La Presse Pontissalienne 193 - Novembre 2015

30 UNE COMMUNE À L’HONNEUR

La Presse Pontissalienne n° 193 - Novembre 2015

En passant par Chapelle-des-Bois 281 habitants Le village au bout du bout du Doubs Isolé de tout à 1 100 m d’altitude, Chapelle-des-Bois occupe une place à part dans le département. Un village paradoxal à la fois riche et fragile de ces particularismes. Chapelle-des-Bois

A dossé à la frontière suisse, Chapelle-des-Bois n’a pour- tant rien d’un dortoir à fron- taliers. La faute à qui ? La chance à quoi ? À l’encombrant et surtout peu accessible massif du Risoux qui sépare la com- mune de la vallée de Joux. Avec neuf exploitations laitières, ce village a su conserver sa vocation agri- cole. L’autre atout de ce petit coin de montagne jurassienne réside dans la persistance de son épais manteau nei- geux. Les Chapelands ont vite com- pris l’intérêt qu’ils pouvaient en tirer sur le plan touristique. Dans les années soixante-dix, tout une partie de la popu- lation s’est tournée vers l’accueil de vacanciers friands d’activités nordiques. Chapelle-des-Bois est ainsi devenue La Mecque du ski de fond. “Les acteurs du tourisme avaient créé l’association Tourisme Vert et Blanc antérieurement à la création de l’office de tourisme de Mouthe” , rappelle Élisabeth Greusard qui a pris la succession de Pierre Bour- geois à la tête de la commune aux der- nières élections municipales. Grâce à cette association, les clients pouvaient consulter à distance le tableau des dis-

Élisabeth Greusard le maire avec son 1 er adjoint François Camper sur fond de tourbière aux couleurs automnales.

ponibilités de lits touristiques. Ils ne pouvaient pas réserver automatique- ment mais il leur suffisait alors de contacter le loueur par téléphone. Avec 800 lits touristiques, Chapelle voit sa population tripler au plus fort des vacances d’hiver. “75 % des rede- vances ski de fond de la communauté de communes des Hauts du Doubs se font sur Chapelle” , enfonce François Camper, le premier adjoint. Cette dyna- mique touristique reste d’actualité comme en témoigne l’évolution de l’ancien Accueil montagnard géré aujourd’hui par le groupe CapVacances qui a repris les infrastructures remises

de l’impact que pourrait avoir la loi N.O.T.R.e votée en août. La commu- nauté de communes des Hauts du Doubs doit se marier avec celle de Mont d’Or-Deux lacs. Aucune des deux ne souhaite pas cette union trop précipi- tée. “Pour Chapelle-des-Bois, qui est déjà une extrémité isolée, l’éloignement des centres de décision sera encore plus important. Nous aurions préféré un regroupement avec Foncine-le-Haut et le bas et la communauté de communes du Plateau de Nozeroy. Que représen- terons-nous dans une communauté de 15 000 habitants ?… Un peu plus le bout du bout. Quelle sera la représen- tation de 281 habitants parmi 15 000 ? Les Chapelands ne bénéficient pas de tous les services proposés par la com- munauté de communes actuelle : peti- te enfance, transport, mutualisation du matériel… Cette loi ne va-t-elle pas conduire des villages comme le nôtre à se replier sur lui-même, à trouver des solutions internes,mais avec des moyens limités, des contribuables à devoir payer des impôts locaux à des collectivités territoriales trop éloignées de l’usager ?” F.C.

École 33 enfants solarisés Maintien des deux classes : assez d’effectif jusqu’en 2017 L’avenir de l’école de Chapelle-des-Bois est remis en cause à chaque publication de la nouvelle carte scolaire. Les familles, la commune se mobilisent sans relâche depuis 2011.

“O n se retrouve au tribu- nal administratif toutes les années impaires” , observe Élisabeth Greusard. Verdict pour 2015 : match nul avec une situation qui restera inchangée jusquʼà la prochaine carte scolaire. Pas de fermeture possible car lʼeffectif a progressé. “On a récu- péré des enfants de plus de trois ans et de plus de deux ans. On a aujour-

à neuf par la commu- nauté de communes. “Cette évolution était inévitable mais on ne souhaite pas tomber dans le tourisme de mas- se avec des constructions disgracieuses. Chapelle- des-Bois est un site ins- crit avec une obligation de préserver l’environnement.” Élisabeth Greusard est beaucoup plus inquiète

dʼEnvironnement Social Défavorisé car là, on compte les enfants de deux ans scolarisés. Reste à savoir ce quʼest vraiment une Z.E.S.D. Annie Gene- vard a posé la question au ministre de lʼÉducation nationale sans avoir de réponses qui nous semblent satis- faisantes.” Aujourdʼhui, Chapelle-des- Bois est classée en zone de revitali- sation rurale mais lʼInspection dʼAcadémie ne considère pas quʼelle soit dans une zone socialement défa- vorisée. Quoi quʼil en soit, avec des perspec- tives dʼaugmentation sinon de main- tien dʼeffectifs, lʼécole de Chapelle- des-Bois devrait passer quelques années tranquilles. “Sauf en cas de déplacements de familles pour des raisons professionnelles ou pas” , modè- re le maire. Sur le plan des résultats, les petits chapellands nʼont rien à envier aux autres. La commune a prévu dʼinvestir dans lʼachat de matériel informatique. “Pour le reste, cʼest O.K. !”

800 lits touristiques.

dʼhui 27 enfants de plus de trois ans. Cʼest ce qui nous permet de conser- ver les deux classes.” Dans cette confrontation récurrente, tout le dilem- me sʼarticule autour de la non prise en compte par lʼInspection Académique des enfants de moins de deux ans. Les défenseurs de lʼécole font tout pour quʼils soient comptabili- sés. “Lʼune des solutions serait dʼêtre classé en Zone

Rien à envier aux autres.

Depuis 2011, les élus et les parents d’élèves ont réussi à maintenir l’ouverture des deux classes à l’école de Chapelle-des-Bois.

Un habitant a légué à la commune la ferme de Nondance qui est aujourd’hui utilisée pour de multiples manifestations et sert à stocker du matériel agricole en hiver.

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