La Presse Pontissalienne 189 - Juillet 2015

PONTARLIER ET ENVIRONS 16

La Presse Pontissalienne n° 189 - Juillet 2015

PATRIMOINE

Le secteur fortifié du Jura Dans la crainte d’une invasion

allemande par la Suisse…

On recense 18 casemates ou blockhaus autour de Pontarlier. Orientés pour se protéger d’une attaque par la Suisse, ces ouvrages n’ont pas livré combat à l’exception du petit blockhaus de Beauregard où trois soldats français furent tués. Histoire.

Construit en novembre 1939, le petit blockhaus de Beauregard contrôlait l’accès du car- refour formé par les routes de Remoray-Saint- Point et Vaux-et-Chante- grue-les Granges-Sainte- Marie. Trois soldats ont trouvé la mort dans ce petit blockhaus lors des combats contre les Alle- mands le 17 juin 1940. Une plaque commémora- tive a été inaugurée et posée sur cet ouvrage le 8 mai 1945. On recense 6 blockhaus sur les territoires de Remoray et Labergement. La casemate des Martines est identique à celle de la Grange de Lac.

Le blockhaus près du hameau des Brenets sert aujourd’hui d’abri pour le bétail.

L e Jura faisait un peu figu- re de parent pauvre entre la ligne Maginot au nord et à l’est et les forts alpins au sud. La neutralité de la Suis- se justifiait ainsi la “faiblesse” des fortifications sur les mon- tagnes jurassiennes dans la ligne de défense mise en place à par-

tir de 1925 face à l’Allemagne. Avec l’arrivée de Hitler au pou- voir en 1933, la menace se pré- cise. Les constructions se mul- tiplient le long des frontières allemandes et italiennes. La montée du nazisme et de la puis- sance militaire allemande finis- sent par remettre en cause la

neutralité de la Suisse. Décision est finalement prise de renforcer ce qui va devenir le secteur fortifié du Jura qui s’étend entre Belfort et lesAlpes. Ce réflexe protecteur va géné- rer la construction de 88 case- mates et blockhaus face à la frontière helvétique. “On en

dénombre 18 autour de Pon- tarlier”, explique Dominique Marandin, auteur d’un article sur les bunkers de Remoray- Labergement paru dans la revue Racines en juillet 2006. La plu- part de ces ouvrages seront construits en 1939-1940 par les sapeurs du 10ème régiment du génie stationné à Besançon. Deux secteurs seront particu- lièrement dotés en bunkers : la montagne du Larmont entre La Cluse et Les Verrières et le sec- teur de Remoray-l’Abbaye. Le secteur fortifié du Jura s’appuiera bien sûr sur les ouvrages existants comme le château de Joux, les forts Cati- nat, Mahler ou encore le fort Saint-Antoine. Ces constructions se feront par- fois dans la précipitation. Les anciens à La Cluse ou à Remo- ray rapportaient que les soldats bâtisseurs travaillaient nuit et jour sur ces chantiers. Des efforts qui s’avéreront souvent vains car les troupes allemandes arri-

veront en juin 1940 dans le Jura par l’ouest et le nord-ouest. Seul le petit blockhaus de Beaure- gard essuiera le feu de la mitraille ennemie. Les trois sol- dats français qui s’y trouvaient seront tués le 17 juin lors de la bataille. 75 ans après la débâcle, les bun- kers sont toujours là. Ils font aujourd’hui partie du paysage. Beaucoup sont à l’abandon. Cer-

tains servent d’étable. D’autres d’abri à chauve-souris. L’un deux à ouverture par le sommet a même été transformé en citer- ne pour le bétail. Construits à la hâte avec du mauvais béton, ils vieillissent assez mal. Cer- tains comme celui de l’Abbaye furent le théâtre de violents combats. De jeunes Français y laissèrent la vie pour défendre notre pays.

Le blockhaus des Granges Tavernier au-dessus d’Oye-et-Pallet.

Ce bunker situé aux verrières est l’un des derniers qui soient encore équipés d’une cloche blindée pivotante appelée cloche de guet. Elle peut recevoir un fusil- mitrailleur ou un canon de 25 mm.

Bien camouflé dans le paysage, le blockhaus des Granges-Michel contrôle l’accès par la Suisse.

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