La Presse Pontissalienne 189 - Juillet 2015

VALDAHON - VERCEL 30

La Presse Pontissalienne n° 189 - Juillet 2015

ÉTALANS Sécurité “Que nos petits ne soient pasmorts pour rien” Le 16 novembre 2009, Léo et Tom perdaient la vie au croisement de la R.N. 57 à Étalans dans un accident de la route. Grégory Tournoux, le papa, a échappé à la mort. Six ans plus tard, un nouvel accident grave s’est déroulé au même endroit. La famille a mené une action coup-de-poing pour demander la sécurisation de cet axe et obtenu gain de cause. Rencontre.

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Limité à 70 km/h et des bandes rugueuses S uite au blocage de la R.N. 57 samedi 13 juin par les habitants du village, la préfecture a entendu lʼappel de la famille et de la mairie. Une réunion sʼest déroulée vendredi 19 juin à Besançon en présence de la gendarmerie, du maire dʼÉtalans, de la D.I.R.-Est. Suite à cette réunion, les autorités ont annon- cé : le passage à 70 km/h de cette zone (contre 90 km/h), la mise en place de bandes rugueuses, le renforcement des contrôles par la gendarmerie. Un dia- gnostic du trafic sera mené afin dʼétablir un plan de circulation et imaginer des aménagements de carrefours. “Je remercie le sous-préfet qui a été réactif. Cʼest la première fois que lʼon est entendu, se réjouit le maire dʼÉtalans. Cʼétait impor- tant pour nous que de recevoir des signes concrets. Il fallait sécuriser oui, mais il faut aussi sensibiliser les automobilistes : la collectivité a des responsabilités mais aussi les usagers. À 70 km/h, si on peut se limiter à de la tôle froissée, tant mieux. Je nʼen peux plus de recevoir un appel des pompiers pour me dire quʼil y a un blessé” conclut le premier magistrat.

Élodie et Grégory Tournoux, avec leur fille Heidi (manque Sacha), dans leur maison d’Étalans.

L eurs fils, leur bataille. Six ans après la mort de Léo (10 ans) et Tom (6 ans), deux garçons décé- dés dans un accident de la rou- te à Étalans le 16 novembre 2009, Élo- die et Grégory Tournoux (39 et 41 ans) sortent de leur silence. Qu’importe la douleur, ils ont accepté d’évoquer leur combat : sécuriser le croisement de la route nationale 57 à Étalans avec la route départementale 133 menant à Guyans-Durnes. C’est ici que la vie de la famille a basculé, à quelques mètres de leur lieu de résidence. Était-ce le camion-citerne qui roulait trop vite ? Était-ce une mauvaise appréciation de la distance ? Toujours est-il que le choc a coûté la vie à Léo et Tom. Gré- gory, entre la vie et la mort, parvien- dra - miraculeusement - à s’en sortir après plusieurs jours dans le coma. Six ans après, les deux parents ont tenté de se reconstruire. De leur amour

11 mars dernier, au même endroit, le fils de ma cousine a été percuté par un camion. Dylan, 17 ans, est encore dans le coma suite à cet accident. Un même accident a lieu à cet endroit le 11 juin 2013 lorsque je rentrais du tra- vail. Cela a tout déclenché. J’étais allé en mairie trois mois plus tôt (en jan- vier) pour (re)demander que l’on sécu- rise cet endroit. J’en avais marre car rien ne bougeait. J’ai alors pris mon carnet d’adresses et annoncé à tous mes contacts que je couperais la rou- te pour alerter les responsables le 13 juin. Nous avons déjà perdu nos deux enfants ici. Demain, ce sera peut- être d’autres enfants d’Étalans… Je n’ai pas envie que l’on me dise un jour : “Un copain de Léo est mort à ce car- refour.” L.P.P. : Environ 400 personnes ont participé au blocage. Cela prouve que personne n’a oublié. Est-ce réconfortant ? Élodie Tournoux (la maman) : On sait que cela ne les ramènera pas.Mais un autre drame nous briserait une deuxième fois. L.P.P. : Il a dû vous falloir beaucoup de force. Cette démarche ne rouvre-t-elle une plaie encore béante ? G.T. : À force d’être passif, on devient responsable. On aurait même dû le fai- re bien avant ! L.P.P. : Tom et Léo ont un frère (Sacha) et une sœur (Heidi). Leur cachez-vous votre action ? E.T. : Pas du tout. Ils savent qu’ils ont deux frères qui sont au ciel.

la tête. Depuis 2009, ce sont de nom- breux accidents (légers ou graves) qui ont eu lieu ici. On a obtenu une réunion la semaine suivant notre opération avec la sous-préfecture. On demandait ces mesures depuis longtemps… Si rien n’était fait, j’étais prêt à reblo- quer ! Propos recueillis par E.Ch.

L.P.P. : Vous habitez Étalans. Évitez-vous ce carrefour ? E.T. : Non. On se dit parfois que l’on est fou. Mais on a de la famille qui habi- te Guyans-Durnes. On est obligés de traverser. Moi qui travaille à Besan- çon, il m’est arrivé de m’insérer sur la voie de droite et de devoir me serrer car une voiture doublait en face !

L.P.P. :Votre coup de gueule semble avoir por- té ses fruits puisque la préfecture a réagi (lire l’encadré). Satisfait ? G.T. : Nous sommes satisfaits de la réac- tivité. Les bandes rugueuses seront posées rapidement. Il faut que nos petits ne soient pas morts pour rien. Il y avait un ras-le-bol et voilà un moment que cette idée me trottait dans

sont nés Heidi (3 ans) et Sacha (4 ans). Mais en mars dernier, la famille a - de nouveau - été touchée par un terrible drame, au même endroit où ils ont perdu leurs enfants. Ter- rible loi du destin. C’en était trop. Entretien. La Presse Pontissalienne :Pour- quoi, 6 ans après le drame,avoir décidé de bloquer la route natio- nale 57 à Étalans samedi 13 juin ? Grégory Tournoux : Pour dire stop ! Le jeudi

“On aurait dû le faire avant.”

400 personnes, dont de nombreux enfants, ont participé au blocage de la route nationale.

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