La Presse Pontissalienne 184 - Février 2015

DOSSIER

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La Presse Pontissalienne n° 184 - Février 2015

Vallorbe 320 salariés Chômage partiel en vue aux U.M.V.

Le fabricant de limes qui exporte 95 % de sa production dont la moitié en Europe va devoir trouver des sources d’économie à tous les niveaux sans aller jusqu’au plan de licenciement.

à faire des concessions vis-à-vis des clients pour conserver les parts de mar- chés. Inversement, l’entreprise comp- te renégocier les prix auprès des four- nisseurs suisses. “Notrematière première provient principalement d’Allemagne, de France et d’Italie. Mais le problème, c’est qu’on n’arrive pas à traiter direc- tement. C’est le handicap d’une entre-

L’ annonce de laBanqueNatio- nale Suisse a surpris tout sonmonde et en particulier Claude Currat le directeur général des Usines Métallurgiques de Vallorbe (U.M.V.). “En décembre, la Banque Nationale confirmait son sou- tien au franc suisse et elle a fait tout le contraire alors qu’on avait déjà pris en compte cette décision dans nos prévi- sionnels” , indique assez dépité ce diri- geant qui a le sentiment d’avoir été mené en bateau. L’envol du franc suisse est une très

mauvaise nouvelle pour l’entreprise qui produit des limes pour l’industrie forestière et des limes de précision des- tinées à l’horlogerie et la bijouterie. 93 % de la production part à l’export dont lamoitié en Europe, 25 % enAmé- rique et 25 % en Asie. “La difficulté pour nous, c’est de s’adapter à un chan- gement aussi brutal. Chaque année, on enregistre 3 à 5 % de gains de produc- tivité alors que là, il faut amortir 20 à 30 % d’un coup. Maintenant la situa- tion est là, il faut réagir.” Aux U.M.V., on est d’ores et déjà prêt

prise implantée dans un seul pays. Cela va nous inciter à réfléchir sur l’in- térêt ou pas d’une délo- calisation en sachant que cela a aussi un coût.” Toutes ces mesures ne suffiront pas à compen- ser le manque à gagner, Claude Currat devra aus- si minimiser les coûts sociaux. “On va proba-

Le fabricant de limes, leader mondial dans sa spécialité, va devoir encore gagner en compétitivité pour rester dans la course (photo D.R.).

Minimiser les coûts sociaux.

taliers. Tentant de les payer en euros ? “Non, répond le directeur général qui estime que cela “n’aurait aucun sens et serait plutôt malvenu. On n’a rien fait quand le franc suisse était à 1,60 euro.”

blement recourir au chômage partiel même s’il n’est pas question de procé- der à des licenciements dans l’immé- diat. On aura aussi quelques cas de départs en retraite anticipés.” Aux U.M.V., 63%des salariés sont fron-

Commerce Effet d’aubaine L’éclaircie avant la tempête Chez les commerçants locaux, il y a les optimistes qui savourent la situation sans trop se poser de questions et les prudents qui craignent une baisse de consommation de la clientèle frontalière. LES CONSÉQUENCES DANS LE COMMERCE

S amedi 17 janvier, trois jours après l’abandon du taux plancher, Hyper U crève le pla- fond avec un chiffre d’affaires en hausse de 30 % par rapport à un samedi de janvier. “En juillet 2011, on avait déjà vécu le même phénomène pen- dant quinze jours” , souligne David Gagnepain. Le patron d’Hyper U a notamment consta- té l’arrivée de nouveaux clients suisses qui multipliaient les demandes d’informations sur les formalités de détaxes. “Tant mieux si cela dure, sinon on se satisfait déjà que de nouveaux clients aient pu voir nos prix.” Un bon coup de pub. Et il y a matière à comparer. Car l’intérêt ne se limite pas à la viande. Les Suisses sont gagnants sur bien d’autres pro- duits avec des rapports qui peu-

vent varier de 1 à 3 en créme- rie, droguerie, parfumerie et même sur les pots de confiture. Avec les nouvelles règles de détaxe, les Suisses qui n’ont plus droit qu’à 1 kg de viande par personne ont délaissé la volaille pour la viande fraîche. Si Hyper U voit sa part de clients suisses augmenter, c’est aussi le résul- tat d’une communication sou- tenue dans les médias suisses. De manière générale, les pro- fessionnels de l’alimentaire constatent une recrudescence

