La Presse Pontissalienne 189 - Juillet 2015

ÉCONOMIE

La Presse Pontissalienne n° 189 - Juillet 2015

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AGROALIMENTAIRE

Le patron de Morteau Saucisse

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“Nous avons créé les conditions du développement” La société Clavière Charcuterie de Dole vient d’être rachetée par le groupe Jean-Louis Amiotte - Morteau Saucisse (Arcado). Son président, Richard Paget, fixe le cap du groupe leader sur le marché de la production de saucisse de Morteau et de Montbéliard.

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Venez l’essayer !

L a Presse Pontissalienne : Vous venez de racheter l’entreprise Clavière Char- cuterie de Dole. Dans quel contexte a eu lieu cette transaction ? Richard Paget : L’entreprise Clavière Charcuterie ne correspondait plus à la stratégie du groupe Savencia (ex- Bongrain) auquel elle appartenait. Elle n’avait plus sa place dans une struc- ture régionale familiale telle que la nôtre et dont le cœur d’activité est le produit régional. Comme nous, la socié- té Clavière est positionnée sur ce mar- ché de niche. Nous avons engagé un dialogue constructif avec cette entre- prise. Nous sommes tombés d’accord sur le fait que nous sommes dans un contexte où il faut consolider la filiè- re pour maintenir des emplois et être en capacité de répondre aux attentes de la grande distribution en termes d’offre et de prix. Nous avons racheté 100 % des titres de cette entreprise après plus d’une année de discussion. L.P.P. : L’entreprise Clavière va-t-elle conser- ver son indépendance ou devenir une unité de production pour Amiotte ? R.P. : Nos sociétés restent indépen- dantes. Clavière Charcuterie conser- ve sa direction générale et sa struc- ture commerciale et marketing. L.P.P. : Quel est l’intérêt d’une telle organisa- tion ? R.P. : Cette séparation garantit une dynamique sur le marché. Des consom- mateurs sont attachés aux produits Clavière, au goût Clavière, à ses recettes, comme d’autres sont attachés aux pro- duits Amiotte et Morteau Saucisse. Nous nous devons de conserver nos différences par rapport aux consom- mateurs.

Cependant, avec Clavière, s’ajoute un autre produit différenciant, qui n’a pas d’identification géographique proté- gée. Il s’agit du jambon persillé de Bourgogne qui représente 18 % de l’activité de cette entreprise.Mon objec- tif est de développer ce produit en cher- chant à y intéresser des marques dis- tributeurs. L.P.P. : Vous fabriquez une grande partie des 4 870 tonnes de saucisse de Morteau pro- duites chaque année et des 4 372 tonnes de saucisse de Montbéliard. Le marché de ses deux produits régionaux a-t-il encore une réserve de croissance ? R.P. : Nous n’avons pas des objectifs de croissance exceptionnels. Nous sommes plutôt dans la démarche de créer de la valeur ajoutée à partir de ces pro- duits. Par exemple, il y a une diversi- fication possible de la saucisse de Mor- teau pour qu’elle devienne un produit de snacking. C’est une tendance forte dans les habitudes de consommation et nous pouvons surfer sur cette vague. À l’inverse, je crois aussi beaucoup au reflux, le contre-courant de cette mode du prêt-à-manger. C’est l’idée du repas entre amis. La saucisse de Morteau est typiquement un produit convivial, facile à cuisiner, que l’on partage. Il a une histoire et un lien avec le terroir. C’est notre vocation de développer notre savoir-faire et l’authenticité de ce produit. Notre légitimité est de pro- duire de la saucisse de Morteau et de Montbéliard en respectant la diffé- renciation. L.P.P. : Ces produits du terroir s’exportent-ils ? R.P. : Le problème pour un produit com- me la saucisse de Morteau est que sa valeur perçue en dehors de la France est inférieure à sa valeur réelle.

L.P.P. : Quel est le poids économique de vos deux entreprises réunies ? R.P. : Clavière réalise 20 millions d’euros de chiffre d’affaires. Il est de 42 mil- lions d’euros pour Amiotte et Morteau Saucisse. Le chiffre d’affaires global du groupe sera donc de 62 millions d’euros avec un effectif d’environ 300 personnes dont 120 chez Clavière. L.P.P. : Les salariés redoutent toujours des sup- pressions d’emplois lorsqu’une entreprise est vendue. Doivent-ils s’attendre à une restruc- turation dans le cadre du rachat de Clavière ? R.P. : On s’est engagé à ce qu’il n’y ait pas de suppressions d’emplois. Lorsque Amiotte-Suchet a repris Morteau Sau- cisse en 2003, nos deux entreprises employaient 120 personnes. Aujour- d’hui, nous sommes 180 ! Nous avons donc créé de la valeur et de l’emploi. On espère bien que l’histoire se répé- tera. En tout cas, nous avons créé les conditions du développement. L.P.P. : La saucisse de Morteau et la saucisse de Montbéliard sont les deux produits régionaux phares de vos entreprises. Ce regrou- pement est-il annonciateur d’une diversification de la pro- duction ?

