La Presse Pontissalienne 184 - Février 2015

DOSSIER 22

La Presse Pontissalienne n° 184 - Février 2015

Fleurier Vaucher Manufacture “Nous avons besoin de la main-d'œuvre frontalière” La confiance règne encore à Vaucher Manufacture à Fleurier, qui fabrique des mouvements haut de gamme. L’heure est à la prudence avec l’espoir que le niveau d’excellence maintienne l’activité.

V aucher manufacture fait partie du pôle horloger de la fondation de la famille Sandoz qui développe notamment lamarque Par- migiani. Ce pôle emploie 500 personnes dont 200 rattachées à la manufactu- re de mouvements. “Après le renché- rissement du franc suisse, on n’a enten- du aucune remarque, ni jalousie envers

de gamme horloger, on sait bien que le prix n’est pas l’élément déterminant de l’acte d’achat. Maintenant, il est clair que tout le monde doit faire des efforts. Il faut voir ce qui va se passer. On pour- rait répartir cette incidence entre les fabricants, les vendeurs et les distri- buteurs pour que ce ne soit pas que le consommateur qui subisse la hausse des prix.” Lui non plus n’envisage pour l’instant ni réduction du temps de travail, ni licenciements. Il rappelle aussi que d’autres phénomènes ont un impact tout aussi fort comme l’effondrement du rouble en sachant que les Russes sont de gros consommateurs demontres de luxe. Le marché chinois a connu un petit coup de mou avec les lois anti- corruption. “On se recentre sur une évo- lution plus saine mais moins porteu- se de croissance.” Est-ce à dire que l’âge d’or de l’horlo- gerie, c’est du passé ? “Je pense que l’on a vécu au-dessus de nos moyens dans un marché artificiel. Les choses redeviennent normales. L’horlogerie suisse, le Swiss Made ont toujours une réputation d’excellence. À nous de l’en- tretenir.” “Au dernier salon de Genève, je n’ai pas ressenti que le taux de parité entre nos monnaies était la pierre d’achoppement au centre

Val de Travers

Sous-traitance horlogère

Pas question de payer

les frontaliers en euros

le personnel frontalier qui représente 30 % de l’ef- fectif” , indique Jean- Daniel Dubois, le direc- teur général de Vaucher Manufacture. Lui ne fait absolument pas la différence et consi- dère que les frontaliers sont totalement assimi- lés à la main-d'œuvre régionale. “Dans le haut

“On a vécu au-dessus de nos moyens.”

Sans tomber dans le catastrophisme, la prudence est de mise chez L.T.M. S.A. à Fleurier où l’on fabrique des composants et des mouvements de haute horlogerie. Pas question non plus de toucher aux salaires des frontaliers.

F rontalier qui a monté son entreprise en Suisse en 2008, Sylvain Jacques est aujourd’hui à la tête de trois sociétés : Le Temps Manufactures S.A., Relhdis S.A. et Centagora S.A.R.L. Soit près de 80 collaborateurs dont 80 % sont des frontaliers. “C’est sûr qu’on serait gagnant de payer les frontaliers en euros. Mais ce serait prendre un bien grand risque de les voir partir alors qu’ils représentent aujourd’hui une main-d’œuvre de qualité.Àmon avis, ce n’est pas comme cela qu’on s’en sortira.Mieux vaut chercher à gagner en compétitivité, à trouver de nou- veaux marchés. C’est là que se situe pour nous le véritable challenge de demain.”

