La Presse Pontissalienne 195 - Janvier 2016

UN VILLAGE À L’HONNEUR

La Presse Pontissalienne n° 195 - Janvier 2016

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En passant par Chaux-Neuve 16 et 17 janvier 20 ans de Coupe du Monde à Chaux-Neuve Combiné nordique

Entre 15 000 et 20 000 spectateurs étaient attendus au pied des tremplins pour une vingtième édition de la Coupe du Monde qui s’annonçait sportive, chaleureuse et riche de souvenirs pour peu que la neige ait été de la partie.

A vec la Transju, c’est sans dou- te le plus grand événement nordique du massif jurassien. En vingt ans, l’étape de Cou- pe du monde de combiné n’a jamais été annulée. Chapeau aux organisa- teurs avec une mention toute parti- culière aux 500 bénévoles qui se mobi- lisent chaque année pour que la fête soit belle. Sans eux, il n’y aurait pro- bablement pas ou plus de Coupe du Monde à Chaux-Neuve. “Ils seront mis à l’honneur le vendredi soir pour un grandmoment de convivialité, explique Samuel Lopes de Nordic-Événement. Cette association support coordonne depuis 2013 l’organisation de la Cou- pe du Monde en lien avec les clubs et les instances du ski. Cette vingtième édition reste avant tout une compétition sportive avec la participation des meilleurs combinards du circuit mondial. Sur la piste com- me en dehors, on retrouvera les figures emblématiques de la discipline. Jason Lamy-Chappuis sera évidemment pré- sent avec Sébastien Lacroix, Sylvain Guillaume, Fabrice Guy…Sans oublier les champions encore en activité com-

me Magnus Moan, Alessandro Pittin. Côté français, les espoirs reposent sur François Braud, vice-champion dumon- de individuel et Maxime Laheurte. “Pour les 20 ans, on a mis en place un programme spécifique d’animations. Les spectateurs pourront revivre les grandes heures de la Coupe du Mon- de en visualisant des films d’archives, des expositions, des affiches. On souf- flera officiellement les bougies le same- di à 11 h 30 en présence des athlètes, des élus locaux… Le Syndicat Mixte du Mont d’Or qui gère désormais les tremplins a investi cette année dans la reconfiguration de la passerelle entre

la rotonde et la tribune publique. Ce qui nous a permis de créer une nouvelle boucle de ski plus vallonnée avec une arrivée côté public.” Au-delà de la dimen- sion sportive, cet évé- nement génère des retombées économiques non négligeables sur le secteur. Cela représen- te, par exemple, 1 000

LLa piste exception- nellement ouverte aux jeunes

Pour une coupe du monde de combiné à Chaux-Neuve, il faut compter 500 bénévoles.

nuitées touristiques pour les héber- geurs locaux. Peu connumais bien réel, le volet social mérite une mention. Toutes les écoles du coin sont conviées aux séances d’entraînement du ven- dredi. Les organisateurs font tout pour accueillir au mieux le public handica-

pé. “Avec un partenaire bancaire, on va organiser des visites du site à des- tination de jeunes ados placés en foyer. On se mobilise autour pour des asso- ciations comme la Sapaudia” , pour- suit Samuel Lopes. La cerise sur le gâteau, le dessert de

cette vingtième édition, se déroulera dimanche en clôture des courses du week-end. La piste sera alors excep- tionnellement ouverte aux jeunes skieurs locaux qui pourront côtoyer les champions d’aujourd’hui. Comme un passage de témoin.

skieurs locaux.

Le téléski coopératif Chaux-Neuve doit une partie de son attractivité au téléski de la Côte Feuillée mis en place dans les années soixante par des habitants du village qui le rétrocéderont ensuite à la commune. Sports d’hiver 12 sociétaires

Chez Chantal, y a tout ce qu’il faut Commerce Une grande plage d’ouverture Chantal Guinchard officie depuis 28 ans dans son commerce multiservice très apprécié des habitants et des touristes. Une réussite et des sacrifices.

