La Presse Pontissalienne 193 - Novembre 2015

LA JUSTICE SOUS LE FEU DES CRITIQUES La Presse Pontissalienne n° 193 - Novembre 2015 L’ÉVÉNEMENT

La justice serait-elle trop clémente en accordant la liberté conditionnelle à des détenus qui récidivent dès qu’ils sont dehors ou qui sont libérés plus tôt que prévu ? Beaucoup de justiciables et de policiers estiment que oui au regard des dernières affaires qui ont fait la une de l’actualité. Dans ces pages, l’événement bouleversant d’un couple qui a perdu son fils dans un accident.

Manifestation

Un ras-le-bol palpable

Les policiers ont une dent contre la justice Le moral n’est pas au plus haut du côté des policiers. Ils ont le sentiment que par les décisions que la justice prend vis-à-vis de certains délinquants, c’est leur travail qui est remis en cause.

L e 14 octobre à midi, une cin- quantaine de policiers en civil a manifesté en silence sous les fenêtres du Palais de Jus- tice de Besançon. Ils enten- daient dénoncer ce jour-là, comme par- tout en France, des conditions de travail de plus en plus dures, et une justice trop souple lorsqu’elle accorde une autorisation de sortie à des détenus qui, malheureusement parfois, récidi- vent en liberté. Les policiers présents avaient tous en tête le drame de Seine-Saint-Denis qui s’est noué le 5 octobre, lorsqu’un de leur collègue de la Brigade anti-cri- minalité (B.A.C.) a été grièvement bles- sé par Winston Blam. Ce braqueur multirécidiviste n’avait pas regagné son centre pénitentiaire après avoir bénéficié d’une permission de sortie le temps de régler des problèmes de suc- cession suite au décès de son père. Le malfrat de 24 ans était en cavale depuis le printemps. Cette affaire a conster- né les policiers et soulevé leur colère.

“L’histoire est horrible. C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Il y a trop longtemps que ça couvait. Nous en avons assez d’être pris pour des idiots. Cette fois, on dit stop. On veut que la loi soit appliquée avec une fer- meté proportionnelle à l’infraction” observe Thierry Silvand, du syndicat F.P.I.P. (Fédération professionnelle indépendante de la police). L’exaspération des policiers est mon- tée d’un cran à Besançon quand ils ont

Une cinquantaine de policiers en civil a manifesté le 14 octobre sous les fenêtres du Palais de Justice de Besançon. Des policiers de Pontarlier étaient là également.

d’état de nuire beaucoup trop tard” témoigne le gendarme. La magistrature réfute l’accusation des policiers selon laquelle ils feraient preuve de laxisme. “Au contraire, la loi est dispensée de façon très sévère par les tribunaux” dit-on du côté du Palais de Justice. Au contraire, la justice et la police fonctionneraient même main dans la main. Thierry Silvand n’en est pas convaincu. “Si nous travaillions aussi bien ensemble, nous ne serions pas là à manifester devant le Palais de Justice” termine le représentant syndical qui estime qu’il y a eu “trop de loupés” ces derniers temps du côté de l’institution judiciaire. Les policiers en paient les pots cassés. T.C.

excès de vitesse. Si vous commettez un vol pour la première fois, il y a de fortes chances qu’au tribunal on vous fasse la morale et un rappel à la loi. Et vous sortirez libre. En revanche, si vous vous faites prendre en excès de vitesse, vous aurez une amende à payer et vous ris- quez un retrait de permis. Je ne cherche en aucun cas à excuser ce genre de ges- te, mais à mon sens la justice fait trop souvent preuve de laxisme dans l’appréciation des affaires qu’elle juge. J’ai en mémoire l’histoire d’un délin- quant qui avait volé une voiture et qui conduisait ivre. Nous l’avons arrêté sept fois avant qu’il aille en prison. Vous imaginez s’il avait tué une famil- le dans un accident ? Qu’aurait-on dit ? À mon sens, cet homme a été mis hors

zaine d’années. “On n’a plus de moyens de bosser. Il n’y a aucune reconnais- sance de notre hiérarchie” relève un représentant du syndicat U.N.S.A. de Pontarlier. “Et quand on arrête trois, quatre, ou cinq fois les mêmes délin- quants qui passent devant les tribu- naux et qui bénéficient d’aménagements de peine, on se demande à quoi on sert” enchaîne un de ses collègues. Le 14 octobre, un gendarme s’est joint aux fonctionnaires de police attroupés devant la porte du Tribunal de Gran- de Instance. Le militaire en fonction dans la région de Besançon est venu par solidarité avec ses collègues dont il partage les préoccupations. “J’en suis arrivé à la conclusion que dans ce pays, il vaut mieux commettre un vol qu’un

appris le 7 octobre qu’un détenu de la maison d’arrêt avait profité d’une sortie à V.T.T. pour s’échapper. “Franche- ment, on a l’air de quoi ? On marche sur la tête !” s’exaspère un policier manifestant qui se demande aujourd’hui s’il ne va pas quitter les forces de l’ordre dans les- quelles il est entré par passion il y a une quin-

“Il vaut mieux commettre

un vol qu’un

excès de vitesse.”

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