La Presse Pontissalienne 187 - Mai 2015

LE PORTRAIT

47 La Presse Pontissalienne n° 187 - Mai 2015

PONTARLIER

Aux premiers âges de la vie

La voix de Sabah Arrivée dans le Haut-Doubs en 2004, Sabah Maach s’est convertie au conte, art qu’elle distille aujourd’hui auprès de toutes les générations. La magie des mots.

D e ses origines maghrébines, il lui reste ce goût de converser facilement, de raconter des his- toires. Elle puise d’ailleurs sa source d’inspiration dans cette culture où le conte occupe une grande place comme dans la plupart des pays afri- cains. Sur scène, la voix de Sabah nous plonge dans l’ambiance des “Mille et une nuits”. Avec elle, il n’y a pas d’âge pour conter. Elle intervient même auprès de nourrissons de quelques mois sans pour autant tomber dans les enfantillages. “Je m’exprime de la même manière qu’avec les plus grands. Même s’ils ne comprennent pas tout, les tout-petits perçoivent les sons, la mélodie, les intonations. Avant l’écri- ture, la voix était le seul moyen de trans- mission des savoir-faire, de la culture des peuples” , explique la conteuse qui inter- vient dans les crèches, les écoles et mène aussi des actions de formation auprès des assistantes maternelles. “Le conte n’est pas l’apanage des conteuses. Tout un cha- cun peut raconter des histoires.” Ce dont ne se prive pas cette maman avec sa petite fille de trois ans. Pour mener à bien sa petite affaire, l’ar- tiste s’est installée en micro-société qu’elle a baptisée tout simplement La Voix de Sabah. Elle se produit une ou deux fois par mois, au gré des sollicitations souvent plus nombreuses en période de fin d’an- née. “Je ne suis pas dans une démarche de courir après les dates. Jusqu’à présent, je fonctionne beaucoup sur le bouche à oreille” , poursuit celle qui n’écarte pas

très jeune en France. Elle a passé une bonne partie de son enfance à Cosne-sur-Loire. À l’époque, ses loisirs n’avaient que peu de rapport avec l’univers d’Aladin ou de Sin- bad le marin. “Je ne vivais que par le sport.” Elle pratique l’athlétisme, le vélo, l’aïkido. Assez douée pour la langue de Goethe, elle hésite à s’orienter dans l’enseignement d’al- lemand ou du sport. Son Bac littéraire en poche, elle finit par entrer à la fac de Dijon où elle suit des études d’histoire moderne jusqu’en master. “J’aime bien fouiller dans les archives, éplucher la documentation.” Assez logiquement, elle entame sa vie active en travaillant dans le monde du livre. Elle suit même une formation en vue de repren- dre une librairie. Cette option reste tou- jours en sommeil. Après dix ans à Dijon, cap sur le Haut-Doubs pour saisir l’oppor- tunité de remettre sur les rails la biblio- thèque de La Cluse-et-Mijoux qui n’allait pas tarder à être transférée dans de nou- veaux locaux. “On est pratiquement reparti de zéro.” Toujours versée dans le sport, elle s’essaye au théâtre pendant deux ans au Centre d’Animation du Haut-Doubs à Pontarlier. L’expérience ne lui plaît qu’à moitié. “On est un peu trop coupé du public” dit-elle. Aînée d’une fratrie de huit enfants, la biblio- thécaire de La Cluse se souvient avoir grandi dans un milieu où l’on parlait beaucoup. Sa mère lui racontait souvent des histoires du pays. Dès qu’elle en avait l’occasion, elle dévorait tous les livres qui lui passaient entre les mains. En arrivant dans le Haut-Doubs, elle suit quelques formations sur l’art de raconter des contes. “Lors d’un stage sur Montbé- liard, j’ai eu la chance de rencontrer Mar- cel Djando. Ce conteur togolais m’a encou- ragé à faire ma première scène. C’était le 1 er avril 2006.” L’apprentie conteuse ne s’ar- rêtera pas en si bon chemin. Elle suivra son maître à conter jusqu’en Martinique pour participer à un festival des contes et musiques. À l’heure de l’hégémonie numé- rique, il semble qu’un certain retour aux valeurs humaines s’affirme. Dans cette ten- dance à contre-courant, le conte retrouve de la vigueur et un public. “Les gens ont encore besoin qu’on leur parle en direct, qu’on les fasse rêver et qu’on réveille leur imaginaire.” F.C.

Bio express Âge : 40 ans, une petite fille Études : master

d’histoire moderne Bibliothécaire à La Cluse-et-Mijoux Passions : course à pied, vélo, littérature

l’éventualité de prendre une ou deux années sabbatiques pour tenter de vivre plei- nement de son art du conte. Pour l’heure, c’est d’abord la passion qui parle. Quand elle n’envoûte pas son audi- toire, Sabah Maach tra- vaille à la bibliothèque de La Cluse-et-Mijoux. C’est d’ailleurs ce travail qui la conduit à venir s’installer dans le Haut-Doubs. D’où viens-tu Sabah ? Née au Maroc, elle est arrivée

Elle intervient même auprès de nourrissons.

La Voix de Sabah : contact@lavoixdesabah.fr

Sabah a trouvé sa voie dans le conte.

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CRÉDIT PHOTO : OLIVIER PERRENOUD / RECETTE : THIERRY PERROD, L’AVANT-GOÛT

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