Ce chef d’entreprise ne tombe pas non plus dans l’excès de confiance. “On ressent un ralentissement mais qui ne fait que prolonger une situa- tion qui dure depuis avril 2014. Ce qui s’est passé le 15 janvier, c’est un peu la cerise sur le gâteau. Cette conjoncture nous incite à être enco- re plus prudent dans nos investis- sements.” L’heure n’est pas encore au chômage technique ni aux réduc- tions d’effectifs, du moins au cours du premier semestre 2015. Avant l’envolée du franc suisse face à l’euro, l’horlogerie suisse a subi d’autres contrecoups avec la crise en Russie, l’impact de la loi anti-cor- ruption en Chine, la crise à Hong- Kong. A contrario , elle a prospéré sur d’autres marchés comme aux

États-Unis et se maintient en Euro- pe via le tourisme. “On a fini pas redresser la barre depuis quelques années. 2015 sera plus calme. On res- te bien sûr toujours très sensible aux ventes que nos clients réalisent en sachant que le mouvement se réper- cute sur nos carnets de commande.” Au 33, rue de l’hôpital, siège de L.T.M. S.A., on suit de près le cours du franc suisse et celui de l’or. Sylvain Jacques comme d’autres professionnels fait bien la distinction entre le haut et le moyen de gamme. “Je pense qu’il peut y avoir des soucis sur le seg- ment des montres entre 1 000 et 3 000 euros. En revanche, la situation sera beaucoup plus problématique dans le secteur de la machine-outil ou des microtechniques.” Au niveau des sous-traitants horlo- gers, ceux qui n’ont qu’un seul métier seront peut-être plus exposés. L.T.M. S.A. a fait le choix de l’intégration et de se positionner sur le haut de gamme en petites et moyennes quan- tités. “On forme aujourd’hui une vraie manufacture de mouvements où 90 % des savoir-faire sont maî- trisés en interne. On n’est pas à l’abri d’annulations de commandes mais je pense qu’il est prématuré de s’af- foler.” A la baisse des salaires, il pré- férerait davantage, si la situation venait encore à se dégrader, que ses salariés fassent une ou deux heures supplémentaires par semaine pour maintenir à flot l’outil de produc- tion. “2015 sera plus calme”, annonce Sylvain Jacques qui n’envisage pourtant pas de réduction d’effectif au premier semestre.

des discussions”, note Jean-Daniel Dubois, le directeur de Vaucher Manufacture.

Crêt-du-Locle

125 salariés

Chute de commandes brutale chez F.K.G. Dentaire L’annonce de la Banque Nationale Suisse contraint les industriels suisses fortement exportateurs à renégocier les prix et trouver d’autres gains de productivité. Un nouveau challenge.

“D eux jours après l’an- nonce de la suppres- sion du taux plan- cher, on a été submergé d’appels téléphoniques. On enregistre un frein des commandes assez abrupt” ,déploreThierryRouiller, le directeur général de F.K.G. Dentaire. L’entreprise s’était déjà retrouvée dans une situa- tion identique en 2011 avec l’en- volée du franc suisse qui avait abouti au blocage du taux entre l’euro et le franc suisse. “On avait trouvé des solutions en aug- mentant la productivité.Aujour- d’hui, c’est plus compliqué car on a déjà beaucoup automatisé l’outil de production.”

L’industriel a été surpris par la rapidité de la décision tout en étant conscient et averti du côté provisoire d’une telle mesure. “On aurait préféré que cela se

95%de la production part à l’ex- port dont 30 % en Europe. “Aujourd’hui, les gens sont dans l’attente d’une décision de notre part. La situation commence à se stabiliser, on peut leur faire des propositions. On vend un consommable, ce qui nous assu- re quand même un fond de rou- lement.” Le chômage technique n’est pas encore à l’ordre du jour dans cet- te entreprise de 125 salariés où le taux de frontaliers ne dépas- se pas les 10 %. Le gros souci pour ce patron :comment va évo- luer la situation ? Bien malin qui pourra lui répondre.

fasse en deux paliers en passant d’abord par un taux à 1,10” juge le patron suisse. À la différence de la haute horloge- rie, lesmarges sont plus réduites chez les fabricants de produits dentaires qui sont donc plus impactés. Chez F.K.G. Dentaire,

Submergé d’appels télépho- niques.

“On ne sait pas si cela va durer quelques mois ou plus”, s’interroge Thierry Rouiller, directeur général de F.K.G. Dentaire.

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