La Presse Pontissalienne 193 - Novembre 2015

ÉCONOMIE

La Presse Pontissalienne n° 193 - Novembre 2015

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Cancer et charcuterie : l’étude fait réagir la filière Touchés par les révélations de l’O.M.S. selon lesquelles la viande rouge et la charcuterie favoriseraient le cancer, les producteurs et les transformateurs locaux se défendent. AGROALIMENTAIRE Après les révélations d’une étude

99.8 Grand Besançon

107.4 Haut-Doubs

105.1 Vallée de la Loue

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C’ est ce que l’on appelle prendre un coup derrière les oreilles. Toute la filière viande - en particulier celle des salai- sonniers - est abasourdie, en colère. Lundi 26 octobre, le Centre interna- tional de recherche sur le cancer, l’agence cancer de l’Organisation mondiale de la santé (O.M.S.), ont classé la viande transformée, essentiellement la char- cuterie, dans la catégorie des agents “cancérogènes pour l’homme” , tandis que les viandes rouges - qui, selon le C.I.R.C., incluent le porc et le veau - ont été classées comme “probablement cancérogènes.” Parmi les cancers les

plus fréquemment associés à la vian- de figure le cancer colorectal et dans une moindre mesure les cancers de la prostate et du pancréas,selon les auteurs de l’étude. Dans le Haut-Doubs, l’annonce a fait l’effet d’une bombe par- ce que c’est tout une filière qui est mise au pilori. “À qui profite le crime ?” s’interroge Michel Delacroix, président d’A.2.M., association de défense et de promotion des deux saucisses de notre région : la Morteau et la Montbéliard. Pour le secteur, déjà en difficulté, c’est un peu la goutte d’eau. “On nous appuie sur la tête alors que certains l’ont tou- jours sous l’eau” , dit le président avant

de défendre bec et ongles ses produits. “La viande rouge est incriminée : je rap- pelle que le porc est de la viande blanche. Tout est question de dosage ! Il n’y a aucune inquiétude à avoir car nos pro- duits sont réalisés sans additifs. Nous avons également réduit les taux de sel. D’après une enquête, les Français man- gent deux saucisses de Morteau par an : ce n’est pas ça qui va les tuer !” On sent l’agacement. Joël Pourchet, éleveur de porc dans le Saugeais et président de l’interprofession porcine, rappelle que nos ancêtres man- geaient toute l’année des produits fumés, “et on n’entendait pas de problèmes majeurs liés à cela. Qu’ils fassent une étude sur nos ancêtres… qui vivaient au-delà de 70 ans” dit-il. La filière a obtenu un autre soutien : celui de la députée-maire deMorteauAnnie Gene- vard. Sur les réseaux sociaux, elle s’est fendue de ce commentaire : “Manger de la bonne viande d’origine française et de la véritable saucisse de Morteau n'a jamais tué personne ! La France est exemplaire pour la qualité de ses pro- duits. Reconnaissons-le !” Une reconnaissance qu’il faudra rega- gner alors même que les salaisonniers engagent des campagnes de publicité. “Cette annonce aura des conséquences

4 939 tonnes, soit une progression d’1,4 % par rapport à 2013. Elle est de plus en plus talonnée par la saucisse de Montbéliard dont la production a atteint 4 463 tonnes en 2014, en haus- se de 2,1 % par rapport à 2013. Les volumes de saucisses de Morteau label rouge augmentent quant à eux de près de 10 % pour atteindre 167 tonnes. La saucisse et les produits fumés devraient encore régaler les papilles. E.Ch.

négatives sur nos produits qui sont mis en pâture. C’est difficile à chiffrer” rela- te le président des deux saucisses. Le fait de ranger les charcuteries, et autres viandes transformées, dans le groupe des agents qui sont causes de cancer, comme le tabac ou l’amiante, ne veut pas pour autant dire qu’ils sont aussi dangereux. Le bilan pour la filière sera fait à la fin de la saison. L’an dernier, la produc- tion de saucisses de Morteau a atteint

“La charcuterie n’a jamais tué personne.”

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