier à son ins- tinct même si cela peut sem- bler plus risqué. Originaire de Touillon-et-Lou- telet, ce fils d’agriculteur s’est d’abord formé à la mécanique générale avant de se spéciali- ser dans la machine agricole en rentrant de l’armée. Il apprend le métier chez d’autres profes- sionnels quand, en 1989, se pré- sente l’opportunité de reprendre une entreprise de serrurerie agricole aux Longevilles-Mont- d’Or. Depuis, il exerce toujours à son compte dans la répara- tion et la vente de machines agricoles à destination des exploitants et des collectivités locales. Agent des établissements Alfa- artisanale à ses fils Guillaume et Gérald. Une affaire qui roule. À son compte depuis 27 ans, Pierre Musy prépare en douceur la transmis- sion de son entreprise

Pierre Musy s’apprête à transmettre les rênes de l’entreprise avec ses fils Guillaume, ici à ses côtés, et Gérald Musy.

dou à Gonsans, PierreMusy n’a jamais succombé à la tentation d’aller travailler de l’autre côté de la frontière. “J’ai eu des oppor- tunités” , se souvient celui qui n’oublie pas d’associer son épou- se Anne-Marie, précieuse conjointe-collaboratrice qui assu- re comment souvent la gestion administrative de l’entreprise familiale. “Dans ce métier, il faut être deux.” La dynamique agricole insuf- flée par le succès du comté,mor- bier et autre mont d’or a logi- quement favorisé les acteurs dumachinisme agricole. “Quand on est sur des filières porteuses, on investit plus facilement.” Pas question pour autant de s’en- dormir sur ces lauriers. La concurrence est là pour le rap- peler. “Faut pas être mauvais. Faut pas s’oublier. Faut pas compter” , assène l’artisan qui

n’a jamais eu ni l’envie ni le temps de partir un mois en vacances. Sans trop l’avoir programmé, il assiste avec une certaine satis- faction au retour de ses fils dans l’entreprise. “Je ne les ai pas forcés. Ils sont venus tout seuls. Guillaume est déjà salarié depuis 5 ans. Son frère Gérald vient d’arriver au 1 er avril.” Un peu de fierté et surtout le sou- lagement à l’idée de transmettre assez naturellement les rênes de la société. Car pour Pierre Musy, la retraite est imminen- te. Le devoir est accompli en quelque sorte pour celui qui comme tant d’autres a pris de son temps pour former des apprentis. Prêt à donner de son temps pour mettre sur les rails ses deux garçons, il part en confiance. “Ici, on peut garder le moral.” n

Avant de s’orienter dans le home-staging et la R.G.E., James Mackay exerçait ses talents dans la rénovation de fermes comtoises.

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