La Presse Pontissalienne 186 - Avril 2015

MOUTHE - RÉGION DES LACS

La Presse Pontissalienne n° 186 - Avril 2015

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LES VILLEDIEU Jean-Marie Saillard “Pourquoi je ne suis pas reparti aux élections” Pas convaincu par le nouveau découpage, soucieux de prendre du recul et plus motivé par ses mandats locaux, Jean-Marie Saillard a préféré ne pas se représenter aux départementales.

L a Presse Pontissalienne : Pourquoi ce retrait? Jean-Marie Saillard: C’est la conjonction de plusieurs éléments. La réforme de la carte cantonale a contribué au fait de ne pas être candidat. J’avais aussi besoin de prendre un peu de recul. En plus, j’ai toujours deux autres man- dats à assumer à la mairie des Ville- dieu et à la présidence de la commu- nauté de communes des Hauts du Doubs. Quand l’envie s’émousse un peu pour un objectif, il faut savoir lais- ser la place à d’autres.

L.P.P.: Qu’est-ce qui vous dérangeait le plus dans cette réforme? J.-M.S. : Je la trouve stupide dans le sens où l’on se cale seulement sur la démographie sans prendre en compte la cohérence territoriale. J’ai encore du mal à imaginer que Chapelle-des- Bois se retrouve avec Arc-sous-Mon- tenot dans le même canton. Sans par- ler du manque complet de visibilité sur les compétences avant le scrutin. L.P.P.:On vous reproche parfois de ne pas savoir choisir votre camp… J.-M.S. : Je suis plutôt de centre-droit

sentiment que tout ne va pas si mal chez nous grâce au travail frontalier sans qu’il soit vital de chercher à déve- lopper l’économie de nos territoires. Je m’inscris en faux contre cette forme d’attentisme. On doit plutôt privilégier la multi-activité car on a aussi des jeunes qui veulent travailler sur Fran- ce. Quand j’étais au Conseil général, j’ai pu mener plusieurs actions avec l’agence Développement 25. L.P.P. : Vous restez fondamentalement favo- rable au développement touristique du Haut- Doubs? J.-M.S. : Tout à fait. C’est d’ailleurs l’un des volets d’actions du Conseil géné- ral qui m’a incité à m’engager en 2004. J’approuve ce qui s’est fait à la station de Métabief. Il n’y a pas de contre-indi- cation environnementale dans les amé- nagements. Le projet d’enneigement artificiel me semble nécessaire et rai- sonnable. Ce qui n’empêche pas de jouer aussi la carte du tourisme estival. On est sur le terrain de l’économie trans- versale qui profite un peu à tous et valorise l’image du secteur. En encou- rageant cette dynamique, on contribue aussi au maintien des services. J’en profite aussi pour souligner le plaisir d’avoir pu travailler avec l’ancien com- missaire de massif Michel Cothenet. C’est quelqu’un qui nous a vraiment soutenus sur le tourisme et la défense du pastoralisme sur les alpages juras- siens. L.P.P.: Le Haut-Doubs a encore du potentiel? J.-M.S. : Bien sûr, mais les élus locaux ne croient peut-être pas assez aux atouts de leurs cantons. Pour créer une acti-

vité, il faut aussi accepter de s’engager financièrement. Je reprends l’exemple de l’hôpital local de Mouthe qui a été soutenu par la communauté de com- munes. On ne peut pas toujours aller pleurer michotte. L.P.P.: Vous ne vous êtes pas beaucoup pro- noncé sur la Voie verte? J.-M.S.: Je me suis abstenu sans voter contre. Je pense que ce projet n’était pas assez affiné. Il aurait fallu com- poser davantage entre l’environnement et le tourisme. L.P.P. : Que retiendrez-vous de vos mandats départementaux? J.-M.S. : Il y a une fonction de repré- sentativité épanouissante.Après la pré- sidence de Haut-Doubs nordique, on m’a confié les rênes de l’Espace nor- dique jurassien. On voit à quel point les missions du Conseil général ne s’arrêtent pas seulement à la Gare d’Eau. Cette collectivité joue un rôle essentiel en milieu rural. En exerçant au Conseil général, on bénéficie d’une vision plus approfondie des réalités du département du Doubs. C’est aussi une manière de ne pas opposer nos terri- toires. Beaucoup ont tendance à criti- quer la concentration des investisse- ments sur la station de Métabief mais c’était la seule manière de sortir de la spirale de l’endettement systématique. Il reste encore du travail à ceux qui vont nous succéder en espérant qu’ils continueront à défendre la ruralité du Haut-Doubs qui n’est pas seulement une destination touristique mais aus- si et avant tout un bassin de vie. Propos recueillis par F.C.

