La Presse Pontissalienne 188 - Juin 2015

DOSSIER 20

La Presse Pontissalienne n° 188 - Juin 2015

La Cluse-et-Mijoux La loi des chiffres Mobilisation générale pour sauver une classe Parents d’élèves et élus sont vent debout contre la fermeture d’une classe en sachant que le faible effectif attendu à la rentrée sera compensé par un gros contingent en 2016-2017.

L’ inspection académique rejoue le même film chaque année, avec un premier coup de massue brutal qui soulève le tol- lé général mais ouvre ensuite la por- te à des ajustements conciliants. Chaque année aussi certaines communes se révoltent plus que d’autres et obtien- nent souvent si ce n’est satisfaction

du moins un sursis. On se souvient tous de l’exemple de Chapelle-des-Bois qui avait ainsi pu sauver son école. Jusqu’à quand ? Cette même école est aujourd’hui sous le coup d’une ferme- ture de classe conditionnelle suivant comptage à la rentrée. Exactement comme à La Cluse-et- Mijoux où les parents d’élèves ont su se montrer assez percutants. “On a

échappé à la fermeture définitive. On espère être fixé sur cette fermeture condi- tionnelle lors de la commission qui se tiendra le 26 juin” , indique l’une des parents d’élèves qui n’imagine pas res- ter dans l’expectative tout l’été. Cette évolution plutôt encourageante s’explique-t-elle par la forte mobilisa- tion ? Du genre ceux qui crient les plus forts seront privilégiés en cas

d’arbitrage. C’est plau- sible, mais rien n’est moins sûr. Les habitants de La Clu- se avaient sous la main un moyen de pression commode, à savoir une route internationale à fort trafic. De quoi atti- rer l’attention. “Contrai- rement à ce que l’on a pu entendre, on n’a pas blo-

J’approuverais cette fermeture si on était sur une pente d’effectif en baisse continue mais là, il s’agit juste d’une année creuse” , renchérit Yves Louvrier, le maire qui rejette en bloc toute idée de fusion avec Les Verrières-de-Joux. Une option trop contraignante, coû- teuse et synonyme, selon lui, d’une fer- meture de classe immédiate sans rémis- sion. L’élu a bon espoir car, depuis la mobi- lisation, de nouvelles familles avec enfants sont venues s’installer à La Cluse-et-Mijoux. “Dans ces conditions, si la classe ferme, je ne comprendrai pas. Là, il faudra me donner les condi- tions adéquates.” Yves Louvrier agite aussi le handicap d’une commune blo- quée pratiquement chaque jour à la sortie des classes par le bouchon des frontaliers. Du fait de sa proximité avec Pontarlier, la commune ne souffre pas d’un manque crucial de services. Elle est passée en agence postale et ne s’en plaint pas. Les parents d’élèves ont accès à un périscolaire ouvert de 6 heures à 18 h 15. Le maire ne refu- se jamais d’accueillir un nouvel acteur économique. “Il ne faut pas tout concen- trer sur Pontarlier. Quand quelqu’un nous soumet un projet d’installation, on fait tout ce que l’on est en droit de faire pour l’accompagner dans ses démarches administratives.”

Éviter une fermeture prématurée.

qué la R.N. 57 vu que le bouchon était déjà là quand on a distribué des tracts pendant le week-end de Pâques.” Confu- sion ou pas, cette présence active a eu son petit effet médiatique. Même le maire, histoire de faire monter la pres- sion, a menacé de ne plus accueillir les enfants de 3 ans qui habitent aux Verrières. Un coup de bluff car jamais il ne remettrait en cause cet arrange- ment où chacun s’y retrouve. Pour autant, il comprend tout à fait la révolte des parents d’élèves. “Ils sou- haitent juste éviter une fermeture pré- maturée. On va enregistrer 23 départs pour 11 arrivées. Cela fera une toute petite rentrée.Mais le phénomène inver- se se produira en 2016-2017 avec 30 arrivées pour seulement 13 départs. Je comprends les objectifs de l’Éducation nationale mais dans le cas présent, faut-il raisonner à court terme ?

Les parents d’élèves n’ont pas tardé à réagir en apprenant que leur école était sous le coup d’une fermeture de classe.