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L’histoire, la tradition, le lien au ter- roir, ne parlent pas aux Allemands ou aux Espagnols. Nous avons tenté d’aller chercher les consommateurs allemands en participant à des salons. En vain. Désormais, je suis confronté à une pro- blématique d’arbitrage de moyens. Je préfère me concentrer sur le dévelop- pement du marché français plutôt que de tenter une percée à l’export. L.P.P. : Avec le rachat de Clavière, êtes-vous plus fort pour négocier avec la grande distri- bution ? R.P. : On fabrique un produit de terroir qui finalement n’est pas indispensable à la grande distribution. Nous devons donc offrir à nos clients distributeurs un produit de qualité au juste prix. Le fait de se regrouper avec l’entreprise Clavière et d’atteindre ainsi une cer- taine taille va nous permettre de répondre instantanément aux opéra- tions commerciales de nos clients. La saucisse de Morteau est un produit très différenciant. Pour être dans l’excellence, il faut être un “pure player”, ce qui consiste à se concentrer sur un produit et sur sa qualité. Pour être dans l’excellence, il faut tout contrô- ler. C’est ce que nous faisons. L.P.P. : La crise frappe la filière porcine. Cela menace-t-il votre activité ? R.P. : Les porcs utilisés dans la fabri- cation de la saucisse sont nourris au lactosérum. Le problème est que sur une carcasse de 90 kg, 50 % sont uti- lisés pour fabriquer de la saucisse. L’autre problème est la saisonnalité. C’est-à-dire que nos besoins en vian- de de porc varient de 1 à 4, voire de 1 à 5 entre l’été et l’hiver. Cela signifie que 50 % des revenus des éleveurs de porcs proviennent d’autres filières que celle de la saucisse de Morteau. Or, dans les autres filières, le marché du porc est catastrophique. Notamment depuis l’embargo russe, un pays qui n’importe plus de porcs. Les cours dégringolent et les éleveurs sont dans des situations économiques difficiles. Notre métier peut être directement menacé par la situation de cette filiè- re. Les pouvoirs publics ont été aler- tés. Sans eux, nous ne parviendrons pas à régler le problème. L.P.P. : Vous venez d’être décoré de la légion d’honneur. Comment avez-vous réagi lors- qu’on vous a proposé cette distinction ? R.P. : J’ai été proposé en mars 2014 et la cérémonie a eu lieu en avril 2015.

Il m’a fallu ce long délai de réflexion pour accepter cet honneur. Je ne me sentais pas prêt. J’ai finalement accepté d’organiser la remise officielle de l’insigne car la légion d’honneur ne venait pas célébrer un hom- me, mais une histoire commune, une envie de construire une société différente, un modèle de fonctionne- ment différent. Si notre vrai projet est de fabri- quer des produits de terroir différenciés, le but ultime est de pérenniser le modèle social et sociétal que nous avons mis en pla- ce au sein de

“Le dévelop- pement du marché français.”

R.P. : Pour garantir la pérennité d’une entre- prise de charcuterie en Franche-Comté face aux mastodontes bretons de l’agroalimentaire notam- ment, il faut s’appuyer sur des produits de ter- roir différenciés. Notre cœur de métier est en effet la fabrication de sau- cisses de Morteau et de saucisses deMontbéliard.

“La transparence, l’ambiance, la confiance.”

l’entreprise et que nous améliorons sans cesse. Les autorités publiques connaissent cet engagement. Nous avons démarré par exemple un travail pour supprimer la pénibilité dans notre entreprise en éliminant les troubles musculo-squelettiques. Pour cela, on filme tous les postes et sur chacun d’eux, en séquençant les images, on arrive à déterminer les gestes répéti- tifs et pénibles. L’objectif est de trou- ver le moyen de les supprimer pour améliorer le confort des collaborateurs, tout en améliorant la performance et la productivité. Je pars du principe qu’on ne peut pas demander aux autres de faire ce qu’on ne serait pas capable de faire soi-même. Permettre à des gens de s’épanouir dans un milieu dif- ficile comme celui de la charcuterie, ce n’est pas simple, mais nous y tra- vaillons. L.P.P. : Vous êtes un patron social ? R.P. : Je n’ai jamais vu une entreprise dans laquelle les salariés et le patron sont heureux de travailler, qui n’obtenait pas de bons résultats. Dans notre grou- pe, il y a trois éléments important dans notre manière de fonctionner : la trans- parence, l’ambiance, la confiance. Il n’y a pas d’objectifs individuels, de compétition interne. Chacun apporte sa contribution à la réussite de l’entreprise et nous partageons la valeur ajoutée. Il faut que l’entreprise ait un sens pour toutes les personnes qui y travaillent. Propos recueillis par T.C.

Richard Paget vient d’être décoré de la légion d’honneur pour ses compé- tences managé- riales.

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