mais c’est vrai que la politique politi- cienne n’est pas ma tasse de thé. Cet- te position peut sembler délicate mais les électeurs m’ont quand même accor- dé leur confiance deux fois de suite. Prenez l’exemple de la parité. On paie les erreurs des appareils politiques. Dans le Doubs, il n’y a que des séna- teurs hommes. La parité forcée n’est pas très respectueuse de la femme. Depuis mon élection en 2004 sur le can- ton de Mouthe, j’ai toujours privilégié le pragmatisme au clivage tradition- nel droite-gauche. On sent quandmême que bon nombre d’électeurs en ont ras- le-bol. L.P.P. : On peut avoir des convictions et les défendre? J.-M.S. : Bien sûr. Nos sensibilités exis- tent mais elles ne doivent pas faire sys- tématiquement distraction des inté- rêts fondamentaux. J’ai eu la chance de travailler sur le dossier de l’hôpital local de Mouthe. Nous avions pu obte- nir des financements grâce au soutien du député de l’époque Jean-Marie Biné- truy et du Conseil général dans le cadre de l’aide à la pierre.Sans oublier l’hôpital de Pontarlier et le rôle joué par le doc- teur Jean-Michel Guyon pour que la maison de santé soit adossée à l’établissement. Il faut toujours éviter de conjuguer à la première personne du singulier et raisonner au service du collectif. L.P.P.:Quelles sont les qualités d’un bon conseiller général? J.-M.S. : Ce qui est fondamental pour n’importe quel élu, c’est d’aimer son territoire et d’y croire. On a parfois le

S’il n’est plus en phase avec la géographie

cantonale, Jean-Marie

Saillard reste convaincu de l’importance du Département dans la défense des territoires ruraux.

Bilan d’un bel hiver lent à la détente HAUT-DOUBS Un chiffre d’affaires record à Métabief L’activité fut à l’image de l’enneigement avec un début de saison maussade qui s'achèvera en apothéose après les grosses chutes et le soleil de retour pour les vacances de Carnaval.

À l’heure des comptes, Oli- vier Érard et son prési- dent Christian Bouday, aux commandes du syn- dicat mixte deMétabief jusqu’en juin, ont le sourire. La saison qui s’achève restera dans les annales. “On a réalisé un chiffre d’affaires de 4,05 millions d’euros. C’est le record absolu en sachant qu’il faut prendre en compte l’augmentation des tarifs. Au niveau de la fréquentation, on est à 230000 journées skieurs. C’est très correct mais ce n’est pas le plafond historique. Au final, on a atteint les objectifs fixés en début de saison” , appré- cie Olivier Érard. Pour le directeur de la station,

les débuts furent assez labo- rieux. Jusqu’à Noël, pas de nei- ge, ni le froid permettant de lan- cer l’installation de neige de culture. La situation a fini par changer à partir du 27 décembre. “On a pu ouvrir pendant la semaine de Nouvel An et conti- nuer à travailler en janvier grâ- ce au produit neige de culture. Ce qui nous a permis par exemple de recevoir les clubs jurassiens et la clientèle des centres de vacances.” Inutile de dire avec quel soula- gement Olivier Érard et son équipe ont accueilli l’arrivée des grosses chutes de neige en février. La saison était lancée et par là même sauvée. “On a

général a remis Métabief sur les rails. Il ne faut pas s’arrêter au chiffre d’affaires. Le conseil syndical du syndicat mixte a validé la suite du programme de restructuration de la station jusqu’en 2020. On peut aussi souligner le soutien de la com- munauté de communes Mont d’Or-Deux Lacs dans cette démarche. “Je rends mon tablier très content et je suis fier de lais- ser le syndicat dans cet état-là” dit Christian Bouday. L’enthousiasme est moins mar- qué à Mouthe oùYves Maréchal reste sur un bilan plus mitigé. “On n’a pas fait la période de Noël et pour Nouvel An, c’était correct mais sans plus.” Le baro-

été agréablement surpris pen- dant la première semaine des vacances avec une fréquentation supérieure de 50 % aux prévi- sions. Ce niveau s’est maintenu ensuite avec les Parisiens et les

locaux.” Christian Bouday est très satis- fait. Il voit dans ces bons résultats l’aboutissement d’une politique d’investissement effi- cace. “Ce projet d’enneigement a don- né confiance à la sta- tion, aux commer- çants.” En reprenant la main sur la gou- vernance, le Conseil

“C’est le record absolu.”

Mouthe a retrouvé le sourire des grandes affluences en février.

mètre annonçait ensuite une tendance chaotique en janvier avec l’énorme mois de février enneigé et ensoleillé à souhait. Comme on en rêvait. “En février, c’était royal.” Mais cela suffira- t-il à compenser cette saison hivernale très irrégulière ? On sait qu’il est très difficile de com-

penser le manque à gagner des vacances de Noël. Par contre, on a revu des scènes qu’on avait presque oubliées en février avec des parkings archi-pleins.Autre point positif, les vacanciers ont bénéficié de conditions idéales. De quoi espérer les voir reve- nir.

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