La Presse Pontissalienne 189 - Juillet 2015

PONTARLIER 12

La Presse Pontissalienne n° 189 - Juillet 2015

ENGAGEMENT

Point rencontre jeunes Épisode

compliqué de vivre avec cette indemnité” confie Rachel qui vit avec 4 euros par jour ! “C’est peu, mais je me débrouille com- me cela.” Une fois qu’elle a réglé ses 350 euros de loyer (A.P.L. déduite) il ne lui reste plus grand-chose pour vivre. “J’essaie malgré tout d’économiser quelques dizaines d’euros par mois en vue de reprendre mes études.” La jeune femme paie cher son autonomie. Rachel Bourrassier est inquiè- te car en septembre elle n’aura

Un service civique version sociale

Repères 350 missions en Franche-Comté En 2015, 70 000 jeunes seront accueillis en service civique en France, soit un doublement des effectifs par rapport à lʼannée 2014. En 2016, ce sont 150 000 voire 170 000 jeunes qui pour- raient effectuer un service civique. En Franche-Comté, ce sont 350 jeunes susceptibles dʼêtre accueillis dès maintenant soit une hausse de 45 % par rap- port à 2014 au titre des agré- ments régionaux. 60 % des mis- sions agréées sont déjà validées. Depuis 2010, date du lancement du service civique, plus de 1 500 jeunes ont pu réaliser des mis- sions dʼintérêt général.

Rachel Bourrassier a mis ses études entre parenthèses pour effectuer un service civique dans une structure à Pontarlier. Sa mission est épanouissante mais mal indemnisée.

forme rarement en un emploi durable. La plupart des jeunes repartent de zéro une fois ter- miné leur service. “C’est une ligne de plus sur un C.V., mais c’est en aucun cas une garantie d’emploi” observe-t-elle. Ensuite, il y a l’indemnité per- çue par les jeunes qui leur per- met tout juste de vivre. Pour un contrat de base de 24 heures hebdomadaires, ils reçoivent chaque mois 573,73 euros ! (467,34 euros versés par l’État et 106,31 euros versés par la structure accueillante). “J’ai 26 ans, et dans ma situation, à part l’A.P.L. je n’ai droit à aucune aide supplémentaire (N.D.L.R. : des étudiants qui font un servi- ce civique peuvent cumuler l’indemnité avec des bourses). Dans le contexte socio-écono- mique du Haut-Doubs, c’est très

L e service civique de Rachel Bourrassier s’achèvera fin août. À cette date, la jeu- ne femme de 26 ans aura passé 8 mois dans l’équipe du Point rencontre jeunes Épisode de Pontarlier qui est géré par l’A.D.D.S.E.A. (association dépar- tementale du Doubs de sauve- garde de l’enfant à l’adulte). Jus- qu’à cette échéance, elle va remplir sa mission en faveur de

l’accès aux droits des jeunes. “Je suis dans une dynamique de pro- jet. Le dialogue social est au cœur de mon travail. Nous disposons ici de toute la documentation nécessaire pour renseigner les jeunes et d’un cyberespace qui est un point d’appui important par rapport à l’action d’accompagnement que je mène au quotidien” explique Rachel Bourrassier qui s’investit dans

la vie de la structure. Ce service civique est en lien avec son champ de compétence puisqu’elle a démarré des études pour devenir assistante socia- le. Une formation qu’elle a mise entre parenthèses le temps d’effectuer cettemission au Point rencontre jeunes Épisode. “Ce service me conforte dans l’idée que je suis sur la bonne voie pro- fessionnelle et que je suis capable d’entreprendre dans le social. L’expérience est positive, elle m’a ouvert l’esprit, apporté des com- pétences et des connaissances.” Elle envisage de reprendre en septembre sa formation d’assistante sociale à l’I.R.T.S. de Besançon, une troisième et dernière année avant d’obtenir son diplôme qui va lui permettre de se positionner sur le marché de l’emploi. Mais l’enthousiasme apparent de Rachel Bourrassier est piqué de quelques bémols. Si elle s’épanouit dans ce service civique, elle sait aussi que ce dispositif mis en place par l’État en 2010 présente des lacunes. Tout d’abord, lamission se trans-

plus aucune res- source financière. Malgré son contrat de 28 heures heb- domadaires, le ser- vice civique ne lui donne pas droit au chômage. Pour pour- suivre ses études, elle devra donc trou- ver un emploi à Besançon. L’idéal serait pour elle de travailler à 60 %.

