La Presse Pontissalienne 197 - Mars 2016

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La Presse Pontissalienne n° 197 - Mars 2016

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Les “tradis” ne sont pas des parias de l’Église Qu’est-ce qui différencie un catholique “classique” d’un traditionaliste ? Éléments de réponse avec le père Jean-Baptiste Moreau, un des deux prêtres de la Fraternité Saint-Pierre à Besançon. RENCONTRE L’abbé Jean-Baptiste Moreau

O n l’appelle - c’est un peu pompeux mais le Pape Benoît XVI l’a voulu ain- si - “la forme extraordi- naire du rite romain.”Cette litur- gie grégorienne, ou traditionaliste, deux prêtres sont à son service à Besançon : les abbés Jean-Baptiste Moreau et Bertrand Lacroix. Longiligne, paraissant plus élan- cé encore dans sa soutane noi- re qu’il porte à longueur de jour- née, l’abbé Moreau est un trentenaire fringant à l’allure un poil austère, mais à l’accueil prévenant. C’est lui, avec son confrère Bertrand Lacroix, qui préside aux destinées de cette Église traditionaliste dans le diocèse de Besançon.Car contrai- rement aux partisans de Mon- seigneur Lefebvre, mis hors jeu dès 1988 par le Pape, eux sont bien partie prenante de l’Église catholique officielle. Ils s’occupent ainsi de tous les fidèles répar- tis sur le territoire du diocèse de Besançon qui souhaitent vivre cette liturgie plus pointilleuse. “Comme les aumôniers des pri- sons ou des hôpitaux, nous ne sommes pas rattachés à une

quarantaine de diocèses. La communauté des fidèles de la Fraternité Saint-Pierre comp- te entre 350 et 400 fidèles qui se rendent régulièrement aux offices liturgiques à l’église de la Madeleine. 90 % originaires de Besançon et de la couronne bisontine, 10 % de Haute-Saô- ne ou duHaut-Doubs. “On reçoit notre mission de l’archevêque de Besançon pour s’occuper des fidèles qui ont cette aspiration spécifique originale” note l’abbé Moreau. C’est-à-dire ceux qui sont attachés à la messe et aux chants en latin, aux curés en soutane et au respect strict des règles de la liturgie, celle d’avant le Concile de Vatican II qui a réformé l’organisation de lames- se au milieu des années soixan- te. “Je porte la soutane comme le Pape ou les cardinaux. Mais quand je joue au foot ou que je fais du jardin, évidemment je ne la porte pas. Le latin, c’est le lien indispensable avec le chant gré- gorien auquel le français ne se prête pas. Et ce trésor du chant grégorien nous semble porteur du trésor de la vie spirituelle” justifie le jeune abbé.

paroisse territoriale en tant que telle. Les offices se déroulent la plupart du temps à l’église de la Madeleine à Besançon où se retrouvent les fidèles de la région de Besançonmais aussi d’ailleurs dans le diocèse. Et le week-end, l’abbé Lacroix va assurer leminis- tère à Belfort” confirme le reli- gieux. La présence des traditionalistes sur Besançon remonte à plus de 25 ans. À l’époque menées par

L’abbé Jean-Baptiste Moreau dans la petite chapelle aménagée à l’étage du presbytère des prêtres de la Fraternité Saint-Pierre, rue Francis-Clerc à Besançon.

l’abbé ClaudeMichel qui était alors proche de la Fraternité Saint-Pie X (les cathos extrémistes), les ouailles de l’abbé Michel ont choisi avec lui de suivre le Pape lorsque le schis- me entre le Vatican et M gr Lefebvre s’est produit en 1988. La Fraternité Saint- Pierre, née de cette séparation, s’est développée depuis cette date sur Besan- çon. Sur le territoi- re national, elle a essaimé dans une

Les “tradis” ne sont pas des parias de l’Église.

Si la forme change avec les catho- liques traditionalistes, le fond reste le même. Les “tradis” ne sont donc pas des parias de l’Église : “On participe à la gran- de fête du diocèse, aux fêtes chris- males, aux ordinations. Je fais également partie du groupe des jeunes prêtres dans lequel je côtoie tous mes jeunes confrères” pré- cise Jean-Baptiste Moreau. La jeunesse est sans doute aussi un des traits de caractère des “tradis” : les deux prêtres basés

à Besançon ont moins de 40 ans, l’accueil de la jeunesse à travers le scoutisme et le service de la messe est développé et le fait que ce soient les curés eux- mêmes qui enseignent le caté- chisme semble plaire aux familles traditionalistes. C’est vers l’âge de 16 ans que Jean-Baptiste Moreau découvre la forme extraordinaire du rite, en tant que fidèle. Après plu- sieurs désillusions dans quelques séminaires français, il décide

d’intégrer le séminaire de Wigratzbad enAllemagne (Baviè- re) qui est la seule maison de formation de la Fraternité Saint- Pierre pour les aspirants prêtres français. Envoyé à Besançon pour se for- mer en tant que diacre, il sera ordonné prêtre en 2008, à l’âge de 28 ans. Depuis cette date, Jean-BaptisteMoreau est la figu- re emblématique des “tradis” de Besançon. Leur père spirituel. J.-F.H.

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