La Presse Pontissalienne 182 - Décembre 2014

L’INTERVIEW DU MOIS

La Presse Pontissalienne n° 182 - Décembre 2014

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POLITIQUE

Son analyse budgétaire “Ce n’est pas le maire qui est visé, mais la gestion du maire” Le conseiller de la liste “Pontarlier Écologie” s’est clairement démarqué de la

L a Presse Pontissalienne : Lors du dernier conseil municipal,on a senti beaucoup de maîtrise de votre part dans cet exercice d’analyse budgétaire. Com- ment avez-vous préparé cette intervention ? Gérard Voinnet : La méthode est basée sur l’analyse des données, des faits. À partir de quoi on constitue un argu- mentaire qui ne porte pas sur les personnes. Ce n’est pas le maire qui est visé mais la gestion du maire. Ensuite, on conteste mais en propo- sant des choses pour éviter d’avoir à servir de caisse de résonance. L.P.P. : Par quoi commencer ? G.V. : D’abord par l’observation du compte admi- nistratif. C’est rassurant de constater qu’il n’y a plus d’emprunt toxique engagé. En 2012, pour clore un emprunt d’1,6 million d’euros, la Ville avait décidé de verser 1,4 million d’euros d’indemnités de sortie. Heureusement, ce fameux prêt arrive bientôt à terme. Il faut partir du rai- sonnement que les banques ne peuvent pas perdre d’argent et feront tôt ou tard payer l’addition. Mieux vaut donc éviter de se remettre dans ce type de situation fâcheuse en sachant que les crises financières sont de plus fortes ampleurs que les crises économiques.Au niveau du D.O.B., si l’on veut tendre vers une politique financière en bon père de famille, le groupe écologiste pré- conise des emprunts à taux fixes révisables mais pas à taux variables.Attention donc aux emprunts. L.P.P. : Vous semblez moins anxieux que le maire sur la baisse des dotations ? G.V. : Quand on prend l’ensemble des ressources, la catastrophe annoncée n’est pas là. Les 450 000 euros de dotation en moins que j’estime pour ma part à 410 000 euros portent sur la part forfaitaire de la D.G.F. (dotation globale de fonc- tionnement). Cette somme représentait 2 % des ressources réelles en 2013 et d’après les minis- tères, on sera à 1,9 % en 2015. Toujours en 2013, le montant des recettes de gestion courante s’élevait à 21,5 millions d’euros dont 6,5 millions de dotations d’État.Avec 450 000 euros en moins, on perd donc 7,45 % de l’ensemble des dotations. C’est une baisse indéniable. C’est une erreur à mon sens d’y ajouter les 230 000 euros liés au coût des rythmes scolaires car cela s’inscrit dans le cadre d’un service rendu à la population. L.P.P. : Ces pertes sont compensées ? G.V. : En partie, car face à ces dépenses, on oublie de prendre en compte les autres contributions directes. Les impôts locaux ont rapporté 630 000 euros en 2013, soit une progression de 5,13 %. On sera au même niveau d’évolution en 2014, ce qui permet d’éponger les 450 000 euros. La baisse de dotation ne met pas en péril les capacités d’investissement de la ville. Quand on prend l’ensemble des ressources, la catastrophe n’est pas là. Il n’y a donc pas lieu d’augmenter les impôts locaux L.P.P. : Comment expliquez-vous cette présentation catas- trophique du maire ? G.V. : Peut-être la crainte de ne pouvoir s’engager sur les grands projets structurants au niveau de la C.C.L. où il lui sera plus difficile d’obtenir un consensus. présentation catastrophique de Patrick Genre lors du dernier débat d’orientation budgétaire (voir article page suivante). Il pré- conise une politique énergétique plus ambitieuse pour la capitale du Haut-Doubs. Argumentaire.

“La rénovation de la maison Chevalier coûterait trop cher”, estime Gérard Voinnet qui serait partisan d’une construction neuve pour la médiathèque.

d’élément moteur vis-à-vis des autres communes et des bailleurs sociaux. C’est aussi une maniè- re de sortir de cette spirale néga- tive. Il y a des alternatives. Aujourd’hui, Patrick Genre est prêt pour faires des économies mais pas pour se lancer dans la production d’énergie. L.P.P. :Autre sujet, votre prise de posi- tion sur la crèche au marché de Noël ? G.V. : On ne doit favoriser aucun culte. Sur un marché de Noël, une crèche est un élément reli- gieux. Qu’une autorité publique en installe une, c’est cela qui me dérange. L.P.P. : Le groupe “Pontarlier Écologie” n’a rien à voir avec Europe Écologie- Les Verts ? G.V. : Tout à fait, et je me bats

ment elles peuvent faire des économies. Pon- tarlier a la chance d’avoir une vraie dynamique associative. Attention à ne pas gripper cette for- ce. La Ville doit continuer à assurer un soutien logistique. Je ne suis pas opposé aux change- ments mais dans la mesure où ils sont effectués dans la concertation. L.P.P. : Vous prônez une politique énergétique plus ambi- tieuse. En quoi consiste ce challenge ? G.V. : On approuve les économies d’énergie pro- posées par le maire. Cette source d’économie par- ticipe à la lutte contre le réchauffement clima- tique. Socialement, ce n’est pas une mauvaise idée. Plutôt que de rénover pour faire des bâti- ments à énergie passive, on propose d’aller jus- qu’à l’énergie positive. Pour l’instant, c’est enco- re plus rentable de vendre de l’énergie que d’en racheter. Profitons de cette opportunité. On pour- rait l’expérimenter dans la rénovation des Capu- cins. Il ne s’agit pas non plus de faire de la vil- le une centrale d’énergie. Ce travail qui s’organise sur plusieurs années permettra au final de com- penser les pertes de recettes. Il ne s’agit pas non plus de se montrer dépensier. Dans les moyens d’investissement, on consacrerait 2 millions d’euros sur les 4 millions de fonctionnement sur des opérations énergétiques. En se lançant dans une telle politique, la commune peut servir

G.V. : La rénovation de la maison Chevalier coû- terait trop cher. Il nous semble plus pertinent de remettre ce bien à l’habitation avec une mixi- té de logements, quelques commerces, tout en valorisant le jardin. L’opération ne serait pas si onéreuse si l’on implique les opérateurs immo- biliers.

“La catastrophe annoncée n’est pas là.”

L.P.P. :Revenons sur les mesures annon- cées au D.O.B., vous semblez sceptique sur la course à la mutualisation ? G.V. : Je ne suis pas contre, mais en faisant attention de ne pas aller jusqu’au point de rupture dans le seul but de diminuer la masse salariale. Je suis d’accord pour revoir le fonctionnement des services mais dans une démarche participative en essayant d’impliquer le person- nel. L.P.P. :Vous émettez aussi des craintes sur la politique associative ? G.V. : Quand le maire indique qu’il faut responsabiliser les associa- tions, je pense que ce n’est pas du tout le bon terme. Il vaudrait mieux leur demander de voir com-

“Qu’une autorité publique installe une crèche, ça me dérange.”

pour éviter la confusion. Personnellement, je suis toujours adhérent à un parti de gauche. C’est en tant qu’écologistes de gauche qu’on a monté cet- te liste composée de citoyens de sensibilité poli- tique diverse. Propos recueillis par T.C.

L.P.P. : Votre sentiment sur la médiathèque ?

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