Elle vit avec

4 euros par jour.

Rachel Bourrassier envisage de reprendre en septembre ses études pour devenir assis- tante sociale.

SOCIAL

De plus en plus de personnes isolées

Pas de vacances

pour la précarité

L a lecture des chiffres qui montre une baisse de 23 % des repas ser- vis à l’accueil de jour en 2014 pourrait laisser croire à une diminution du nombre de personnes en précarité. C’est tout le contraire. “Comme on arrivait à saturation, on a demandé aux personnes qui disposaient d’un logement de ne plus venir prendre leur repas le soir. Pour certains, cela devenait une habitude mais cela ne correspondait plus à notre mission d’accueil d’urgence. D’autre part, la concentration génère des rap- ports conflictuels. On a donc pris des mesures de régula- tion mais cela n’a rien à voir avec de l’exclusion” , souligne Vincent Jeannier, le directeur de l’association. Les chiffres de fréquentation confirment la croissance d’activité. 197 personnes dif- férentes ont été accueillies en 2014 rue Montrieux contre 193 en 2013. La part de nou- veaux inscrits reste sensible- ment identique, autour de 45 %. “Les S.D.F. représentent 42%du public. On reçoit beau- coup de personnes en situa- tion d’isolement. La précari- té tend à se généraliser et s’élargit aux tranches d’âge extrêmes. Ces phénomènes ne font que refléter les défaillances du modèle social actuel.” Pour Travail et Vie, la situa- diversifié. Elle serait prête à quitter ses locaux de la rue Montrieux. L’association Travail et Vie qui s’occupe de l’accueil de jour à Pontarlier reçoit un public de plus en plus nombreux et

Émile Mora, le président de Travail et Vie avec à ses côtés Christian et les agents d’accueil Sandrine et René.

tion est de plus en plus com- plexe. L’association est confron- tée à des problèmes de place et à un manque de moyens humains et financiers. Elle emploie sept personnes. Seuls le directeur et un agent d'accueil à temps partiel béné- ficient d’un C.D.I. Les autres sont en contrat aidé. “On subit les contraintes du turn-over” , déplore le directeur qui a pro- cédé à 22 recrutements en quatre ans. Ouvert 320 jours par an, l’accueil de jour reste fidèle à ses missions. “Un accueil de jour a pour mission d'accueillir, d’héberger à la journée et de répondre aux besoins les plus primaires de la personne en situation de précarité. Le fil rouge s’articule autour des repas sociaux.” La dimension humaine est essen- tielle dans la vie de la struc- ture. “On place la dignité de la personne au cœur du dis- positif. On n’est pas seulement là pour servir des repas. On travaille dans une démarche de citoyenneté avec l’objectif d’autonomie sociale” , complète Émile Mora, le président de Travail et Vie. Pour mener à bien ses mis-

sions, l’association fonction- ne en étroite collaboration avec les services et autres associations qui œuvrent dans le social et le caritatif. Dans ce domaine, la question du renouvellement des bénévoles est de plus en plus problé- matique. “On aurait grand besoin d’un médecin généra- liste, d’un coiffeur, d’administratifs, voire d’un psychologue” , lance le direc- teur sans se faire de grande illusion. Propriétaire de ses locaux grâ- ce à une généreuse donatri- ce, l’association s’interroge sur la valorisation de son bien. La maison qu’elle occupe rue Montrieux dispose d’un poten- tiel d’accueil intéressant avec la possibilité d’aménager plu- sieurs logements sous les combles. “On n’a pas les moyens financiers mais on serait prêt à déménager si l’opportunité se présentait. La Ville de Pontarlier sait qu’on est demandeur. Notre départ permettrait de reconvertir l’endroit en bâtiment à voca- tion sociale avec l’idée d’en fai- re une maison-relais. On sait l’importance du logement pour lutter contre la précarité.”

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