La Presse Pontissalienne 195 - Janvier 2016

L’INTERVIEW DU MOIS

La Presse Pontissalienne n° 195 - Janvier 2016

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Angélique ROBBE TROSSAT Dominique GRESSET Masseur kinésithérapeute Exerceront leur activité professionnelle à partir du 4 janvier

ÉCONOMIE

Bureau de la C.C.I.F.S. à Genève “Les Suisses sont des gens pragmatiques qui œuvrent collectivement”

au 5 rue vannolles à PONTARLIER Tél. 03 81 89 47 17

Malgré les tensions qui pèsent actuellement sur l’économie suisse, Romain Duriez, le directeur de la Chambre de commerce et de l’industrie France-Suisse (C.C.I.F.S.), estime que ce pays a des ressources pour faire face aux difficultés.

L a Presse Pontissalienne : Rappelez-nous quelles sont les grandes missions de la C.C.I.F.S. ? Romain Duriez : Premier réseau d’affaires franco-suisse, la C.C.I. France-Suisse est une institution qui regroupe à la fois la grande majorité des implanta- tions françaises recensées en Suisse, et de nombreuses sociétés helvétiques entretenant des relations commer- ciales avec la France. Fondée en 1894, elle est la plus ancien- ne Chambre de commerce étrangère établie en Suisse. La C.C.I. France- Suisse représente plus de 550 entre- prises (suisses et françaises), soit un total de plus de 2 000 contacts d’affaires. Elle est membre fondateur du réseau C.C.I. France International qui comp- te 114 chambres de commerce fran- çaises à l’étranger et plus de 32 000 adhérents dans le monde. Chaque année, la C.C.I. France-Suis- se à travers ses différents services d’appui à l’entreprise traite plus de 500 dossiers d’entreprise, de toutes tailles et de tous secteurs d’activité, tant pour les exportateurs suisses que français. Elle organise annuellement une cinquantaine de manifestations (conférences, débats, journées-pays, remise desTrophées du commerce fran- co-suisse) dans les deux pays. Ainsi, depuis 1894, la C.C.I. France-Suisse remplit ses missions d’organisme bila- téral afin d’être, par exemple, le relais opérationnel des entreprises qui sou- haitent s’implanter ou se développer commercialement. La C.C.I. France-Suisse dispose d’une équipe de 14 collaborateurs formée aux spécificités des deux marchés et d’une présence régionale s’appuyant sur un siège à Genève, une antenne commerciale à Zurich et un bureau à Lyon.

l’accompagnement bilatéral aux entre- prises dans cette région. Les prochaines évolutions ne sont pas planifiées. C’est naturellement la demande des entre- prises, donc le marché qui induit notre développement. L.P.P. : Combien d’entreprises françaises se sont installées en Suisse en 2015 et combien d’entreprises suisses se sont installées en France ? Comment évoluent ces chiffres sur les dernières années ? R.D. : Il est trop tôt pour connaître le flux 2015. Cependant, nous avons une bonne idée du stock d’investissement dans chacun des deux pays. Nous dénombrons en effet environ 1 200 implantations françaises en Suisse et 1 400 suisses en France, avec des stocks d’I.D.E. (investissement direct à l’étranger) quasiment à parité autour de 32 milliards sur chacun des mar- chés. L.P.P. : Quel est le profil des entreprises qui investissent en France ou en Suisse ? R.D. : Le spectre des profils d’implantation est très large. Cela va du bureau de commercialisation avec quelques employés aux filiales du grou- pe L.V.M.H. ou de grandes banques françaises avec plusieurs milliers d’employés sur le territoire suisse. L.P.P. : Qu’est-ce qui pousse une entreprise française à s’installer en Suisse, et une entre- prise suisse à s’implanter en France ? S’installent-elles dans le pays voisin pour les mêmes raisons ? R.D. : Encore une fois, les raisons sont diverses, mais pour les implantations françaises en Suisse on peut distin- guer trois grandes tendances.Un, l’accès au marché et le suivi de la clientèle (bureau commercial, S.A.V., stock dépor- té…) Deux, la Suisse est une plate- forme d’excellence pour travailler à l’international et attirer les talents. La troisième raison concerne les attraits sociaux et fiscaux de l’implantation en Suisse, même s’il faut toujours rap- peler que la Suisse n’est pas un para- dis fiscal. Elle possède seulement un système beaucoup plus libéral que ses voisins où l’État est “seulement” pré- sent pour assurer de bonnes conditions cadres à la vie et au développement de l’économie. L.P.P. : Connaît-on le poids économique de ce développement transfrontalier en terme de volume d’affaires et d’emplois ? R.D. : Le nombre de frontaliers français n’a cessé de croître ces dernières années, hormis sur Bâle où il s’est légèrement tassé au profit des Allemands, mais il est évident qu’une part importante de la prospérité suisse vient des accords bilatéraux et de la possibilité de recru- ter facilement de la main-d’œuvre bien formée.

