La Presse Pontissalienne 188 - Juin 2015

MOUTHE - RÉGION DES LACS

La Presse Pontissalienne n°188 - Juin 2015

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La météo enraye la production de miel LABERGEMENT-SAINTE-MARIE Pour “Le Rucher des deux lacs”, il est encore trop tôt pour dire si 2015 sera une bonne année en production de miel. Le démarrage est plutôt timide, mais rien n’est perdu.

Il fait frisquet pour les abeilles

C omme à chaque saison, Michaël Girard scrute le ciel. La quantité de miel qu’il récolte dans ses ruches dépend de la clémence de la météo. Or, après trois années difficiles, l’apiculteur professionnel qui co-gère avec son frère Johann l’entreprise familiale “Le rucher des 2 lacs” à Labergement-Sainte-Marie, espère que le prochain millési- me sera plus généreux que les précédents et ce,malgré un début de printemps plutôt maussade. “2011 a été une année excep- tionnelle. Nous avons produit deux fois plus qu’en 2010. Heu- reusement, car cela nous a per- mis de faire des stocks conser- vés dans de bonnes conditions. Nous avons pu pallier le déficit de miel enregistré les années sui- vantes, mais du fait de cette situation nous avons dû arrêter de livrer des points de vente. Cependant, je reste optimiste. Il le faut dans notre métier. Du moment que nous avons des ruches et des abeilles, on peut faire du miel” dit-il. Le tout est de mettre les ruches Chorale “500 cœurs pour un peu de bonheur” : 15 chorales, 350 choristes adultes, 150 enfants. Vendredi 19 juin à 20 h 30 à lʼEspace Pourny de Pontarlier. Entrée libre. Ce concert est organisé au profit du collectif des associations de Pontarlier pour le don dʼorganes : Sapau- dia,Adot 25, Coordination hos- pitalière, Transhépate,A.I.R.C. Renseignements au 03 81 39 42 68 ou gerard-lou- La première édition de la “Ran- donnée de lʼabsinthe” entre Pontarlier et Môtiers aura lieu le 19 juillet. Un parcours de 13 km avec 200 mètres de dénivelé positif. Tarif unique de 12 euros. Transport en bus à lʼaller et en train au retour compris.Au programme : visi- te du séchoir à absinthe àBove- resse, de la maison de lʼabsinthe à Môtiers, dégusta- tion de produits à base dʼabsinthe…Renseignements au 03 81 46 48 33. Sport La seizième édition du Triath- lon du lac Saint-Point a lieu dimanche 28 juin. Début des épreuves à 9 h 45. Rensei- gnements : 03 81 39 04 54. EN BREF vrier@bbox.fr Randonnée

au bon endroit au bon moment. L’entrepreneur en exploite 1 200. Elles sont réparties pour quelques jours encore sur le sec- teur de Besançon-Dole pour le miel d’acacia. Ensuite, Michaël Girard les transportera dans le Haut-Doubs, autour du lac de Saint-Point, pour produire du miel de montagne à partir d’une diversité de fleurs locales, et du miel de sapin. “Nous ne ferons

résultat était plutôt bon. J’en ai donc transféré 800 autres, et la production s’est arrêtée à cause d’une mauvaise météo.” Les aléas climatiques à répéti- tion perturbent l’activité api- cole. Ces fluctuations créent des tensions dans la gestion des mielleries professionnelles. Entre 2012 et 2013, le chiffre d’affaires du “Rucher des 2 lacs” a baissé de 40 % ! L’apiculteur a récolté 3 kg par ruche en miel de montagne là où il pouvait en espérer au moins 10. Un ren- dement qui atteint les 20 kg dans la région de Besançon. “Le contexte nous oblige à travailler différemment. Nous devons nous adapter. Par exemple, on fait du miel de tilleul, on place des ruches à d’autres endroits pour diver- sifier la production. Je pense que les apiculteurs doivent se pré- parer à une alternance d’années difficiles avec d’autres très bonnes.” L’important pourMichaël Girard est d’avoir un appareil de pro- duction performant, immédia- tement opérationnel afin d’obtenir le meilleur rendement

pas une année exceptionnelle en acacia. En revanche, on peut encore faire une belle récolte enmiel de montage jus- qu’à la mi-juillet” remarque l’apiculteur qui croise les doigts pour que le scéna- rio du printemps 2014 ne se répète pas. “À la fin du mois de juin der- nier, j’ai remonté dans le Haut- Doubs une centai- ne de ruches. Le

“Le contexte

nous oblige à travailler différem- ment.”

Michaël Girard co-gère “Le rucher des 2 Lacs” qui vend son miel en pot en vente directe au consommateur, et via un réseau de distribution.

dès que la météo permet aux abeilles de butiner. “En 2011, si nous n’avions pas eu le matériel adapté, nous serions passés à côté de la saison. Nous devons nous doter d’un outil de plus en plus performant et le gérer le plus finement possible.” L’entreprise apicole doit recons- tituer ses stocks les bonnes

années afin de faire face à une éventuelle pénurie l’année sui- vante. Mais à cause de ces creux dans la production, les apicul- teurs peinent à maintenir leur réseau commercial de distribu- tion car ils ont du mal à l’approvisionner. Le problème du miel, ce n’est pas la deman- de du consommateur qui conti-

nue de croître, mais plutôt la difficulté à répondre à cette demande. Résultat : les cours du miel s’envolent. “Le prix du miel prend 20 % tous les ans” remarque l’entrepreneur de Labergement-Sainte-Marie qui envisage lui aussi d’augmenter ses prix au cours de la saison. T.C.