robes de mariée, on affiche aus- si le sourire. “Elles étaient déjà gagnantes en temps normal et avec cette parité, elles sont sûres de trouver un prix encore plus avantageux” , précise Catherine Piralla qui tient avec sa fille Pauline le magasin Charme et Style au centre de Pontarlier. À produit similaire, la différence de prix varie de 30 % en moyen- ne. Depuis l’annonce de la B.N.S., la boutique voit sa clientèle suis- se s’envoler. “On bénéficie aus- si d’une heureuse coïncidence avec ce renchérissement qui arri- ve au début de la saison des pré- paratifs de mariage.” L’effet d’aubaine est un peu moins marqué chez d’autres commerçants. “On voit un peu plus de clients suisses mais ce n’est pas non plus le rush . À court terme, c’est une bonne nou- velle mais il faudra faire atten-

plutôt modérée mais avec un panier moyen qui tend à augmen- ter et plus de paiements en espèces depuis le 15 janvier. À la rubrique

Un bon coup de pub.

“Cela fait deux samedis qu’on ne voit que des Suisses”, souligne Cathe- rine Piralla qui tient la boutique Charme et Style avec sa fille Pauline.

estime Sylvie Dabère. La pré- sidente de Commerce Pontar- lier Centre modère aussitôt son enthousiasme. “Ce n’est pas for- cément réjouissant à moyen et plus long terme.” En fragilisant l’économie exportatrice suisse, la B.N.S. fragilise également l’emploi et donc lamain-d'œuvre frontalière. “Les Suisses repré- sentent en général moins de 5 % de la clientèle au centre-ville. On a tout intérêt à conserver des frontaliers. On n’est pas inquiet mais dans l’attente. C’est aussi le risque d’être suréquipé sur le plan commercial.” Même son de cloche à l’Entre- pôt du bricolage, une enseigne moins favorable aux achats suisses. “Ce n’est pas une ques-

tion à moyen terme au risque de licenciement des frontaliers” , confie Jean-Victor Vernier, le directeur de Décathlon. Une enseigne qui compte 30 % de Suisses. Cette clientèle appré- cierait de trouver tous les sports avec beaucoup de choix sous un même toit. Signe du changement, alors qu’on n’avait pas vu l’ombre d’un Suisse depuis l’été 2011 chez Peugeot à Pontarlier, le conces- sionnaire pontissalien a vendu trois voitures d’occasion à des familles helvètes en une après- midi. “Les Suisses profitent de l’effet de change et savent qu’ils pourront avoir une remise com- merciale qu’ils n’auront pas chez eux. Cela n’a pas eu d’impact sur les véhicules neufs. On fonc- tionne mieux avec des fronta- liers qui apprécient par exemple la nouvelle 308 et son look plus sportif” , observe Julien Vitali, responsable occasions à Peu- geot Pontarlier. La satisfaction immédiate est de mise jusqu’au centre-ville. “C’est bon pour le chiffre d’af- faires des commerçants. On retrouve de l’achat impulsif” ,

tion de prix mais comme les Suisses sont rarement proprié- taires de leur appartement ou maison, ils consomment moins de bricolage, sans compter les différences de normes en terme d’équipements” , nuance Jean- Louis Gagelin pas convaincu que ce brusque changement du taux de change soit si favorable aux commerçants français. La mesure est susceptible à ses yeux d’engendrer de l’insécuri- té de l’emploi chez les fronta- liers. “Quand on est inquiet, on restreint sa consommation. Per- sonnellement, je ne m’attends pas à progression du chiffre d’af- faires.” Attention donc à l’effet d’aubaine. F.C.

Zoom Baisse des prix à la Migros “D epuis le 15 janvier, la baisse dʼactivité se fait ressentir sur nos magasins situés en zone frontalière comme à Vallor- be, la vallée de Joux, à Rolle ou à Aigle” , admet Aurélie Murris du service communication à Migros Vaud. Des baisses de prix sont envisagées comme sur la viande ou les plats préparés.

Les Suisses profitent encore plus des différences de prix sur certains rayons comme en boucherie.

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