La Presse Pontissalienne 189 - Juillet 2015

FRASNE - LEVIER - AMANCEY

La Presse Pontissalienne n° 189 - Juillet 2015

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AMANCEY Président de la communauté de communes Face à la réforme, Philippe Maréchal défend son territoire Les élus de la communauté de communes d’Amancey n’ont pas attendu sur l’État pour développer leur territoire et le sortir de son enclavement. Or, avec la loi N.O.T.R.E., ils risquent de perdre la main sur le destin de la communauté de communes. Philippe Maréchal monte au créneau, sans langue de bois.

L a loi N.O.T.R.E. qui cadre la nouvelle organisation du territoire de la Répu- blique va changer le cours du destin des communautés de communes de moins de 20 000 habitants. Elles pourraient être

amenées à fusionner entre elles (la loi n’est pas encore votée) afin d’atteindre ce seuil de popula- tion. Après la réforme des can- tons qui a déjà réorganisé le ter- ritoire avec plus ou moins de cohérence, le sort qui guette cet-

te fois les groupements de com- munes de petite taille ne réjouit pas Philippe Maréchal, maire d’Amancey et président de la communauté de communes AmanceyLoue-Lison. “Les regrou- pements annoncés par la loi N.O.T.R.E. doivent se faire de gré et non de force. Je ne suis pas contre la réorganisation à condi- tion qu’elle tienne compte de la réalité des territoires. Peut-être que nous devrons nous unir à Ornans et à Quingey.Mais dans cette perspective,quel sera le poids d’une communauté de communes comme la nôtre qui a une popu- lation inférieure à celle de la vil- le d’Ornans ?” s’inquiète l’élu. La communauté de communes Amancey Loue-Lison fédère 20 communes où vivent 4 200 habi- tants. La collectivité redoute que la loi la prive de sa liberté d’entreprendre qui lui a permis de développer son territoire depuis quarante ans, tant sur le

plan des services que de l’économie. “L’intercommunalité a démarré en 1968 avec le S.I.V.O.M. (syndicat intercom- munal à vocationmultiple).Notre communauté de communes est née en 1994. Nous n’avons pas attendu sur les énarques pour apprendre à travailler ensemble. Cette loi N.O.T.R.E. casse tout ce que des générations d’élus ont mis en place. Je ne suis pas un homme politique, mais un amé- nageur du territoire. Cette com- pétence n’appartient ni à la droi- te, ni à la gauche, mais à des hommes et des femmes élus qui œuvrent ensemble pour trans- former leurs idées en projets concrets dans l’intérêt collectif” insiste Philippe Maréchal dans un franc-parler qui le caractéri- se. Situé entre Ornans et Levier, le secteur d’Amancey ne profite guère de l’attractivité de la Suis- se d’un côté et de Besançon de l’autre.Les élus ont dû se retrous- ser les manches et faire preuve d’initiative pour dynamiser leur territoire et empêcher qu’il ne vivote du fait son enclavement. La collectivité a donc pris des risques supportés habituellement par des investisseurs privés. “La question est de savoir si les gens peuvent vivre sur notre territoi- re. Si l’on considère que oui, alors il faut leur apporter les services nécessaires pour qu’ils consom- ment, pour qu’ils travaillent,qu’ils se soignent. C’est ce que nous fai- sons depuis des années” remarque Philippe Maréchal. Par exemple, s’il y a un super- marché à Amancey, c’est parce que la communauté de communes a investi dans des locaux pour l’accueillir et qu’elle loue à

