La Presse Pontissalienne 188 - Juin 2015

LE DOSSIER

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La Presse Pontissalienne n° 188 - Juin 2015

DANGER SUR LES SERVICES PUBLICS ?

Les maires, ruraux en particulier, se sentent de plus en plus abandonnés par un État qui cherche partout à faire des économies. Face à ce constat, les élus locaux réagissent. Des initiatives privées émergent également pour maintenir le lien et les services dans un Haut-Doubs qui veut préserver sa ruralité.

Services

18 millions de ruraux

Face au recul des services publics, le Haut-Doubs rural s’organise Moins bien doté financièrement que les villes, orphelin de

ses services publics et souvent éloigné des principaux centres de décisions et administrations, le milieu rural se sent abandonné. Pour autant, la plupart des territoires s’organisent pour pallier la carence de l’État.

U n inventaire à la Prévert pourrait résumer à lui seul ce que vit le monde rural aujourd’hui. Des territoires qui voient régulièrement partir leur poste, leur école, leur tré- sorerie… avec un sentiment de n’être plus que des citoyens de seconde zone mais pourtant toujours autant des contribuables. Élément central de la vie des villages, l’école, dont la ferme- ture est souvent vécue comme un trau- matisme par les élus et la population. Après une réforme des rythmes sco- laires imposée et souvent mal aimée car difficile à mettre en place, l’attitude de l’inspection d’académie focalisée uni- quement sur sa calculatrice fait grin- cer des dents. D’autant qu’elle balaie d’un revers de main et parfois avec mépris les efforts consentis par les col- lectivités pour équiper et remettre à neuf leurs écoles ou leur politique de développement pour attirer de nou- velles familles. En 1980 en France, il y avait 69 000 écoles, elles n’étaient plus que 52 600 fin 2013. “L’exemple symptomatique des écoles pourrait natu- rellement être repris pour les percep- tions ou les brigades de gendarmerie. C’est aussi vrai avec les cafés de villa- ge ou les derniers commerces. Dans les petites villes, on peut compléter le tableau avec la disparition de plus de 900mater- nités entre 1975 et aujourd’hui” note Jean Launay, un député qui a récem-

ment rédigé un rapport sur les condi- tions de maintien de services publics dans les territoires. La Poste est un autre symbole de l’éloignement progressif des services publics et des citoyens qui, avènement d’Internet oblige, fréquentent de moins en moins les bureaux de Poste. On le voit notamment en ce moment avec l’exemple de Labergement-Sainte-Marie. “Certes, 42 % des Français ont aujour- d’hui un compte Facebook, 74 millions de téléphones portables sont actifs et 10%ont un compteTwitter,mais aujour- d’hui, 21 % n’ont pas d’ordinateur et n’utilisent pas Internet, pour des rai- sons techniques, culturelles, liées à l’âge ou encore financières” ajoute le parle- mentaire. L’accélération de la métro- polisation de la population implique selon lui “une vigilance accrue sur le

Les écoles restent le symbole du délitement des services publics en milieu rural.

perd des habitants au profit des com- munes avoisinantes. Et parallèlement, les 32 000 communes rurales ne per- dent plus d’habitants depuis les années soixante-dix. Elles accueillent encore plus du quart de la population, soit plus de 18 millions d’habitants. Et le phé- nomène néo-rural représente d’ailleurs plus de 2 millions d’habitants sur les vingt dernières années. L’école qui s’en va, c’est un peu la Répu- blique qui se retire des campagnes. Ne reste plus alors souvent que la mairie avec ses élus de proximité, des hommes et des femmes à tout faire. Et voilà que dans les tuyaux législatifs une loi pro- pose une nouvelle organisation terri- toriale de ladite République. Ses détrac- teurs y voient une menace même pour

l’existence même des 36 000 communes dont une immense majorité n’est peu- plée que de quelques centaines d’habitants. Depuis des décennies, des projets de fusion ont échoué. Là, les regroupements intercommunaux se substitueraient peu à peu laissant le maire sans pouvoir donc insidieuse- ment sans raison d’être. Pourtant, le maire reste l’un des rares sinon le seul homme politique à avoir grâce aux yeux des citoyens. Il y avait bien il y a peu encore le conseiller géné- ral qui à la campagne restait connu de la population mais maintenant… Le redécoupage des cantons est passé par là. Il est à craindre que les élus dépar- tementaux seront jugés trop lointains et que la démocratie reculera par une

abstention croissante ou un refuge vers des votes extrêmes. Et ce n’est sans doute pas la fusion des régions qui ras- surera les citoyens-électeurs-contri- buables. Les mêmes qui voient leurs élus s’éloigner tout comme leurs ser- vices publics. Face à ce constat impla- cable, la plupart des communes rurales, réunies en intercommunalités, réagis- sent. En lien avec les acteurs du ter- ritoire, ici elles mettent en place une maison de santé, là des établissements d’accueil des personnes âgées, quand ce ne sont pas des initiatives indivi- duelles qui compensent la raréfaction des services. On le verra notamment dans ce dossier à Dommartin ou enco- re à Villers-sous-Chalamont.

service public dans les territoires ruraux.” Entre 1982 et 2011, la France a gagné 9,4 mil- lions d’habitants, dont 20 % dans l’aire urbaine de Paris et 30 % dans les grandes aires urbaines de province. L’influence de ces dernières ne ces- se de s’étendre.Mais dans beaucoup d’autres agglo- mérations - Pontarlier et Besançon en sont des exemples - la ville-centre

21 % des Français n’ont pas d’ordinateur.

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