Romain Duriez est le directeur de la C.C.I.F.S. basée à Genève et qui emploie 14 personnes.

résultent de contraintes exté- rieures (abandon du taux plancher par la B.N.S.). Ce qu’il faut retenir est que les Suisses sont des gens pragmatiques, qui œuvrent collective- ment à trouver des solutions et je crois que nous pouvons être confiants dans la capa- cité de discernement du peuple suisse et de résilience des entre- prises en période de crise, même si pour certains secteurs (tou- risme, horlogerie, com-

si prospère, et le restera-t-elle ? Quels sont les secteurs qui rencontrent le plus de diffi- cultés ? R.D. : Les fondamentaux suisses res- tent excellents avec 3,5 % de chôma- ge attendu en 2016, 1,5 % de crois- sance, une inflation nulle et une dette publique de moins de 35 % du P.I.B. Cependant, il ne faut pas occulter les défis qui se posent avec le ralentisse- ment prolongé des économies occi- dentales depuis plusieurs années et la baisse de régime dans certains pays asiatiques. Mais encore une fois, la Suisse est un petit pays flexible et pragmatique qui sait rapidement prendre des mesures d’adaptation. J’en veux pour preuve l’accord de libre- échange avec la Chine qui permet de réorienter certains débouchés indus- triels. Par ailleurs, l’industrie qui repré- sente 24 % du P.I.B. en Suisse est très axée sur des stratégies de niche et se trouve très souvent dans des marchés moins concurrencés que ses voisins européens. Propos recueillis par T.C.

entreprise française de s’implanter en Suis- se que l’inverse. En quoi les contextes du déve- loppement économique sont-ils différents entre ces deux pays (fiscalité, contraintes administratives, contexte politique) ? R.D. : Comme je l’ai dit, la Suisse est un État libéral avec peu de contraintes administratives et un environnement fiscal et social favorable. Notons les 15 % de charges patronales et sala- riales, et la prochaine réforme de la fiscalité des entreprises qui devrait permettre à l’ensemble des cantons romands d’être entre 13 et 16 % d’impôt sur les sociétés. L.P.P. : Le contexte change en Suisse. Tout d’abord, quel est l’impact du franc fort sur l’économie suisse et plus largement sur les relations transfrontalières ? Ensuite, la mul- tiplication des votations en Suisse n’est-elle pas de nature à perturber l’économie et les échanges transfrontaliers ? R.D. : Il est heureux que le contexte change. Certaines décisions sont le fruit de votations (9 février 2014 “contre l’immigration de masse”), d’autres

L.P.P. : Vous allez ouvrir en 2016 une antenne C.C.I.F.S. à Bâle. L’étape suivante pour- rait-elle consister à ouvrir un bureau sur la partie cen- trale de l’Arc jurassien, à savoir l’axe Besançon-Neu- châtel ? R.D. : L’implantation à Bâle est en effet prévue au premier trimestre prochain. Il s’agit ici du fruit d’une longue réflexion portée par la volonté de s’établir dans cette région transfron- talière dynamique très spécifique suite à l’opportunité créée par l’ancien président de notre délégation, Gil- bert Pfendler, et son remplaçant, Jean-Louis Pérée, qui portent un projet ambitieux pour structurer

“Il ne faut pas occulter les défis qui se posent.”

“1 200 implantations

françaises en Suisse.”

merce transfrontalier…) les temps sont particulièrement durs et il faut par- fois mettre en place des amortisseurs sociaux de manière limitée dans le temps.

L.P.P. : L’économie suisse est-elle toujours aus-

L.P.P. : Il semble qu’il est plus facile pour une

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