La Presse Pontissalienne 183 - Janvier 2015

LA PAGE DU FRONTALIER

37 La Presse Pontissalienne n° 183 - Janvier 2015

INSOLITE

CULTURE

Rencontre

Pour animer les soirées hivernales

Quand l’hiver fut venu, le Ciné-Vallée est réapparu

Au bord du lac des Taillères, Gilles Aversenq a créé de ses propres mains un bateau-restaurant où l’on déguste des plats de la mer version méditerra- néenne. Le capitaine, un vrai loup de mer, apporte “chaleur et blagues” disent ses clients. Son bateau, c’est le plus haut de Suisse

D eux vendredis soirs par mois pendant l’hiver, la salle communale du Cerneux- Péquignot se transforme en salle de cinéma. Un moment incontournable qu’une centaine de passionnés (dont certains habi- tants du Val de Morteau) ne manqueraient pour rien au monde. Les films, pour la plu- part récents, sont projetés grâce à du maté- riel numérique. La programmation, par Cori- ne Morhan, se veut critique et à thème. La belle histoire du “Ciné-Vallée” a débuté en 1963 sous la houlette d’un artiste local : Clau- devard (alias Jean-Claude Évard). “À l’époque, le programmateur voulait promouvoir l’art cinématographique dans notre pays… C’était vu d’un œil défiant car beaucoup pensaient que c’était un communiste” , se souvient Charles- Henri Pochon, actuel président du Ciné-Val- lée. Finalement, le Ciné-club a aiguisé les consciences et attiré du monde jusqu’à l’aube du XXI ème siècle. Mais en 1999, il tire le rideau. Ce n’est pas faute de combattants mais en rai- son de la rareté des films disponibles en 16 millimètres. Mais lorsque la bise d’automne fut venue, les Cerneux-Péquignot. Cet élément de diffusion de la culture au cœur des montagnes fait le plein. Créé en 1964 puis stoppé en 1999, le ciné-club de la vallée de La Brévine projette à nouveau des films au

un passage aux Caraïbes, le voilà en Sibérie suisse. Et il aime. Il a apporté ici sa cuisi- ne qu’il mêle aux spécialités montagnardes : langoustes, bouillabaisse, saladesmaritimes, croustade de poisson, papillote de rouget, cigales de mer au pas- tis, croustillant d’écrevisse ou encore trio de poissons en croû- te. Les “matelots” de la vallée semblent avoir adopté cet hom- me qui a gardé son accent médi- terranéen. “Au départ, beaucoup n’y croyaient pas… Quelques années plus tard, je suis là. Et j’aime cet endroit et les personnes. J’ai fait de mes propres mains cet espace… Je peux dire que c’est le plus haut bateau de Suis- se” explique-t-il. “Kiki”, comme le surnomment ses clients, atti- re notamment des habitants des Gras… jusqu’au poisson- nier de Morteau. Il ne sert pas plus de 35 couverts. Mieux vaut donc réserver, notamment les soirs de week-end souvent com- plets car animés par un concert de piano. Gilles Aversenq… dans son navire bordant le lac des Taillères (où se déroule la fête du froid).

L a proue du bateau fait front aux pistes de ski de fond. L’arrière, lui, domi- ne le lac des Taillères illuminé par un soleil rasant d’un début d’hiver.À 1 000mètres d’altitude, le regard des automobilistes ou des skieurs ne peut manquer ce décor original au milieu des montagnes neuchâteloises : une ancienne auberge a été trans-

formée en bateau-restaurant. Le lieu s’intitule “Aux berges d’Estaillères”. À la barre, Gilles Aversenq, un Français du sud de la France et marin de profession.À 52 ans, l’homme est arrivé en Suisse il y a huit ans pour raisons fami- liales après avoir écumé les mers au bord notamment du Queen Mary 2 où il était cuisinier.Après

amis de la vallée se sentirent bien dépourvus : le virus du cinéma demeurait inoculé en eux. “Lors d’une réunion en 1999, j’ai, avec l’instituteur de l’époque Rodolfo Fabrizio, réuni un groupe de personnes pour relancer le ciné- club. Beaucoup de monde a suivi” relate Charles- Henri Pochon. Les bénévoles parviennent à trouver des sponsors, investissent dans du matériel. Depuis cette date, les soirées s’enchaînent. Un nouveaumatériel a été acquis. Des films sont projetés aux enfants des écoles. L’association assure le lien social dans un contexte chaleureux et convivial. Charles-Henri Pochon est à l’origine du renouveau du ciné-club : “les soirs d’hiver, on avait envie de se retrouver à nouveau”.

PROGRAMME DE JANVIER (salle communale du Cerneux-Péquignot) : 9 janvier à 19 h 30, séance suivie du souper ! “Les grandes ondes” de Lionel Baier.

23 janvier : Chico et Rita de F. Trueba et J. Mariscal Renseignements : http://www.image-magie.ch/

“Aux berges d’Estaillères” est un restaurant à la forme d’un bateau créé par un Français. Le lieu a ses fidèles.

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