mité qui s’imposent. Cet équipement a fonctionné à partir de l’hiver 1967. Toute une organisation s’est alors mise en place au sein de l’association Téléski de la Côte Feuillée. “On avait constitué quatre groupes de trois béné- voles qui assuraient une semaine d’ex- ploitation à tour de rôle. Pendant les vacances, on tournait tous les deux jours.” Au pied de la piste, les bénévoles remettent le couvert pour construi- re le “refuge” qui sert toujours de buvette, salle hors-sac et location de matériel alpin. “Au départ, on damait avec les skis puis on a investi dans un engin d’occasion.” Toutes les familles étaient mises à contribution. Les enfants des bénévoles devaient souvent tendre la perche avant de profiter des descentes. Jean Guy gar- de enmémoire de gros souvenirs com- me le défrichage ou le damage com- pliqué pendant l’hiver 1980-1981. “Pour ouvrir le téléski, on a dû peller sous les poulies tellement il y avait de neige.” En hiver, le refuge deve- nait un point de rassemblement où les familles et les bénévoles se retrou- vaient pour des descentes aux flam- beaux et des soirées fondues très conviviales. “Tous les week-ends, on recevait un ou deux cars de Dijon- nais.” La station s’est aussi dotée d’un téléski baby. Le bénévolat a ses limites. La com- mune a racheté les installations dans les années quatre-vingt sous le man- dat de Jean Guy. “Sur le plan finan- cier, les investisseurs n’ont pas retrou- vé leurs petits. Loin s’en faut, mais cela a permis de générer de l’activité. La commune a embauché un régis- seur pour la saison hivernale et l’as- sociation a été dissoute.”

L es habitants de Chaux-Neu- ve n’ont pas attendu la créa- tion des sites de financement participatif pour concrétiser leurs projets. Internet relevait enco- re de la science-fiction au milieu des années soixante quand une poignée de skieurs locaux se prend au défi de monter un téléski à Chaux-Neuve. “Ils ont sollicité la commune qui leur a mis à disposition un site sur la Côte Feuillée en leur demandant d’impli- quer plus de monde dans ce projet. On s’est finalement retrouvé une dou- zaine et chacun prenait les parts qu’ils

voulaient” , se souvient Jean Guy qui était à l’époque agriculteur. La com- mune s’est occupée du déboisement et les bénévoles du défrichage. L’installation de la remontée fut une vraie épopée. Le genre d’aventure qu’on se raconte de génération en génération au coin du feu. “Toute l’équipe était mobilisée. La pose des pylônes s’est effectuée avec les moyens du bord sous les conseils d’un tech- nicien de chez Montaz.” Le travail a semble-t-il été bien fait. Le téléski d’origine est toujours là, même s’il a subi par la suite les mises en confor-

“O n est arrivé en 1983 dans ce village où mon mari avait trouvé une place de fromager” , rappelle Chantal Guin- chard qui reprendra en avril 1988 la petite station essence qui faisait aus- si office de bureau de tabac. La sui- te n’est qu’une histoire de disponibi- lité et de diversification des activités. Épicerie, fruits et légumes, dépôt de pain, presse, point de relais-poste, gaz, articles souvenirs : on trouve aujour- d’hui à peu près de tout Chez Chan- tal, y compris un distributeur de bois- sons chaudes. Mieux vaut ne pas compter ses heures. “En période hiver- nale, on travaille tous les jours” , pour- suit celle qui réalise pratiquement 40 % de son chiffre à cette saison. C’est d’autant plus vrai quand la nei- ge se fait rare sur le Haut-Doubs, ce qui renforce l’attractivité des sites nordiques les mieux pourvus en or blanc comme le Pré-Poncet ou Cha- pelle-des-Bois. Du coup, passage obli- gé devant la station et le commerce multiservice de Chaux-Neuve. L’occasion d’une course de dernière minute, d’un plein quand ce n’est pas une demande de renseignements. “On sert un peu d’office de tourisme” , indique celle qui tient le seul bureau

de tabac encore en activité entre Labergerment-Sainte-Marie et Cha- pelle-des-Bois. Sans qu’elle ait enco- re l’âge de la retraite, Chantal son- ge quand même à la transmission qui se profile dans quelques années. Le sujet la préoccupe car elle sait les sacrifices nécessaires pour faire tour- ner sa boutique. Un vrai défi de proxi- mité.

“Pour réussir dans le commerce de proximité, c’est primordial de savoir accueillir les gens”, note Chantal Guinchard.

Jean Guy devant le téléski qui n’a pas bougé depuis son implantation en 1967.

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