C’est cette dynamique et cette autonomie obtenue par la volon- té des élus ruraux que la loi N.O.T.R.E. pourrait casser en obligeant la communauté de com- munes d’Amancey à se marier avec Ornans et Quingey, voire avec Levier. Face à cette pers- pective, Philippe Maréchal est même prêt à rendre son tablier. “Le jour où nous serons tous regroupés, je démissionnerai. Comment voulez-vous que l’on poursuive le travail que nous avons engagé dans une structu- re où seront représentées 70 ou 80 communes ? Il y a des bassins de vie. Amancey en est un à part entière. Il faut en ternir compte.” L’élu de terrain estime que l’État ne tient pas compte de ces spé- cificités locales dans sa maniè- re d’agir. Pour Philippe Maré- chal, il devraitmême commencer par se réformer lui-même avant d’engager une mutation des ter- ritoires aussi déstabilisante, tout cela sur fond de baisse des dota- tions versées aux communes. “On supprime 30 000 euros à Aman- cey. C’est autant d’argent qui n’ira pas dans l’investissement” s’agace Philippe Maréchal qui estime que la loi N.O.T.R.E. remet en cause l’avenir des communes. Face à ce qu’il compare à du mépris des élus locaux de la part de l’État, le président de la com- munauté de communes d’Amancey Loue-Lison en finit même par souhaiter “une révo- lution républicaine” de la part des communes. C’est peut-être en décidant de ne plus exécuter certaines tâches que leur a délé- guées l’État, qu’elles parvien- dront à défendre leurs intérêts.

l’enseigne. Même chose pour l’hôtel tout proche. La C.C.A.L.L. a construit également des bâti- ments pour permettre àdes entre- prises de s’implanter. Récem- ment, elle en a vendu trois à des sociétés en place : la chaudron- nerie Oudot à Bolandoz, Sermed à Éternoz, et Diamac à Cléron. “Oui, nous prenons des risques car le financement est supporté par la collectivité qui va louer les locaux.Mais nous avons confian- ce en nos porteurs de projets qui vont pouvoir investir dans leur outil de travail. En face de nos dettes, il y a des loyers qui tom- bent tous les mois” justifie le pré- sident de laC.C.A.L.L.Cette poli- tique d’investissement porte ses fruits selon l’élu qui indique qu’à Amancey il y a 330 emplois d’actifs pour 700 habitants. La communauté de communes a investi également dans deux nouvelles structures sur son ter- ritoire pour augmenter le niveau de service à la population. Il y a

Philippe Maréchal devant la maison de santé d’Amancey qui a été inaugurée en novembre 2014.

ÉDUCATION

2,2 millions d’euros d’investissement

tout d’abord la maison de san- té de 650 m 2 , inaugurée en novembre der- nier, où sont ins- tallés deux médecins, 11 infirmiers, un dentiste, un podologue, une sage-femme et une orthopho- niste. Il y a ensuite l’école de musique de Fer- tans dont les tra- vaux d’aménagement viennent de s’achever.

Le nouveau groupe scolaire sera prêt pour la rentrée

“Une révolution républicaine.”

dans une école commune. “En 2013, Bolan- doz nous a rejoints. Les effectifs ont augmenté de 30 enfants et nous sommes passés de 4 à 5 classes. L’année dernière, Cléron en a fait de même ce qui nous a fait gagner une clas- se supplémentaire. Nous aurions pu rénover le site historique de l’école. J’ai proposé aux sept villages d’investir dans un nouveau bâti- ment. J’ai obtenu sept unanimités ” se félici- te Philippe Maréchal, le maire d’Amancey. Le coût de l’opération s’élève à 2,2 millions d’euros subventionnés à 45 % pour l’école et à 75 % pour le périscolaire. “J’ai mouillé la chemise pour aller chercher des subventions. Je suis fier de ce plan de financement” pour- suit Philippe Maréchal. Pour le reste à char- ge, les communes vont contribuer au prora- ta de leur taille. Ainsi, le groupe scolaire va coûter 25 000 euros par an à Amancey et 4 000 euros par an à Montmahoux.

L es 140 élèves de l’école d’Amancey feront leur rentrée en septembre dans les locaux flambant neufs du nouveau groupe sco- laire. Le bâtiment construit à proximité du gymnase est prévu pour accueillir six classes de la maternelle au primaire. Ce n’est pas la communauté de communes qui porte ce pro- jet mais le Syndicat Intercommunal à Voca- tion Unique (S.I.V.U.). Il réunit sept villages (Amancey, Cléron, Montmahoux, Bolandoz, Fertans, Malans, Amondans) qui ont investi Les sept villages du Syndicat Intercommunal à Vocation Unique ont engagé la construction d’une nouvelle école à Amancey pour accueillir les 140 enfants.

T.C.

Le nouveau bâtiment répond à toutes les nouvelles normes énergétiques.

À Fertans, les travaux de l’école de musique intercommunale viennent de se terminer.

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