La Presse Pontissalienne 186 - Avril 2015

L’ÉVÉNEMENT LE SOUS-SOL PONTISSALIEN LIVRE SES SECRETS

Les fouilles organisées en mars dernier autour de l’église Saint-Bénigne apporteront-elles la preuve de l’existence d’une station gallo-romaine à Pontar- lier ? C’est tout l’enjeu de ces sondages qui permettent d’en savoir plus sur l’histoire de la ville. Et de compléter les connaissances déjà mises au jour.

À la recherche du chaînon manquant Archéologie Sondages place Saint-Bénigne Faute de preuves irréfutables, les origines de Pontarlier restent encore incertaines notamment sur l’époque gallo-romaine. Les fouilles effectuées récemment autour de l’église Saint-Bénigne permettront-elles d’en savoir plus ? Éléments de réponse.

Le sondage près de l’église a mis à jour des ossements témoins de la présence logique d’un

Q u’on trouve des ossements près d’une église n’a rien de choquant, ni d’étonnant com- me le révèle la tranchée creu- sée en mars dernier le long de la faça- de de l’église, côté rue du chanoine Prenel. Un autre sondage à l’angle de la place Saint-Bénigne et de la rue Gambetta met à jour les fondations des maisons telles qu’elles se présen- taient avant les incendies du XVIII ème siècle qui ont dévasté une bonne par- tie du centre-ville. Suite à quoi un pro- jet de reconstruction avait été confié

à l’architecte et ingénieur du roi Jean Querret. C’est lui qui donnera à la vil- le sa physionomie actuelle en créant notamment la place Saint-Bénigne. Deux archéologues de l’I.N.R.A.P. (Ins- titut national de recherches archéolo- giques préventives) supervisent les opérations. Ce chantier s’inscrit dans le cadre du réaménagement de la pla- ce et du pourtour de l’église. C’est la conclusion du projet de réhabilitation du centre-ville. “On va entreprendre une rénovation très minérale dans la logique de ce qui a déjà été fait” , sou-

cimetière à cet endroit.

logique selon Joël Guiraud, l’ancien conservateur du musée. “Pour entrer dans l’église Saint-Bénigne, on descend environ d’1,5 m pour atteindre le Pon- tarlier des origines alors qu’à l’extérieur, les couches de reconstruction de la vil- le se superposent au fil des incendies, des guerres.” L’un des objectifs des sondages consis- te d’ailleurs à trouver des éléments permettant de savoir à quand remon-

s’il est nécessaire de procéder à des fouilles voire s’il faut modifier le pro- jet d’aménagement pour préserver le patrimoine archéologique enfoui à cet endroit. Ce rapport devrait être ren- du d’ici l’été. Peut-on nourrir l’espoir qu’il vienne enrichir nos connaissances sur les origines de la capitale du Haut- Doubs ? “On ne sait pas grand-chose. Par le passé, des tuiles, des tessons de poterie avaient été découverts par le docteur Marguet près des Augustins. La table de Peutinger signale l’existence d’une cité gallo-romaine Abiolica entre Yverdon et Besançon.Tout laisse à pen- ser qu’il y a eu sans doute une ville gal- lo-romaine à Pontarlier. Reste à savoir où ?” , s’interroge Joël Guiraud. L’archéologue de l’I.N.R.A.P. ne révé- lera pour l’instant rienmais elle consent quand même à reconnaître qu’elle n’a pas encore été surprise par ses décou- vertes. F.C.

ligne Christian Pourny, l’adjoint à l’urbanisme. Vu l’intérêt historique du site d’intervention, la Direction Régiona- le des Affaires Culturelles (D.R.A.C.) a prescrit la réalisation d’un diagnos- tic d’archéologie préventive. En concer- tation avec les services municipaux, quatre zones ont été délimitées et la réalisation du diagnostic a été confiée à l’I.N.R.A.P. “On creuse le sous-sol pour identifier les vestiges qu’ils ren- ferment. Cela nous donne aussi une idée de l’épaisseur de l’occupation humaine” , explique Valérie Viscusi, l’archéologue de l’I.N.R.A.P., respon- sable de l’opération. La profondeur des tranchées est très variable d’une ville à l’autre. À Besan- çon, il faut parfois plonger jusqu’à 6 mètres pour aller à la rencontre des vestiges humains les plus anciens. Sur la place Saint-Bénigne, la pelleteuse a gratté jusqu’à 1,8 m. Un niveau assez

Avant l’aménage- ment de la place, la D.R.A.C. a prescrit la réalisation d’un diagnostic

te exactement cette église déjà mentionnée au VI ème siècle dans la chronique de Dijon. “À chaque sondage, on ne peut pas savoir à quoi s’attendre” , annonce Valé- rie Viscusi. Il est encore trop tôt pour en savoir plus sur les résul- tats. Les pièces collectées autour de l’église feront l’objet d’un rapport de la D.R.A.C. qui déterminera

Une ville gallo- romaine à Pontarlier.

d’archéologie préventive qui a été réalisé par l’I.N.R.A.P.

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