La Presse Pontissalienne 184 - Février 2015

FRASNE - LEVIER

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La Presse Pontissalienne n° 184 - Février 2015

BONNEVAUX

15 années de fonctionnement

Le téléski qui rimait avec développement local L’installation du téléski de Bonnevaux marque les débuts de l’intercommunalité sur la vallée du Drugeon. Ce projet a aussi permis au village de sortir de son isolement.

L es installations ont dis- paru mais on distingue encore bien l’emprise des pistes sur cette Côte de Bonnevaux qui attirait les skieurs de Frasne bien avant qu’elle soit équipée d’un remon- te-pente. Une prédisposition en quelque sorte dont est bien conscient vers 1968 Omer Lamy, le maire de Frasne qui tara- bustait Léon Cuche son homo- logue bonnevallien, de faire quelque chose de cette Côte. “Le maire de Bonnevaux lui a répon- du favorablement mais à condi- tion que cela relève d’une démarche collective entre plu- sieurs communes” , explique Jean- Paul Lonchampt alors jeune res- taurateur à Bonnevaux. La proposition a abouti à la créa- tion du premier S.I.V.O.M. local avec Mignovillard, Bouverans, La Rivière-Drugeon, Bonnevaux. Sauf Frasne où le maire n’était pas du tout soutenu par son conseil sur ce projet. Après une étude de faisabilité, c’est l’entreprise Bourgeat d’Alonzier- la-Caille en Haute-Savoie qui est retenue pour conduire les

travaux. “Ils avaient mis au point un prototype de téléski hydrau- lique qui évitait beaucoup de pannes.” Le chantier débute avec l’ouverture des pistes et de l’emprise du téléski : soit 4 à 5 hectares de bois à couper. “Les travaux étaient programmés en novembre 1969 mais ils ont dû être reportés au printemps car il y avait déjà deux mètres de neige au sommet.” Le projet ne manquait pas d’ambition. Le téléski d’avant- garde se distinguait aussi par sa longueur : 1 km pour gravir 230 m de dénivelé. Record du

Ce qui provoque la chute de deux sapins sur le pylône du sommet. “Le choc va générer un mouve- ment du câble qui va onduler jusqu’en bas pour finir par arra- cher les deux pylônes de la gare de départ.” Saison foutue… Les réparations sont faites en 1971, l’année même où Frasne rejoint le S.I.V.O.M. Omer Lamy ayant réussi à monter une nou- velle liste favorable au projet et qui passera haut la main. Il ne restait plus qu’à résoudre la question du fonctionnement. Sur les conseils du sous-préfet de l’époque, décision est prise de créer le ski-club de Bonne- vaux avec comme président Jean-Paul Lonchampt. “On a commencé avec des bénévoles mais on s’est vite rendu compte qu’il fallait embaucher quel- qu’un, à savoir Ambroise Betti- neski. Comme il travaillait dans la maçonnerie, il était assez dis- ponible en hiver et en plus c’était un ancien très bon skieur. On a aussi recruté le père Vichet pour donner les perches.” La mise en route fut épique. Les dimanches étaient sportifs au

La petite station de Bonnevaux a ouvert ses portes en 1971 et a fonctionné durant une quinzaine d’années (photoH. Defrasne).

restaurant de la Haute-Joux où le cuisinier Jean-Paul Lon- champt était souvent dérangé pour aller régler les soucis sur les téléskis. Son épouse s’en sou- vient encore. “On a essuyé les plâtres. Il nous fallait tout apprendre.” Le grand téléski de Bonnevaux desservait trois pistes : rouge, bleue et verte. Il fonctionnera une quinzaine d’années avec des hauts et des bas. “Maurice Lagier le fonda- teur de Métabief avait constaté que l’enneigement dans le Jura suivait un cycle de trois ans avec une bonne, une mauvaise et une saison moyenne sans forcément respecter cet ordre. On retrouve ce cycle à Bonnevaux avec cinq très bonnes années, cinq autres

juste à l’équilibre et cinq autres en déficit.” Le S.I.V.O.M. a fédéré ensuite d’autres communes comme Dom- pierre-les-Tilleuls, Bulle, Cour- vières, Boujailles… Ses compé- tences se sont élargies aux ordures ménagères, à l’assainissement en préfigurant la future communauté de com- munes de la C.F.D. Le ski alpin attirait des gens du secteur mais aujourd’hui des Dijonnais qui débarquaient en gare de Fras- ne. Elle a permis aux habitants de Bonnevaux d’ouvrir des gîtes. “Avant le téléski, la population du village dégringolait, ce qui menaçait l’avenir de l’école. Ce téléski a permis à Bonnevaux de sortir de son isolement. Des

jeunes sont venus s’installer.” L’enneigement trop aléatoire dans les années quatre-vingt a fait péricliter la station aussi sous le coup de grosses remises aux normes. Les installations ont été reprises par Roland Bul- le-Piourot et son beau-frère Étienne Jouffroy qui exploitaient la station des Fourgs. De cette époque alpine, Jean-Paul Lon- champt garde de bons souve- nirs et des cauchemars avec le dameur.Une buvette avait même ouvert ses portes au pied du téléski puis la commune a construit un chalet de restau- ration, récupéré une licence IV et trouvé une gérante : Berna- dette Nicod qui a tenu cette affai- re quelques années.

massif du Jura, seu- le la télébenne de Métabief faisait mieux.Tout se pas- se bien au cours de l’année 1970 et le téléski est opéra- tionnel pour le lan- cement de la saison hivernale. La nei- ge va encore en décider autrement. 9 novembre 1970, il tombe 60 cm d’une seule traite.

“On a essuyé les plâtres.”

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