La Presse Pontissalienne 188 - Juin 2015

DOSSIER

La Presse Pontissalienne n° 188 - Juin 2015 23

Villers-sous-Chalamont

Un système d’épargne solidaire

La Petite Épicerie qui voit grand En reprenant l’épicerie du village, Alika Bertrand a choisi de vivre la ruralité à temps plein. Elle a créé un lieu de rencontre et d’animation qui complète son commerce multi-services.

Plus qu’une épicerie, un état d’esprit L e concept développé par Alika Bertrand a fait tilt dans le cœur de certains habi- tants prêts à encourager ce type dʼinitiative. “Comme ce modèle nous a bien plu, on a décidé de soutenirAlika en formant la “Ciga- le du Bois debout”. Une dou- zaine de personnes adhère à ce club dʼinvestisseurs qui œuvre au profit de lʼéconomie solidai- re. On tenait vraiment à la repri- se de cette épicerie” , explique Hélène Chabod à la tête du dis- positif. Depuis son installation, Alika a reçu deux fois 2 000 euros, sous la forme de prêts à taux zéro remboursables sur cinq ans. Sans savoir encore si elle retrou- vera son capital, la Cigale du Bois debout affiche déjà sa satis- faction. “On est très content de la dynamique générée autour de lʼépicerie. On voit que ça bou- ge. Les gens se retrouvent sur les animations, lors du marché bio. On a établi avec Alika une relation qui va bien au-delà de lʼaspect financier.”

L es bouchons, la pollution, les enfants qu’on ne voit pas grandir, le stress urbain, très peu pour elle et son compagnon. “C’est un choix de cadre de vie” , explique Alika Bertrand qui a finalement quit- té son emploi de technicienne forestière pour se lancer dans le commerce en milieu rural. Elle souhaitait en effet aller jusqu’au bout de la démarche. Pas seule- ment résider à la campagnemais aussi en vivre, apporter sa contri- bution, s’engager, prendre des risques. Ne pas subir, se lamen- ter mais entreprendre. La famille s’est d’abord instal- lée à Villeneuve-d’Amont. Sitôt informée que le couple Grassa cherchait à remettre la Petite Épicerie, Alika Bertrand a sai- si l’opportunité de concrétiser son rêve. L’affaire est reprise à l’automne 2013. “On avait déjà constaté la difficulté de trouver des produits locaux ou bio sur le secteur. Il fallait se rendre jus- qu’à Pontarlier ou Champagno- le. ” De quoi conditionner le conte-

nu de la petite épicerie où cha- cun pourrait s’alimenter en pro- duits frais, fruits et légumes bio ou conventionnels. Histoire de conforter l’activité, la jeune commerçante aména- ge à l’intérieur du magasin un coin bar et petite restauration. Elle organise aussi deux réunions publiques pour expliquer sa démarche. L’initiative fait mouche. Des habitants de Vil- lers et des villages alentour accep- tent de la soutenir. Pour forma- liser ce partenariat, ils adhèrent

Soucieuse de diversifier l’attractivité de son commerce, Alika Bertrand propose aussi un service bar et restauration.

au mouvement Cigales :Club d’In- vestisseurs pour une GestionAlter- native et Locale de l’Épargne Solidai- re.Alika reçoit ain- si 2 000 euros rem- boursables sur cinq ans. Le Conseil régional lui accorde aussi un prêt à la créa- tion d’entreprise de 20 000 euros

plus 8 000 euros pour l’inves- tissement matériel. Un coup de pouce bienvenu pour financer la rénovation complète des locaux. Le commerce conserve bien sûr ses pompes à essence d’une autre époque. L’espace bar et petite restauration accueille ses premiers consommateurs en juin 2014. À défaut de pouvoir rivaliser avec la grande distribution sur les prix, elle mise sur la quali- té, l’originalité et la proximité

de ses fournisseurs. “On a trans- formé les tournées en service de livraison à domicile. Ce qui sous- entend la mise en place d’un sys- tème de prise de commandes.” La viabilité d’une épicerie à la campagne implique aussi d’être ouvert assez tôt et assez tard y compris les jours fériés et le dimanche matin. Pour se libé- rer un peu de temps à consa- crer notamment à ses deux jeunes enfants, Alika Bertrand a recruté deux vendeuses qui

travaillent à mi-temps. Elle pro- pose diverses animations avec des conférences, concerts, soi- rées à thèmes. Sans crier victoire, elle semble assez sereine sur l’avenir de sa petite épicerie. “On est à peu près dans les clous du prévi- sionnel. On a encore des marges de progression au niveau des livraisons. J’ai aussi engagé des démarches pour être relais ou agence postale.” Rien ne l’arrê- te.

Un service de livraison à domicile.

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