La Presse Pontissalienne 197 - Mars 2016
La Presse Pontissalienne n° 197 - Mars 2016 7
Justice Quelles suites judiciaires pour le conducteur ? “Le chauffeur du bus est effondré” Avocate au barreau de Besançon, Agathe Henriet défend le conducteur du car. Elle revient sur l’état d’esprit de son client après le drame et les suites judiciaires auxquelles il est exposé. Entretien.
L a Presse Pontissalienne : Peut-on ren- contrer votre client ? Agathe Henriet : Il n’est pas prêt pour le moment. Ce n’est pas possible. Il est actuellement sous contrôle judiciaire et mis en examen pour homicides et blessures involontaires.
L.P.P. : Quelques semaines après le drame, dans quel état d’esprit est-il ? A.H. : C’est un drame pour les familles, c’est un drame pour lui. Lorsque je l’ai rencontré, j’avais un jeune homme de 25 ans effondré devant moi. C’est un drame pour tout le monde. J’ai pu lire que la maman d’un des défunts “ne
pu conduire sur la neige environ trois semaines auparavant.
tapait pas” sur le chauffeur… Autant parfois nous pouvons dans l’émotion immédiate se demander si l’alcool ou les stupéfiants sont la cause de l’accident, autant nous nous sommes rendu compte qu’il n’y avait rien de cela. Oui, il venait de Marseille, oui, il était jeune conducteur… L.P.P. : Selon vous, la fatalité est en cause… A.H. : À un moment, pourquoi toujours chercher un responsable ? Nous avons eu le déplacement du staff national avec la venue du secrétaire d’État en charge des Transports. Je ne vois pas l’intérêt de cette visite si ce n’est de mettre la pression sur la justice… L.P.P. : Pensez-vous que cela puisse nuire à la poursuite de l’enquête ? A.H. : Non, cela ne nuira pas à l’enquête car le juge d’instruction est impartial. L.P.P. : Où en est l’enquête ? A.H. : D’ici deux à trois semaines (Ndlr :
vers lami-mars), nous aurons des résul- tats de l’examen du disque chrono- graphe, sur le système antipatinage et antiblocage du bus. L.P.P. : Est-il exact que le juge d’instruction mène deux enquêtes ? A.H. : Il y a une expertise technique sur le véhicule qui est en cours et dont je
L.P.P. : Le bus avait-il des pneus adaptés ? A.H. : Il semble que oui.
L.P.P. : Le chauffeur avait-il la pression de l’horaire ? A.H. : Non, il ne m’a pas dit avoir eu de pression. Il avait prévenu ses collègues qui faisaient le relais avec le lycée qu’il aurait du retard. Il était tranquille. D’ailleurs, il n’a pas dû s’arrêter à cer- tains arrêts car des enfants avaient été amenés par leurs parents. Son temps de retard, il l’avait donc en par- tie rattrapé. Il n’avait aucune raison de rouler vite. Et il ne roulait pas vite. L.P.P. : Quand le procès aura-t-il lieu selon vous ? A.H. : Je ne sais pas. L’instruction devrait durer environ 6 mois. Propos recueillis par E.Ch.
ne connais pas encore les conclusions. En parallèle, le juge demandera les diplômes du conducteur et interrogera l’employeur. L.P.P. : Le chauffeur avait-il déjà conduit sur la neige ? Avait-il réalisé un stage de conduite sur la neige ? A.H. : D’après lui, il n’a pas fait de stage de conduite sur neige. Au juge d’instruction de faire son travail. Il y a eu un seul épi- sode neigeux où il aurait
“De la pression sur la justice”
Maître Agathe Henriet défend le conduc- teur du bus mis en exa- men.
Une foule nombreuse a participé à la marche blanche organisée le 14 février entre le lycée Xavier-Marmier et le collège Aubrac où étaient scolarisés les deux jeunes victimes du drame de Montflovin. Douloureux silences. Marche blanche L’ultime adieu à Laureen et Mathis Hommage
Une foule nombreuse a pris part à la marche blanche. Le cortège s’est recueilli à l’entrée du collège Aubrac où étaient scolarisés Laureen et Mathis.
E n ce dimanche matin d’une tristesse infinie, la neige tombait sur le Haut-Doubs. Comme un linceul blanc. Familles, proches, camarades de classes, élus et toutes celles ou ceux qui avaient envie de se joindre à cet ultime hom- mage ont pris part au cortège. Entre 1 000 et 1 500 personnes. Peu impor- te d’ailleurs. Ils étaient sans doute aus-
si nombreux à assister aux funérailles célébrées la veille à l’abbaye de Mont- benoît. Le drame survenu lemercredi 10 février avec cet accident de car qui a causé la mort des deux adolescents a suscité une très vive émotion dans le Haut- Doubs et bien au-delà. Difficile, impos- sible de se résoudre à accepter une telle épreuve. Tous concernés. Cette
marche blanche était d’abord silen- cieuse car les mots sont inutiles. Seul le recueillement semble de circons- tance. On va à l’essentiel : quelques saluts, des regards chargés d’empathie. Tout est dit et le cortège s’ébranle au rythme d’une procession funèbre. Tel un étendard, un panneau avec une photo de Mathis et le prénom des deux ados signale la tête du rassem- blement. Discrètement, les forces de l’ordre accompagnent le mouvement, assurant la sécurité en gérant la cir- culation. Après la rue du Lycée et de Besançon, le cortège traverse la zone commerciale de Doubs pour arriver au collège Lucie-Aubrac. Il marque une lourde pause à l’entrée de l’établissement où les deux collégiens étaient scolarisés : Laureen en clas- se de troisième et Mathis en cin- quième. Ils ne reviendront plus. L’hommage se poursuit à l’intérieur
mé et joyeux. On lit ces témoignages d’amitié. On s’attarde. Les visages sont marqués, les gestes empruntés. Chacun repart petit à petit, le cœur sans doute empli de compassion en pensant aux proches et aux familles.
où leurs camarades et d’autres col- légiens ont tapissé les murs de mul- tiples messages. “On pense fort à vous” , “Vous nous manquez beaucoup” , “Deux anges sont partis.” Le hall est bondé. Tout est lourd, immobile et poignant dans cet espace habituellement ani-
L’heure est au recueillement en lisant les multiples messages d’amitiés écrits par les camarades des deux ados.
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