La Presse Pontissalienne 189 - Juillet 2015

PONTARLIER

La Presse Pontissalienne n° 189 - Juillet 2015

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voit ce phénomène. Il devrait encore s’amplifier car il y a en ce moment l’exposition universelle de Milan. Pon- tarlier est un passage obligé comme le furent les cars de touristes américains par le passé” dit l’ancien président de l’Office de tourisme de Pontarlier. Mais que font ces touristes dans le Haut- Doubs que l’on ne voit d’ailleurs pas au Château de Joux, encore moins à la Citadelle de Besançon ? “On ne fait que passer, explique Danilo Paoella, chauffeur italien d’un bus stationné sur le parking du Joué club à Pontar- lier. On était ce matin à Berne. Onman- ge au restaurant chinois ce midi et après on part pour Paris” poursuit-il. Pontarlier est un axe de transit per- mettant aux tour-opérateurs d’économiser le péage ou le passage par le tunnel duMont-Blanc pour ceux qui vont en Italie. D’autres cars vont à l’aéroport de Genève ou en viennent, ou aux hospices de Beaune. Ils se diri- gent aussi à Interlaken : “C’est le pas- sage obligé car il y a un grand centre commercial avec beaucoup de montres” explique Dong Han. Chinoise, elle a été embauchée à McDo Pontarlier jus- tement pour accueillir cette clientèle. Elle a réalisé des panneaux en man- darin placardés sur les portes pour expliquer comment fonctionnaient les bornes pour commander un Big Mac. “Dans les McDo en Chine, il n’y a pas de commande par borne” ajoute-t-elle. Pour l’anecdote, des enseignes de la région parisienne ont repris l’affiche faite à Pontarlier. “Ils mangent beau- coup de poulet” témoigne Dong Han, titulaire d’une licence en économie, en France parce que son mari est Fran- çais. Elle admet que ses “compatriotes” ont des méthodes différentes des Euro- péens : ils parlent fort, ne font pas tou-

TOURISME Au restaurant chinois Les touristes chinois débarquent à Pontarlier En moyenne, cinq bus de touristes transportant des Chinois s’arrêtent à chaque jour à Pontarlier. Le phénomène s’amplifie. McDo a même embauché une ressortissante chinoise à sa caisse. Une chance pour l’économie locale. Et des inconvénients…

L e moteur du bus immatriculé en Italie à peine coupé, un flot de cinquante personnes des- cend et court en direction du McDonald’s de Pontarlier. Il est 9 h 40 du matin. Comme une vague qui défer- le, des hommes et des femmes ouvrent la porte et se dirigent tout droit… vers les toilettes. Tous sont Asiatiques, Chi- nois plus précisément. Ils sont en voya- ge mais leur

temps est compté : ils ont 20 minutes avant de repartir direction Paris. “Ils ont quand même le temps de consom- mer. D’ailleurs, ils prennent beaucoup de litres d’eau chaude pour leur thé” commente Philippe Gille, responsable de l’enseigne de restauration rapide à Pontarlier. Cet afflux massif de Chi- nois à Pontarlier n’est plus un scoop pour lui : “Voilà quatre ans que l’on

Quarante touristes chinois viennent de terminer leur repas dans un res- taurant de Pontarlier. Ils reprennent le bus : direction la Tour Eiffel.

Ces visiteurs - à fort pouvoir d’achat - ont aussi la fâcheuse habitude de cra- cher partout “et bouchent nos toilettes” explique le chef du poste-frontière suis- se de Vallorbe. “Ils confondent le papier pour se laver les mains avec le papier toilette” dit-il. Ces cars s’arrêtent d’ailleurs à Intermarché des Hôpitaux- Neufs pour faire le plein de carburant. Pour environ 1 200 euros par semai- ne le forfait de base, ces Chinois décou- vrent l’Europe à vitesse grand V et dépensent beaucoup plus. Une chan- ce. Aux acteurs du tourisme de tenter de les retenir un peu plus. Avec un doublement du nombre de nui- tées des touristes chinois, la Chine pas- se devant le Royaume-Uni et les Pays- Bas et devient le 4 ème pays fréquentant le plus l’hôtellerie régionale en Franche- Comté. E.Ch.

jours la queue, jettent l’argent au nez des vendeurs pour qu’ils aillent plus vite. “En Chine, il y a trop de monde, alors tout le monde veut faire vite. S’ils parlent fort, c’est parce que l’intonation n’est pas la même” dit-elle. L’hôtel Ibis à Pontarlier - qui accueille ces voyageurs - “limite à un ou deux

groupes par mois l’accueil de groupes chi- nois, concède Grégory Jan, directeur de l’hôtel. C’est une clientèle dont on ne peut plus se pas- ser économiquement mais on la sépare de l’européenne. Ils pren- nent tout en photo, par- lent fort, mélangent le jambon avec le Nutel- la…Cela peut gêner cer- tains” énumère-t-il.

Dong Han, salariée embauchée il y a un an

“On limite à deux groupes par mois.”

à McDo, a réalisé

une pancarte en mandarin spécialement pour ses compatriotes.

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