La Presse Pontissalienne 193 - Novembre 2015

FRASNE - LEVIER - AMANCEY

La Presse Pontissalienne n° 193 - Novembre 2015 33

NANS-SOUS-SAINTE-ANNE Inauguration de l’espace Beauquier L’hommage de Jean-Louis Debré à Charles Beauquier

À la fois homme politique de gauche, historien, attaché à la nature autant qu’à ses racines franc-comtoises, Charles Beauquier (1833-1916)

a mené des combats dans lesquels il s’est retrouvé seul.

L e 24 octobre, Jean-Louis Debré, le président du Conseil Consti- tutionnel était à Nans-sous- Sainte-Anne pour inaugurer l’Espace Beauquier construit par la communauté de communes d’Amancey à la source du Lison. L’ancien ministre était là pour rendre hommage à l’homme politique qu’était le député du Doubs Charles Beauquier (1833- 1916). Il avait déjà salué sa mémoire dans son livre intitulé “Les oubliés de la République” (Fayard - 2008). Regret- tons-le, car selon Jean-Louis Debré, les élus ont des enseignements à tirer de l’approche que Charles Beauquier avait de la politique. Il a parlé de lui comme un “des pré- curseurs pour la réforme du régime parlementaire et celle des structures administratives. Il était précurseur pour la défense de l’environnement.

ENVIRONNEMENT Stupéfiants Passage de témoin à la Z.E.L.A.C. Gérard Cordier a transmis à Fabrice Berne le soin de pérenniser le travail accompli depuis une quinzaine d’années au sein de la Zone Expérimentale de Lutte Anti-Campagnols (Z.E.L.A.C.). Des précurseurs.

S’inspirant de la sour- ce du Lison, il est à l’origine de bien des lois. Mais il a érigé quelque chose de plus impor- tant : la volonté que tou- te commune de plus de 10 000 habitants se dote d’un plan d’occupation des sols. Charles Beau- quier, c’est aussi l’expropriation pour cause d’utilité publique quand la beauté était atteinte par des inves- tisseurs prêts à déna- turer pour le profit.” Beauquier appelait les élus à la raison, “mais les politiques n’ont pas été raisonnables. Que d’entrées de villes ont été détruites car on a laissé construire

C’ est souvent dans la tour- mente que se révèle la vraie nature des hommes. Fin des années quatre-vingt- dix, la lutte chimique contre les cam- pagnols cause des dégâts catastro- phiques à la faune non-cible. On ne compte plus les cadavres de milans, buses, renards, sangliers. Les défen- seurs de la nature crient au scanda- le. La profession agricole est montrée du doigt. Pire encore, la méthode d’intervention à haute densité de cam- pagnols ne suffit pas à éradiquer le fléau. Dans ce combat stérile, une lueur d’espoir va naître avec la créa- tion d’une zone expérimentale sur les hauteurs du Val d’Usiers, à Pissena- vache plus exactement. Gérard Cor- dier alias Catou, agriculteur à Bians- les-Usiers se retrouve assez naturellement à la tête de ce grou- pement qui fédère à l’époque treize exploitations. “Une histoire d’hommes” , commente ce président qui laisse sa place à l’heure d’une retraite agrico- le bien méritée. Les pionniers vont essuyer les plâtres. Avec Régis Defaut, le regretté tech- nicien de la F.R.E.D.O.N., ils vont éta- blir les bases du protocole de lutte qui aboutira à la définition de la boîte à

“Il est à l’origine de bien des lois.”

outils. “On est parti de rien.Au départ, on a expérimenté de nouvelles tech- niques de travail du sol. On a remis au goût du jour les perchoirs, les labours.” La Z.E.L.A.C. a surtout permis de démontrer l’intérêt d’une démarche collective et la nécessité d’agir le plus en amont possible au départ des cycles. Sans lamobilisation des agriculteurs duVal d’Usiers, pas sûr que les scien- tifiques se soient intéressés à la ques- tion. “Pour nous agriculteurs, c’est un bénéfice terrible. Cela nous a permis de rencontrer toutes sortes de per- sonnes : chercheurs, administrateurs, techniciens… Aucun agriculteur n’a racheté du foin depuis la création de la Z.E.L.A.C.” , apprécie l’ancien pré- sident tout en regrettant qu’il y ait encore si peu d’agriculteurs engagés dans la démarche raisonnée. Aujourd’hui, les campagnols pointent à nouveau leur museau du côté de Pissenavache. Fabrice Berne qui suc- cède à Catou va devoir réactiver ses troupes. “Il n’y a plus que cinq exploi- tations dans le dispositif. Globale- ment, on est plus dans un schéma de lutte individuelle que collective” ,conclut celui qui semble prêt à valoriser l’héritage de ces glorieux aînés.

Daniel Menweg, maire de Nans-sous-Sainte-Anne et Jean-Louis Debré lors de l’inauguration de l’Espace Beauquier à la source du Lison (photo Villages F.M.).

n’importe quoi. Notre responsabilité n’est pas d’abîmer notre patrimoine, mais de le transmettre” a déclaré Jean- Louis Debré, heureux “que face à cet- te nature extraordinaire de la source du Lison, brille le nom de Charles Beauquier.” Le 24 octobre, il a réhabilité à samaniè- re ce parlementaire qui “avait compris que la rénovation du régime parle- mentaire passait par des discours

moins longs, et par des hommes et des femmes qui parlaient, non pas pour s’écouter, mais pour dire quelque cho- se. Charles Beauquier avait aussi com- pris que la carte de la France devait être modifiée, transformée. Voilà un homme que l’histoire a oublié. Que l’histoire est ingrate !”Mais dans beau- coup de ses combats, Charles Beau- quier est resté seul.

SAM 28 DIM 29 NOVEMBRE 2015

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Gérard Cordier a longtemps présidé à l’animation de la Z.E.L.A.C. avant de transmettre le flambeau à Fabrice Berne.

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