Familles Rurales Le poids des réglementations “Nos décideurs doivent mieux prendre en compte les réalités du monde rural” Président national de Familles Rurales, Dominique Marmier mesure le chemin à accom- plir pour répondre aux besoins de la population en milieu rural. Du bon et du moins bon.

L a Presse Pontissalienne : Quelles sont les missions de Familles Rurales ? Dominique Marmier : Familles Rurales est présent dans 80 départements. Son rôle : mettre en place des services qui correspondent à l’attente des familles. Beaucoup de personnes viennent s’installer à la campagne. La plupart du temps, les deux conjoints travaillent, ce qui génère de nouveaux besoins vis- à-vis de la petite enfance et de la pri- se en charge des enfants à l’école. L.P.P. : Comment répondre à ces évolutions ? D.M. : Chaque jour à Frasne, 50 enfants du primaire vont manger au collège. À la halte-garderie, là aussi, on refuse du monde. Dans la construction d’une éco- le, on doit, par exemple intégrer l’aménagement d’une cantine et de locaux d’accueil pour le périscolaire. Les collectivités ne doivent pas rater le train en marche. Nous, Familles Rurales, on réclame depuis longtemps ces services.

D.M. : Oui, parfois. Le Syndicat des Écoles de la Vallée du Drugeon qui construit un nouvel établissement sco- laire à La Rivière-Drugeon nous a sol- licités après nous avoir retenus pour la gestion du périscolaire. On a pu œuvrer de concert sur les modalités d’aménagement. C’est à mon sens un bel exemple de partenariat et cela per-

gnants. C’est plus difficile de trouver du personnel diplômé en milieu rural. On demande que le législateur soit plus tolérant. On trouve assez facile- ment du personnel compétent mais sans diplôme. Il s’agit le plus souvent de personnel féminin qui travaille à temps partiel. C’est de l’emploi non délocalisable. On souhaite plus de sou- plesse dans les réglementations. Il faut bien distinguer le rural de l’urbain. Les réalités ne sont pas les mêmes. L.P.P. : Vous avez des exemples ? D.M. : Les densités de population sont très différentes. En ville, on considè- re qu’une halte-garderie qui affiche un taux de fréquentation de 74 % n’est pas très efficace alors que c’est le top à la campagne en sachant qu’on est sur un rayon d’utilisation de 10 à 20 km. L.P.P. : D’autres sujets d’inquiétudes ? D.M. : Oui. La mobilité est une vraie préoccupation pour les jeunes qui n’ont pas le permis de conduire et les per- sonnes âgées qui ne veulent ou ne peu- vent plus conduire. D’où l’intérêt de

met d’éviter des erreurs de conception. Des familles de la nouvelle école pourront siéger au conseil d’administration. Pour gérer ce périsco- laire, on a formé un comité de pilotage com- posé d’élus, de parents d’élèves et de membres de l’association. L.P.P. : Quels sont les freins, selon vous, au développe- ment de vos activités ? D.M. : On nous impose des taux d’encadrement et des niveaux de com- pétences trop contrai-

“Plus de souplesse dans les réglemen- tations.”

“Il faut distinguer le rural de l’urbain”, estime Dominique Marmier ici en compagnie d’autres bénévoles de Familles Rurales à Frasne.

proposer un service de transport à la demande, hors zone taxi. On réclame la mise en place d’un cadre légal asso- ciatif car on serait enmesure d’effectuer ce type de prestation. Cela suppose de raisonner différemment sans que cela soit forcément plus cher. Il faut savoir faire preuve d’imagination et être en capacité d’agir collectivement. L’autre handicap de la ruralité concerne tou- jours l’accès au haut débit.Avec d’autres

acteurs, Familles Rurales vient d’ailleurs d’engager une action de défen- se des intérêts des consommateurs contre SFR pour publicité mensongè- re. Cet opérateur continue à vendre des abonnements et des appareils 4G sur des zones qui en sont dépourvues. On demande que toutes les victimes soient indemnisées à raison de 200 euros par abonné. Propos recueillis par F.C.

L.P.P. : Êtes-vous entendus ?

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