ENVIRONNEMENT

Les apiculteurs ont le bourdon Depuis 2011, les apiculteurs du département enregistrent une baisse de la production de miel. Si la passion pour les abeilles est intacte, ils doivent composer avec un environnement qui change. Un contexte que le syndicat apicole du Doubs explique.

Globalement, la production de miel baisse dans le Doubs.

L es années se suivent et mal- heureusement se ressemblent pour les apiculteurs du Doubs. Ils constatent que depuis 2011, la production demiel est en baisse. “Cela fait quatre ans que nous n’avons pas eu une année correcte. Nous sommes en des- sous des 10 kg de miel par ruche, alors qu’en temps normal la production est au moins de 10 à 12 kg” observe Michel Mesnier, nouveau président du syndi- cat apicole du Doubs (Sadapi 25). “Dans les années soixante-dix, lorsque j’ai com- mencé l’apiculture, les récoltes étaient énormes. La vie de l’apiculteur n’est plus tellement rose” se souvient Jean-Marie Grand, qui a présidé l’organisation départementale durant 37 ans. Lamajo- rité des 450 adhérents au syndicat sont des apiculteurs amateurs qui possèdent entre 2 et 100 ruches, ce qui au total représente un parc de 5 000 ruches (N.D.L.R. : il en faut 400 pour être pro- fessionnel. Ils sont moins de dix dans le Doubs à être dans ce cas). Selon ces spécialistes passionnés, la baisse de la production est liée à conjonc- tion de plusieurs facteurs. “Pour faire du miel, il faut des abeilles. Or, chaque année en Franche-Comté, c’est entre 20 et 30 % du cheptel des abeilles de ruches

qui disparaît” s’inquiète Michel Mes- nier. Ce printemps, des apiculteurs ont perdu plusieurs ruches. Dans le Haut- Doubs l’un d’eux en a perdu une tren- taine. “C’est une explication au déficit de production” ajoute-t-il. Les deux autres facteurs qui entrent en ligne de compte sont la floraison et la météo. “Si pendant la floraison, la météo est mau- vaise, et qu’il fait trop froid par exemple, les abeilles ne sortent pas. Elles buti- nent à partir de 12 °C” complète Jean- Marie Grand. Ainsi en 2014, la période de production a été courte. Le problème des apicul- teurs est qu’ils doivent composer avec

ligne de compte pour expliquer à la fois la disparition des abeilles mais aussi la réduction de la biodiversité qui ouvre la production de miel à des nectars dif- férents. Des prairies fleuries sont deve- nues de graminées bonnes pour la cul- ture fourragère. Dans le Haut-Doubs, il est possible d’obtenir du miel de pis- senlit à condition que les foins ne démar- rent pas trop tôt. “On a débroussaillé par ailleurs les haies d’aubépine, alors qu’elles permettaient de faire un miel d’exception. Heureusement, il reste la forêt. Il y a les érables, les tilleuls, les ronces. On voit l’évolution de l’environnement dans la diversité des miels. Les miels de fleur sont rares, désor- mais c’est principalement du miel de forêt qui est produit” notent les repré- sentants du Sadapi 25 qui permettent à leurs adhérents de commercialiser leur miel sous l’appellation “Miel de Franche-Comté”. Unmiel courant dans le Doubs est celui de sapin issu de miellats. C’est aussi un des plus chers puisqu’il se négocie autour de 16 euros le kilo. Curieuse- ment, le recul de la production n’a pas conduit à une inflation des prix sur les

marchés. Car si la quantité de miel a tendance à diminuer, la demande des consomma- teurs, elle, ne faiblit pas. Les apicul- teurs français produisent 10 000 tonnes, alors que les besoins sont de 40 000 tonnes. Pour répondre à la demande, le pays importe donc du miel. Mais il y a dans les habitudes des clients qui consomment ce produit un attachement au circuit court : du producteur au consommateur.“Le miel se vend sur les marchés,mais aussi dans les commerces de proximité comme les épiceries, les fromageries, les boucheries” remarque Michel Mesnier. Désormais, nombreux sont les consommateurs à devenir pro- ducteurs. L’apiculture est à la mode. Le Sadapi 25 croule sous les demandes pour les formations qu’il organise. “Tous les ans on a 90 inscrits pour 35 places. Avec ces 35 élèves, on va travailler sur notre rucher école. Ils ont entre 18 et 60 ans. Ce qui est très intéressant, c’est que des gens de tous les milieux sociaux, des hommes et des femmes, se tournent vers l’apiculture. Ce sont des personnes qui se rapprochent de la nature et qui ont compris que l’abeille est en danger.”

un environnement qui change. Il y a le varroa, un acarien parasite redoutable pour les abeilles auquel s’ajoute désormais le risque de voir arriver le frelon asiatique qui décime les essaims. Pour l’instant, l’hyménoptère est au sud de la Loire. Il y a aussi l’évolution des pratiques agricoles, la transformation des pay- sages, l’urbanisation, tous ces éléments entrent en

“La vie de l’apiculteur n’est plus tellement rose.”

Renseignements :www.sadapi25.fr

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